Le magazine Le Point, dans son numéro du jeudi 31 août 2006, a publié une carte de France des 450 établissements scolaires les plus violents. Cette étude s’appuie sur des informations recueillies par le Ministère de l’Education nationale à travers une base de données, le système Signa, mis en place en 2001, qui invite les chefs d’établissement à signaler les actes de violence. Il a fallu au Point près de dix-huit mois de bataille juridique acharné pour obtenir ces données informatiques.
L’hebdomadaire a classé, pour l’année scolaire 2005/2006, les 450 collèges, lycées classiques et lycées professionnels les plus violents : le collège Las Cazes de Montpellier qui comptabilise 253 actes de violence se révèle ainsi le plus dangereux (1). Sur la France entière ce sont environ 10 % des établissements qui regroupent l’essentiel des problèmes.
Nous avons bien entendu examiné ces cartes avec attention pour repérer les éventuels établissements qui sont dans notre environnement immédiat. Aucune mention des lycées, des collèges (22 collèges en Ile-de-France) que fréquentent nos enfants. Le lycée professionnel commercial Colbert de La Celle-Saint-Cloud est le seul établissement qui apparaisse sur cette liste noire : 44 actes de violence y ont été recensés durant l’année scolaire.
Quelques bémols à cette enquête (signalés par Le Point) :
- en Seine Saint-Denis, 23 % des établissements scolaires ne remplissent pas Signa contre 6 % au niveau national ; on s’arrange donc avec les statistiques ;
- les établissements privés sous contrat n’entreront leurs données dans Signa qu’à compter du 1er janvier prochain.
Aussitôt publiée, l’étude a fait l’objet d’une intense polémique. C’est ainsi que le syndicat majoritaire des chefs d’établissement a appelé les principaux et proviseurs à ne plus renseigner les enquêtes de l’Education nationale. Les autres syndicats dont le Snes ne sont pas en reste pour critiquer cette publication. On se retrouve là devant un « classique » du débat en France. Au lieu d’améliorer la qualité du thermomètre, on préfère le casser (2)
(1) La base ne comptabilise que les faits les plus graves afin d’éviter qu’on ne confonde le chahut d’une classe et les actes les plus violents. Il s’agit donc des évènements dont la « qualification pénale est évidente », ceux qui ont fait « l’objet d’un signalement à la police, à la justice ou aux services sociaux » ou qui ont eu « un retentissement important dans la communauté éducative ». Les incivilités sont exclues du champ de l’enquête.
(2) Depuis quelques années, Le Point publie régulièrement le classement des meilleurs établissements de santé. Là aussi, la polémique a fait rage au début pour s’apaiser par la suite. On peut espérer la même chose pour le classement sur les violences scolaires bien que « le milieu » enseignant soit particulièrement conservateur en matière de transparence et de changement.
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