Le budget 2009 de Louveciennes, voté en mars dernier, était placé sous le signe de la rigueur : pause des investissements, resserrement des dépenses de fonctionnement, augmentation des impôts locaux.
L’annonce en mai de la cession de 40 logements sociaux (Les Gauthiers) appartenant à la commune – et dont nous avons largement rendu compte - va donner aux finances de Louveciennes une véritable bouffée d’oxygène dont elle avait grandement besoin.
Louveciennes est une commune très endettée. Le montant de ses dettes est de 17,018 millions € au 1er janvier 2009. Son ratio « encours de la dette/population » s’élève à 2 132 € par habitant et la situe en tête des communes endettées des Yvelines (1).
Avec la cession de ces logements, la commune va ainsi encaisser une somme nette de 3,940 millions € (2).
Au cours de la réunion du conseil municipal du 7 mai 2009, un débat intéressant s’est noué autour de ce qu’on peut appeler « la cagnotte » : il y a ceux qui souhaitent profiter de cette rentrée exceptionnelle pour se désendetter la commune, il y a ceux au contraire qui penchent pour la réalisation d’investissements structurants.
Nous avons demandé à Pierre-François Viard et Jean-Philippe Schweitzer (Osons), partisans de la première thèse et à Pascal Leprêtre et Jean-Marie Piduch (Louveciennes-Ensemble), partisans de la seconde thèse de nous développer leurs arguments.
Pour le désendettement
Pierre-François Viard et Jean-Philippe Schweitzer (Osons), dans un style souvent imagé et parfois polémique, estiment que « les faits et les chiffres sont têtus. » Ils s’interrogent sur « la vente précipitée de ces « bijoux de famille » alors que le budget avait déjà été voté deux mois auparavant avec un nouvel emprunt de 520 000 € et une augmentation des impôts de 4 %. »
Pour eux « Une analyse objective de la situation montre que cette soi-disant cagnotte va fondre comme neige au soleil et doit servir majoritairement à combler deux gros déficits de trésorerie que Monsieur le Maire n’a pas provisionnés et dont nous l’avons mis en garde à de nombreuses reprises :
- le non-versement de la 2éme tranche de la taxe locale d’équipement (TLE) due au titre de Villevert (ex Bull ) par la société « Louveciennes-Développement « pour lequel un emprunt a été souscrit fin 2008 ;
- la demande de remboursement de la 1ère tranche ;
soit au total 3 200 000 €.
Il restera environ 700 000 € qui devraient nous permettre d’éviter, s’il n’a déjà été souscrit, le nouveau prêt de 520 000 € et les intérêts qui lui seront liés. »
Pierre-François Viard et Jean-Philippe Schweitzer se font ensuite plus critiques en estimant que « La gestion au fil de l’eau ne tient pas lieu de politique ».
« L’équipe municipale, par manque de courage politique minimal consistant à dire clairement aux Louveciennois que « les caisses sont vides » et qu’il faudra augmenter les impôts dans de fortes proportions ou réduire drastiquement les dépenses, préfère une politique de l’autruche ou pire encore de Gribouille qui se plongeait la tête dans la rivière pour éviter la pluie….
L’exemple de la vente des logements sociaux montre que l’on se contente de « boucher les trous », les produits des ventes étant déjà consommés par avance.
Ce qui est vrai, hélas, sur le cas de la TLE l’est également en matière d’emprunts : la municipalité est contrainte d’emprunter pour assumer la charge des intérêts des emprunts passés au lieu de tirer parti de la baisse historique des taux pour renégocier d’arrache-pieds les conditions avec les banques.
Les taux, avec une reprise attendue de la croissance ne demeureront pas à ce niveau et la situation des banques les place en situation, non de faiblesse mais à tout le moins de réceptivité à l’égard de leurs débiteurs.
Les remboursements anticipés ne sont plus pénalisés et les rééchelonnements sont légions. Il est, dans ces conditions privilégiées, coupable de ne pas désendetter la commune de manière importante.
A cette vision stratégique qui rendrait des marges de manœuvre à la politique municipale, la Mairie substitue un « le jour, le jour » coupable. »
Et de terminer sur un conseil, qui sera diversement apprécié. Ils disent qu’il faut « assainir nos finances et ne pas vivre d’expédients… en se souvenant que les ventes de biens immobiliers ne sont qu’un fusil à un coup.
Louveciennes les multiplie et les utilise en vain pour ramener du garenne et peu de sangliers… »
Pour des investissements structurants
Pascal Leprêtre et Jean-Marie Piduch, rappellent que « lors de l'intervention du groupe Louveciennes Ensemble relative à la vente des logements sociaux des Gauthiers, nous avons exprimé le souhait que le produit de la vente de ces immeubles aille en partie à de l'investissement et plus particulièrement à des investissements structurants pour notre ville, autrement dit pas dans de la réfection de voirie, ni dans l'installation de lampadaires de style...
Nous pensions particulièrement à des investissements dans des structures de services publics locaux qui sont aujourd'hui en nombre insuffisant à Louveciennes ; par exemple à la construction d'un centre médical permettant l'implantation de services et spécialités non disponibles à Louveciennes aujourd'hui, tels que laboratoire d'analyses médicales, pédiatre, dermatologue, ophtalmologiste, gynécologue, ORL, radiologue...
Nous estimons également qu'une nouvelle crèche est indispensable et urgente compte tenu de l'enlisement du dossier du centre multi-accueil.
Par ailleurs, il faut également investir pour dynamiser le commerce local et l'attractivité du centre-ville.
Nous proposons l'aménagement d'un centre commercial et d'un parking souterrain associé (plus des logements) au centre ville. Plusieurs sites pourraient être envisagés comme le parking Leclerc ou les anciens tennis rue de Voisins. »
Pascal Leprêtre précise que son groupe défendra ces projets à l'occasion de la procédure d'élaboration du PLU.
Propos d’étape
A ce stade, nous ne trancherons pas entre les deux thèses défendues ici.
Elles relèvent de deux visions politiques différentes, pour les uns, la dépense est à privilégier car elles permet de répondre à des besoins jugés prioritaires, pour les autres l’endettement excessif constitue une menace rognant les marges de manœuvre pour le futur.
Un autre clivage apparaît ; il y a ceux qui ne se refusent pas d’avoir recours à des augmentations d’impôts (accompagnées des dégrèvements pour les catégories défavorisées), il y a ceux qui souhaitent une gestion plus rigoureuse pour éviter un dérapage des prélèvements fiscaux sur les ménages qui assument cette charge.
***
Le dossier ne serait pas complet si nous n’avions pas recueilli l’analyse et les orientations dessinées par le maire de Louveciennes, André Vanhollebeke, qui avec la majorité municipale, dispose du choix de la politique et des moyens qui seront suivis.
Voir le prochain article
(1) Ce ratio « encours de la dette/population figure en annexe du compte administratif 2008 de la commune. A titre de comparaison, le ratio moyen pour les communes du département des Yvelines (appartenant à la même strate des communes entre 5 000 et 10 000 habitants) est de
1 021 € par habitant ; le ratio est de 262 € par habitant pour Bougival, ce qui est particulièrement faible. Il est vrai que Bougival présente des retards en matière d’investissements.
Pour plus d’informations sur les données chiffrées des communes françaises, on consultera : http://www.colloc.bercy.gouv.fr/
(2) Les 40 logements sociaux (Les Gauthiers) ont été cédés au bailleur social 3 F pour une somme de 4 600 000 € . De cette somme, il convient de déduire 600 000 € pour rupture du bail signé entre la SAEMLH et 60 000 € d’indemnité de résiliation de mise à disposition d’une parcelle communale.
A noter que la commune est actionnaire majoritaire de la SAEHML à qui elle avait donné la gestion du parc immobilier par le biais d’un bail emphytéotique.
Pour plus de précisions, voir notre article du 11 mai 2009 « Une véritable bouffée d’oxygène».
Bonjour,
Il me semble que le niveau d'endettement de la commune aurait du plaider pour le désendettement. Faut-il envisager la construction d'un centre médical? Il en existe un à Bougival.
Une municipalité est-elle en charge de devoir developper un centre commercial? Les élus ont fait leurs choix politiques ( dans le bon sens du terme ) et revenir dessus n'est pas constructif; le débat c'est avant pas après.
P.Quincerot
Rédigé par : Quincerot Pierre | 18 juillet 2009 à 10:33
les propositions de messieurs Leprêtre et Piduch sont d'un ringard, un centre commercial, un centre médical et ils appellent ca des investissements structurants. Oui des nids à déficits, à subventions !
Ils nous auraient parlé d'économie numérique, de très haut débit, et pourquoi pas de centre numérique public,on aurait salué mais les socialistes m&anquent d'idées neuves non seulement au niveau national mais également à Louveciennes !!
Rédigé par : Pierre | 18 juillet 2009 à 12:36
Commentaire à propos de l’installation d’un centre médical
La proposition de Pascal Leprêtre et de Jean-Marie Piduch d’installer à Louveciennes « un centre médical permettant l'implantation de services et spécialités non disponibles aujourd'hui, tels que laboratoire d'analyses médicales, pédiatre, dermatologue, ophtalmologiste, gynécologue, ORL, radiologue... » ne paraît pas totalement convaincante.
Elle semble postuler que nous vivons dans un véritable désert médical, un village gaulois totalement isolé, entouré de forêts profondes comme celui d’Astérix.
Or toutes les spécialités manquantes à Louveciennes se trouvent à proximité et elles satisfont nous semble-t-il aux critère de qualité. C’est ainsi qu’il y a de bons ophtalmos à la Celle Saint-Cloud ou à Garches (face à la gare), un laboratoire d’analyses médicales efficace à la Celle Saint-Cloud, des rhumatologues compétents à Chatou,… sans oublier tous ces médecins spécialistes attachés à l’hôpital Mignot du Chesnay, à la clinique de l’Europe… sans parler de tous les éminents professeurs de Paris.
Certes il faut se déplacer en train ou en voiture pour les consulter… Mais ce n’est pas nécessairement plus long que pour atteindre la place de l’église en partant du Bas du Prunay….
Soucieux des personnes à revenus modestes ou à mobilité réduite, on peut se dire que celles-ci n’ont pas les moyens de se déplacer en voiture. C’est vrai. On peut penser cependant que les quelques personnes de Louveciennes qui sont dans ce cas peuvent bénéficier de la solidarité de leurs voisins pour les conduire auprès des spécialistes opérant hors de Louveciennes ou celle, financière, de la Sécurité sociale dans les cas les plus difficiles (taxi, ambulance).
Le point de vue que nous venons de développer n’est pas nécessairement partagé. Faites-nous part de votre avis.
François Kremper – La rédaction
Rédigé par : La rédaction | 19 août 2009 à 16:14
Je suis d'accord avec ce qui vient d'être écrit sauf peut être en ce qui concerne le laboratoire d'analyses médicales qui nous fait défaut depuis la fermeture de celui qui était installé au centre commercial des clos.
Il me paraîtrait en revanche utile que nos 5 médecins généralistes se concertent pour qu'il y en ait un d'eux présent en alternance pendant les vacances et que tout ne repose pas sur les épaules d'un seul médecin remplaçant.
Mais dans ce cas, la commune ne peut rien faire !
Rédigé par : Véronique | 19 août 2009 à 19:11