Louveciennes s’est engagée dans une grande réflexion sur son avenir dans le cadre de l’élaboration de son Plan local d’urbanisme (PLU).
Petite ville de 7 400 habitants, elle tient à son identité et défend ses compétences propres.
Sans les nier, Louveciennes fait cependant partie d’une agglomération de 11 millions d’habitants, et il faut bien reconnaître qu’elle ne constitue pas le périmètre pertinent pour des questions aussi essentielles que les transports, l’emploi et dans une certaine mesure les logements.
Dans ces conditions, les habitants de Louveciennes ne sauraient évidemment se désintéresser de ce qui se passe à une échelle plus vaste. Et là on peut dire que ça bouge.
On a en effet assisté au cours des derniers mois à un véritable feu d’artifice d’études, de discours de déclarations, qui tournent autour du concept de « Grand Paris ».
Le rapport Balladur (1), la vision prospective et stimulante de 10 architectes-vedettes (2), le discours très œcuménique de Nicolas Sarkozy du 29 avril 2009 (3) constituent des pièces importantes à verser au débat avant les décisions qui seront être prises dans les prochains mois.
On n’oubliera pas d’y ajouter, le Schéma directeur de la région parisienne (SDRIF) (4) porté par Jean-Paul Huchon et sa majorité régionale et la structure d’étude « Paris-Métropole » (5) à l’initiative de Bertrand Delanoë.
« Je ne connais aucune grande ville où le cœur soit à ce point détaché de ses membres » constate le grand architecte britannique Richard Rogers à propos de la métropole parisienne.
En effet, lorsqu’on compare la ville de Paris avec les grandes métropoles européennes ou mondiales, un fait s’impose, Paris est administrativement un petit poucet.
Paris c’est 2 millions d’habitants sur une surface de 100 km2.
A Londres, la Greater London Authority gère 1 580 km2 divisé en 5 boroughs et abrite plus de 8 millions d’habitants.
Le Grand Berlin se développe sur 892 km2 pour 3,4 millions d’habitants avec des zones urbanisées mais également une profusion de lacs, de forêts.
Shanghaï gère une région qui fait 16 millions d’habitants et rassemble vingt districts. On trouve dans ces districts, des noyaux urbanisés qui abritent des universités, des pôles techniques, des villes nouvelles, l’aéroport ainsi que des territoires à vocation agricole.
On voit bien qu’en taille, la seule comparaison qui vaille est celle de la région Ile-de-France qui est peuplée de 11,5 millions d’habitants sur une surface de quelque 12 000 km2. La réalité du pouvoir est cependant entre les mains de 8 départements, de1 281 communes et de 106 groupements de communes à fiscalité propre, et dans certains domaines circonscrits, à la région Ile-de-France.
Le diagnostic qui figure dans le rapport Balladur est admis par la majorité des élus et des experts :
« Si l’on compare la situation de l’aire urbaine à celle du grand Londres ou celle du Berlin, on est frappé de constater l’empilement des structures, le grand nombre des instances délibérantes, et l’insuffisance, à des degrés variables, de la coordination au sein de cet ensemble dans des domaines aussi cruciaux pour la population et les entreprises que ceux du logement, des transports, de l’urbanisme et de l’attractivité économique.»
Sur les solutions, les avis sont en revanche assez divergents.
Dans son rapport, Edouard Balladur préconise la création d'une collectivité de 6 millions d'habitants qui se substituerait aux conseils généraux de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne) et Paris.
Cette proposition a été largement décriée à gauche : par les trois présidents des départements de gauche et par Bertrand Delanoë, maire de Paris qui a parlé de « mécano anachronique ».
Des réserves ont également été émises à droite notamment par Patrick Devedjian, patron UMP des Hauts-de-Seine et par Valérie Pécresse,
Louveciennes dans le scénario Balladur ne serait pas dans le périmètre du Grand Paris dont la frontière s’arrêterait aux limites de Vaucresson et de Rueil-Malmaison. Frontière administrative bien évidemment car sur le terrain on observe aucune discontinuité urbaine.
Nicolas Sarkozy dans son discours du 29 avril s’écarte de cette vision étriquée du Grand Paris comme on le verra dans le second article de cette série. Sur le plan économique, il voit d’ailleurs le Grand Paris se prolonger jusqu’à la ville du Havre (…).
Et prudemment il a indiqué que « Nos successeurs réfléchirons à la question de la gouvernance. »
Références
La photo de la première page est issue du rapport du cabinet allemand Lin Finn Geipel dont nous avons particulièrement aimé le travail. Leur projet comporte un développement urbain combinant de «denses agglomérations avec des espaces de moindre intensité, paysagers et flexibles».
La seconde photo est due au cabinet d’Antoine Grumbach et illustre l’idée du Grand Paris prolongé son grand port, Le Havre.
(1) Comité pour la réforme des collectivités locales présidé par Edouard Balladur – « Il est temps de décider » Rapport au Président de la République – Fayard/La documentation française – mars 2009 - 290 pages
(2) Les travaux des dix équipes internationales et pluridisciplinaires (architectes, urbanistes) sélectionnées pour concevoir, à la demande de Nicola Sarkozy, l'avenir de la métropole parisienne, sont exposés depuis le 30 avril jusqu’au 22 novembre 2009 à la Cité de l’architecture et du Patrimoine, au Palais de Chaillot, à Paris.
Parmi ces équipes, des stars de l’architecture : Richard Rogers, Winy Maas, Jean Nouvel, Christian de Portzamparc, Antoine Grumbach, Roland Castro, Bernardo Secchi, Yves Lion,...
Un très bel ouvrage publié par les éditions du Moniteur est disponible sous le titre « LE GRAND PARI (S) - Consultation internationale sur l’avenir de la métropole parisienne
(3) La vidéo du discours de Nicolas Sarkozy est accessible par le lien suivant :
http://www.elysee.fr/webtv/discours-france/discours-de-m-le-president-de-la-republique-a-la-cite-de-l-architecture-et-du-patrimoine-sur-le-grand-paris-video-3-1140.html
(4) Le schéma directeur de la région parisienne (SDRIF) a été adopté par la majorité du Conseil régional d’Ile-de-France dirigée par Jean-Paul Huchon (PS) lors de l'assemblée régionale le 25 septembre 2008.
À partir d’une vision stratégique à 20 ans du développement de la région, le SDRIF comporte des choix d’organisation de l’espace régional pour résoudre la crise du logement, développer les transports publics, accompagner de nouveaux pôles de développement et d’emplois, préserver l’environnement et améliorer les cadre de vie.
La prochaine étape décisive sera l’approbation du document par l’État sous la forme d’un décret en Conseil d’État. Ceci suppose un compromis entre l’exécutif de la Région (dirigée par le PS) et le gouvernement (de droite).
(5) Paris-métropole est un syndicat d’études qui regroupe pour le moment 93 collectivités franciliennes dont Paris (collectivités situées majoritairement à gauche).