Le 17 décembre dernier, le Sous-préfet de Saint-Germain-en-Laye, Yannick Imbert, a suscité, d’une manière inattendue, une réunion avec l’ensemble du conseil municipal de Louveciennes (mais sans la présence du public) pour souhaiter que, dans le prochain Plan local d’urbanisme (PLU), des logements soient prévus sur le site de Villevert (1).
N’ayant pas assisté à la réunion, ne disposant pas de son verbatim (mot à mot), nous n’avons pas la prétention de décrire ici ni l’atmosphère, ni le détail des interventions des uns et des autres. Nous nous sommes simplement efforcés de faire émerger les arguments développés au cours de cette réunion, tels que nous avons pu les connaître.
L’analyse du sous-préfet est la suivante. Compte tenu de son emplacement exceptionnel, de sa taille conséquente, le terrain de Villevert a vocation à accueillir une activité mixte comprenant des bureaux, des commerces mais aussi des logements dont les besoins sont importants en Région parisienne. Il a par conséquent demandé à l’équipe municipale de travailler sur un projet raisonnablement équilibré comportant des logements. Il a constaté, en se tenant au courant des travaux sur le PLU, que la question de leur implantation à Villevert était écartée de la réflexion (2).
Le débat qui s’en est suivi
On sait que le maire et la municipalité de Louveciennes se sont refusés jusqu’à présent de prévoir dans le futur PLU la construction de logements sur le site de Villevert marquant leur préférence pour un site dédié à des activités économiques.
Les arguments de la municipalité avancés au cours du débat peuvent être résumés comme suit :
- la construction de logements n’est pas réaliste si on veut bien examiner les différentes hypothèses théoriquement envisageables (300, 600, 1 000 logements),
- la construction de logements sur un site excentré entraîne un risque de ghetto et est incompatible avec l’identité de notre commune,
- le site de Villevert constitue une opportunité unique pour développer une activité économique créatrice d’emplois qui font actuellement défauts à Louveciennes.
Les élus de « Louveciennes-Ensemble/PS rejoignent la position de la municipalité car ils ne sont pas non plus favorables à la construction de logements sociaux sur un terrain isolé comme le site de Villevert. Ils sont convaincus de sa vocation économique et défendent la création d’un pôle d’excellence tourné vers l’écologie et le développement durable.
En revanche, les élus d’Osons qui ont toujours milité pour la construction d’habitations à Villevert se sont trouvés confortés par les propos du sous-préfet.
Arguments en défense de la municipalité
Sont principalement intervenus comme représentants de la municipalité Anne Pozzo-Deschanel, maire–adjoint chargé de l’urbanisme, Marianne Merlino, maire-adjoint, chargé des affaires sociales, Philippe Chrétien, conseiller municipal chargé des affaires économiques, Stéphane Pihier, maire adjoint chargé de l’environnement.
Parmi les arguments utilisés pour fonder la position de la municipalité, on retiendra les suivants :
* Construire des logements à Villevert n’est pas réaliste.
La municipalité a étudié trois hypothèses en terme de quantité de logements pour finalement les rejeter.
Construire 300 logements : ce chiffre correspond aux logements sociaux manquants mais ceci conduirait à créer un ghetto. L’équipe municipale préconise la mixité au sein du tissu urbain existant par la réalisation de petits programmes répartis sur le territoire actuellement urbanisé, gage d’une bonne intégration.
Construire 600 logements : cette hypothèse - qui avait été évoquée par un représentant de la sous-préfecture - paraît également irréaliste puisque ces 600 logements ne représentent pas la taille critique qui permettrait la réalisation des services et équipements publics corollaires à la vie de tous les jours des familles.
Construire 1 000 logements représenterait un apport d’environ 3 000 habitants ce qui ne correspond pas aux vœux des Louveciennois et est incompatible avec l’identité de la commune.
* Implanter des logements à Villevert est incompatible avec l’identité de Louveciennes.
Les élus de la majorité ont beaucoup insisté sur l’identité de la commune et de l’éloignement de Villevert par rapport au centre du village. Pour eux on imagine mal en effet imposer aux familles habitant Louveciennes des déplacements continuels vers le centre de la ville pour rejoindre les commodités existantes.
* Le site de Villevert constitue une opportunité unique pour y développer l’activité économique.
Le site de Villevert du temps de Bull était un pôle d’emploi de 3 000 personnes. Actuellement, Louveciennes présente un sérieux déficit en termes d’emplois comme le montre les derniers chiffres du recensement. Le site de Villevert constitue une réelle opportunité qu’il ne faut pas rater pour l’implantation de bureaux mais également des commerces et ceci non seulement pour Louveciennes mais également pour la Communauté des Coteaux de Seine (que nous formons avec Bougival et La Celle Saint-Cloud).
* L’urbanisme relève de la responsabilité des communes.
Les intervenants de la majorité ont également rappelé avec force au sous-préfet que la commune avait la primauté dans la gestion de son territoire. Le code de l’urbanisme notamment prévoit que la commune a le choix de la localisation de ses futurs logements.
La liste Louveciennes-Ensemble/PS soutient la position de la municipalité
Pascal Leprêtre, conseiller municipal d’opposition dans une longue déclaration (3) a rejoint la position de l’équipe municipale sur l’avenir de Villevert.
Après s’être posé comme un ardent défenseur d’une politique active en faveur de la construction de logements sociaux à Louveciennes – offre qu’il convient d’augmenter rapidement pour atteindre les 20 % imposés par la loi SRU – Pascal Leprêtre a indiqué que son groupe n’était pas favorable à la construction de logements sociaux sur un terrain isolé comme le site de Villevert. Une telle solution obligerait en effet à construire un très grand nombre de logements pour, d’une part atteindre la taille critique justifiant l’implantation des équipements publics et commerciaux indispensables à la vie d’un quartier périphérique éloigné du centre de notre commune, et d’autre part assurer une réelle mixité sociale. De plus, un tel projet serait en contradiction avec les dispositions de la loi sur la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, qui demande notamment de lutter contre l’étalement urbain.
S’agissant du devenir du site de Villevert, son groupe est convaincu de sa vocation économique. Il défend, en partenariat avec la Région, la création d’un pôle d’excellence tourné vers l’écologie et le développement durable pouvant inclure par exemple un centre de recherche des nouvelles technologies qui pourrait être en liaison avec l’université de St Quentin en Yvelines, une zone d’activités tournée vers ce secteur et l’installation d’un centre de formation aux métiers liés à l’environnement.
Osons réitère sa proposition de construire des logements sur le site de Villevert.
Les élus d’ « Osons le dynamisme », par la voix de Christine Roumilhac et Pierre-François Viard, plaident en faveur d’un projet mixte intégrant des logements et proposent d’en faire « un éco-quartier ». Ce choix doit permettre de :
- préserver l’environnement dans le périmètre actuel de la ville (et éviter les projets de bétonnage),
- laisser le choix aux Louveciennois du devenir de ce terrain dans le cadre de son PLU,
- attirer des investisseurs afin de démarrer un projet.
Les élus d’Osons se sont félicités que le débat sur cette question importante soit enfin ouvert, débat qui leur a été refusé jusqu’à présent par le maire.
Les réponses du Sous-préfet
Le Sous-préfet a répondu aux divers arguments qui lui ont été opposés.
S’agissant des différentes hypothèses de logements à construire sur le site (de 300 à 1000) et que la municipalité rejette, il l’encourage au contraire à approfondir la réflexion de manière à obtenir un projet équilibré (une densification moindre dans le périmètre actuel de la ville sans pour autant créer un ghetto aux portes de Louveciennes).
Concernant la nécessité de créer des emplois, il observe que le site est vide depuis longtemps et que l’installation d’une entreprise unique (comme Canal Plus) est peu réaliste.
Pour ce qui est de l’identité de la commune, elle ne lui paraît pas menacée par l’implantation de logements à Villeverrt. Il convient de ne pas avoir une vision trop étroite au risque de s’isoler.
Il n’adhère pas non plus à l’idée de faire de Villevert un « éco-quartier », seul le projet de Chanteloup-les-Vignes dans notre département sera encouragé par l’Etat.
Il exprime enfin sa conviction qu’avec un bon cahier des charges comprenant des logements, des investisseurs seront intéressés.
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Au cours de la séance du conseil municipal qui a suivi, André Vanhollebeke, maire de Louveciennes, a indiqué que le groupe de la majorité allait se réunir pour tirer tous les enseignements de cette réunion avec le sous-préfet.
Quant à vous, amis lecteurs, nous vous proposons d’apporter votre contribution au débat en postant un commentaire.
(1) Le sous-préfet était accompagné par Denis Trinquesse, chef du Service territorial d’aménagement de Saint-Germain-en-Laye.
(2) Le sous-préfet avait déjà fait connaître à l’occasion d’un courrier adressé au maire le 30 octobre 2009 (dans le jargon administratif, « un porté à connaissance ») son souhait de voir exploré « l’opportunité » de construire des logements sur le site de Villevert.
(3) Le texte complet de l’intervention de Pascal Leprêtre est disponible sur le site de Louveciennes-Ensemble
http://louveciennes.over-blog.org/article-intervention-de-pascal-lepretre-lors-de-la-rencontre-avec-le-sous-prefet-de-st-germain-en-laye-du-17-decembre-2009-41446652.html
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