La parole est aux groupes d’opposition
Dans le précédent article nous avions publié les grandes lignes du PADD de Louveciennes telles qu’elles ont été présentées au cours de la séance du conseil municipal du 15 avril 2010 par Anne-Laure Pozzo Deschanel, maire-adjoint chargé de l’urbanisme.
Tour à tour, les représentants des groupes d’opposition, Jean-Marie Piduch pour « Louveciennes Ensemble/PS » et Pierre-François Viard pour « Osons le dynamisme pour Louveciennes » ont développé leurs arguments dans des discours préparés avec soin.
Un débat a suivi, au départ policé, un peu plus « viril » à la fin.
Quelques épines, des propositions
Jean-Marie Piduch (Louveciennes Ensemble/PS), dans sa longue intervention estime tout d’abord que « le PADD a été élaboré suite à un diagnostic sévère de la politique communale menée à Louveciennes depuis plus de vingt ans. Cette politique, votre politique M. le Maire, puisque vous avez largement contribué à sa mise en œuvre, en tant qu’adjoint de M. Lequiller puis en tant que maire, a jusqu’à présent été synonyme d’immobilisme et de conservatisme. Le diagnostic du PLU souligne votre importante responsabilité dans la perte d’activité économique et le déséquilibre emploi/habitat qui en résulte ainsi que dans une offre de logement inadaptée aux personnes et aux ménages disposant des revenus les plus faibles, puisqu’il n’y a à ce jour, que 12% de logements dits sociaux à Louveciennes, contre 20% exigés par la loi SRU promulguée, rappelons-le, en décembre 2000. »
Au-delà de cette analyse, son groupe fait un certain nombre de propositions.
Sur le développement économique « nous demandons que soit clairement précisé dans le PADD que le développement économique de la zone de Villevert soit mené en coopération avec nos partenaires de la Communauté de communes des Coteaux de Seine. »
Sur le logement, « nous sommes favorables à la proposition du PADD de construire les logements sociaux manquants dans le tissu urbain existant. Nous souhaitons que la construction des logements sociaux soit accélérée afin d’atteindre au plus vite les 20% exigés par la loi et, au-delà, le taux de 30% que le Président du conseil régional souhaite voir atteindre dans les communes franciliennes» A l’intention de ceux qui s’inquiètent du risque d’expansion démographique de Louveciennes, Jean-Marie Piduch estime qu’il « est tout à fait possible d’avoir une population cible ne dépassant pas 9 000 habitants. Il suffit pour cela de ne pas construire les 237 logements du secteur privé prévus pour conserver la mixité sociale. Ces logements ne sont pas nécessaires, et nous dirons plutôt qu’ils sont destinés à maintenir le déséquilibre sociologique actuel de notre commune entre les catégories aisées et les autres. »
Sur les zones constructibles, Jean-Marie Piduch s’inquiète du devenir du terrain du secteur du quai de Conti qui appartient à BNP/Paribas ; « nous souhaitons que l’urbanisation du terrain ne soit pas une opportunité pour le groupe BNP/Paribas de réaliser une opération financière profitable, et suggérons d’exiger en contre-partie, la cession ou mise à disposition permanente d’un terrain permettant de réaliser une liaison douce entre les zones de Prunay et de la Princesse. » Il relève également que dans le secteur du Cœur Volant : existe actuellement un terrain loué à SRBG, qui fait plus de un hectare et d’ajouter qu’il « serait tout à fait bien situé pour un programme d'habitat. »
Sur les transports, « nous sommes favorables à la modification du tracé de la ligne 7 (Chatou-Croissy/Bougival/La Celle Saint-Cloud) afin que celle-ci puisse desservir la gare de Louveciennes. Nous demandons également que le renforcement de la fréquence de passage de la ligne 1 (Saint Germain en Laye/Versailles) soit clairement mentionné dans le texte. Nous prenons note de vos engagements sur les liaisons douces et souhaitons que certaines liaisons soient traitées en priorité comme les accès vers la forêt de Marly ou le Château de Versailles. »
Jean-Marie Piduch, termine son exposé en exprimant les regrets de son groupe sur deux points qui portent d’abord sur la décision du maire « d’inscrire au budget 2010 des choix d’aménagements majeurs, empêchant ainsi une réelle réflexion dans le cadre du PLU sur le réaménagement du centre-ville ou l’aménagement du stade des Plains Champs, ensuite sur l’absence de dimension intercommunale du projet notamment aux plans des transports, du développement économique et du logement. »
Une déclaration d’Osons en forme de réquisitoire
Pierre-François Viard (Osons le dynamisme pour Louveciennes) commence sa déclaration en s’interrogeant sur les raisons du débat de ce soir.
Pourquoi ce débat « alors que tout est bétonné d’avance au propre et au figuré. Dès le conseil municipal de février vous nous avez fait voter des décisions qui engageaient de facto notre politique d’urbanisme : aménagement de la place de l’église pour y mettre le marché alors que la nouvelle localisation n’est qu’à l’état de réflexion dans votre projet de PADD, aménagement des jardins familiaux, transformation du stade des Arches qui forcément condamne le stade des Plains Champs. Le bon sens aurait voulu que nous arrêtions d’abord le PADD comme cela était prévu initialement. »
Pierre-François Viard poursuit en protestant avec véhémence contre le fait que les conseillers municipaux d’opposition ont été « empêchés de s’exprimer hier soir » (au cours de la réunion publique) « alors qu’ils avaient par respect pour les Louveciennois laissés ceux-ci s’exprimer en priorité et que ces derniers leur avaient demandé avant la réunion d’intervenir. (…) »
Sur le PADD lui-même, il émet diverses critiques.
« Vous voulez développer l’offre en logements pour répondre aux différents besoins. Comment allez vous faire alors que vous n’en avez plus la maîtrise en terme d’attribution ? A moins que vous ne vouliez modifier la sociologie politique de Louveciennes par l’apport d’autres habitants. Aurions-nous à rougir d’être cadre ou profession libérale et d’avoir la chance ou choisi de vivre dans un cadre de vie exceptionnel ! «
« Vous requalifiez le pôle d’emploi de Villevert : Que faites-vous de la demande de la préfecture d’y implanter des logements en grand nombre ? Pouvez-vous aujourd’hui nous assurer que ce ne sera pas 600 logements demandés ce qui augmentera de façon conséquente le nombre de nos habitants en plus de la densification de notre centre-ville que vous proposez ? » Il rappelle la position défendue par Osons, Sur le site de Villevert, il rappelle qu’Osons milite en faveur d’un écoquartier mixte : bureaux, commerces et habitations en nombre raisonnable qui permettront de réduire la densification des pôles de centralités et redémarrer ce projet en panne depuis trop longtemps. »
« Comment pouvez-vous préserver la qualité de vie, le caractère vert de Louveciennes en densifiant l’habitat des pôles de centralité par et je vous cite « la reconquête de ces quartiers » ? Cela est incompatible et les Louveciennois ne veulent pas d’une ville bétonnée comme ces villes dortoirs de la proche banlieue parisienne où la place disponible est comptée.
« Comment voulez-vous assurer la pérennité des commerces de proximité en encourageant la création de commerces d’appel : je prends pour exemple l’ouverture d’une supérette sur le parking Leclerc en concurrence directe avec les autres commerces du centre-ville : épicerie, boulangerie, boucherie : encore une recette toute faite du cabinet d’étude qui ne prend nullement en compte l’investissement personnel de nos commerçants qui seront bientôt contraints de fermer boutique.»
« Avez-vous chiffré de façon précise la mise en œuvre de vos grands travaux pour les années à venir ? »
Pierre-François Viard conclut son réquisitoire en demandant « une réelle concertation » en laissant « au temps le temps » car « le mûrissement du PLU est un processus lent ».
Les réponses offensives de la majorité
Jean-François Vaquiéri en s’adressant plus particulièrement à Pierre-François Viard souhaite réagir en tant que conseiller majoritaire. « Je suis surpris par la théatralisation de vos interventions. Nous vous avons demandé dans le cadre de la Commission d’urbanisme d’exprimer votre point de vue, de faire vos propositions. Vous n’avez rien formulé » contrairement insiste-t-il aux représentants de « Louveciennes-Ensemble ». Et de continuer « Vous n’avez jamais finalisé votre projet pour Villevert. Nous sommes ouverts à la concertation mais sur des bases concrètes. »
Philippe Chrétien, conseiller municipal, en charge des dossiers économiques, indique qu’il est « un acteur relativement récent » dans le domaine municipal. Comme cela a été exprimé, il ne s’agit pas de faire de Louveciennes « un village-musée », « une banlieue-dortoir ». Il ne comprend pas les critiques qui s’adressent aux bureaux d’études, les groupes de travail ont demandé qu’on fasse appel à des professionnels, leur sélection a été faite avec l’accord de tous les groupes politiques. Il ajoute qu’ « il est convaincu de la pertinence de leurs analyses et des solutions » même si sur tel ou tel point, la supérette par exemple sur la place de l’église, le travail continue, cela pourrait être un Picard,….. ?
Le maire, André Vanhollebeke, récuse le jugement émis par Jean-Marie Piduch sur le diagnostic. « Les gens se trouvent bien à Louveciennes, « interrogeons les personnes qui y habitent… ». Il défend sa politique de logement social « Louveciennes a fait un effort considérable à la fois quantitatif et qualitatif.».
Anne Laure Pozzo Deschanel complète les réponses aux questions posées par Jean-Marie Piduch. Non, s’agissant des terrains du quai Conti (appartenant à la BNP) « il n’est pas question d’enrichir une entreprise privée ; la liaison douce envisagée se négociera avec eux ». Pour ce qui est des terrains des Arches, loués par le SRBG, ils font partie du pôle sportif à qui ils seront en principe affectés, mais il est possible d’y envisager également des logements. Pour les propositions en matière de transports, elle se trouve d’accord avec l’élu socialiste.
Elle tient également à répondre au reproche de ne pas « donner du temps au temps » ; si on nous compare à d’autres villes, « on est dans un timing classique, un an pour la phase diagnostic, un an pour la phase PADD, c’est bien. Je ne comprends pas que vous pouvez parler d’une absence de concertation (…) Vous avez été sollicités pour nous faire des propositions, notamment sur le nombre de logements à Villevert. Nous, nous disons que le site à une vocation économique et qu’on pourra y construire des logements corollaires. »
Les répliques d’Osons
Pierre-François Viard rappelle que ses amis ont travaillé dans les groupes, ont lancé des études, fait diverses propositions mais le problème réside dans le fait qu’ « on ne s’est pas retrouvé dans vos choix. Nous sommes tenus à l’écart, ne vous étonnez donc pas de notre position critique… » Nous apprenons toujours accidentellement vos décisions, par exemple, ce soir la création d’un parc sur le terrain des Plains Champs en même temps qu’un programme immobilier.
Agnès de Cambourg (Osons) surenchérit en prenant l’exemple de l’emplacement du monument au mort. « Nous étions tous d’accord pour procéder à son transfert. On apprend maintenant dans une réunion publique par un représentant d’une association des Anciens combattants qu’il n’en sera rien… »
Christine Roumilhac (Osons), sur la question controversée de l’emplacement des futurs logements, rappelle que son groupe ne veut pas que « les 500 logements prévus soient uniquement construits dans le périmètre urbanisé actuel de la ville ». Contrairement à ce qui avait dit, la municipalité affirme-t-elle, avait bien envisagé de construire des logements sur les parcs et jardins, et notamment sur les parcs de la Haute Barre, de la Pelouse et des Clos. On pouvait notamment lire dans le compte-rendu du groupe de travail « Logements » de juin 2009, pour le parc des Clos, qu’un « prolongement de la tranche déjà bâtie peut-être envisagé. Cette urbanisation limitée devra s’accompagner d’une reconfiguration intégrale du parc et des espaces de loisirs. La partie « Parc du Millénaire » constituée de carrières est inconstructible (…) Il ne s’agissait donc pas de rumeurs fantaisistes»,
Fin de partie
Le ton commence à monter, la salle est en ébullition, on entend des expressions comme « malhonnêteté intellectuelle », « absence de démocratie », « propos inacceptables ». Le maire siffle la fin de la partie et fait « acter » dans la foulée le PADD.