L’important projet de réaménagement de la place de l’église de Louveciennes, voulu par notre maire, André Vanhollebeke, nous donne l’occasion, à travers une série de photos, de faire une véritable plongée dans l’histoire de ce lieu symbolique.
Les photos anciennes que nous présentons ici ainsi que les commentaires qui les accompagnent proviennent du fond documentaire de Jacques et de Monique Laÿ, les incomparables historiens de Louveciennes (voir leur classique « Louveciennes, mon village », 2ème édition, 1989).
Pour commencer, trois dates, trois photos.
Hier
La mairie logée dans l’ancien Corps de garde
Ce document photographique, datant d’avant novembre 1864, paraîtra assez surprenant à la plupart d’entre nous. Elle donne une image de la première mairie officielle de Louveciennes (située à l’emplacement du monument aux morts actuel). On déchiffre très distinctement, au-dessus de la porte d’entrée le mot « MAIRIE » peint en lettres capitales. Il s’agissait d’un bâtiment abritant à l’origine le corps de garde de la garde nationale qui venait d’être dissoute ; il mesure 27 pieds sur 15 pieds 8 pouces (soit en système métrique 8,70 m sur 4,70 m). Il comprend : une grande pièce, l’ancienne salle de garde, un pièce plus petite, la chambre de l’officier et la prison dans laquelle le jour ne pénètre que chichement par une misérable lucarne de 50 cm de largeur qui ouvre… sur le haut mur de l’église toute proche.
La maison de droite est celle du cordonnier. A droite de la voie, la maison d’école. Entre les deux bâtisses, l’ancienne rue Traversière qui conduisait à la place Nationale (aujourd’hui carrefour place de l’église, rue du Professeur-Tuffier).
Sur la gauche de l’image, on devine la façade de l’église.
Aujourd’hui
Place de l’église - Un dimanche après-midi du mois d’avril 2010
Demain
Place de l’église – Dessin d’architecte préparé dans le cadre du réaménagement du centre-ville.
Il s’agit d’une illustration prospective qui donne une idée de ce que pourrait être dans un futur proche la place de l’église reconfigurée ; il ne s’agit cependant pas nécessairement de ce que sera la future réalité mais elle s’en rapprochera dans l’esprit.
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Dans les photos qui vont suivre, on essaiera de reconstruire le fil de l’histoire. Le « cœur du village » aura connu bien des transformations au cours des années et ce n’est que depuis 1950 que la place de l’église présente le visage que nous lui connaissons.
L’ancienne mairie et les écoles
Au fil du temps, des plaintes se sont élevées sur l’inconfort du corps de garde devenu mairie. On peut ainsi lire dans le registre des délibérations du conseil municipal en date du 8 septembre 1861 : « La commune est dépourvue de mairie, le bâtiment qui en porte le nom a été construit pour un corps de garde. Il ne possède aucun des aménagements nécessaires : il est des plus insalubres et obscurs, à tous les points de vue, enfin il ne répond pas aux exigences d’une maison commune. »
Le maire de l’époque, M. de Boureille, obtint l’accord de son conseil : le corps de garde sera démoli et, à son emplacement, on construira une belle mairie et deux écoles, une pour les garçons, une pour les filles. On profitera de l’occasion pour « remodeler » le centre du village ; non content de raser la bâtisse, on continuera l’œuvre d’assainissement en faisant disparaître trois immeubles, en bordure de la rue Traversière. De nombreuses péripéties ont entouré l’expropriation des immeubles condamnés et la construction de cet ensemble ; Jacques et Monique Laÿ nous font dans leur ouvrage une relation très vivante des négociations financières qui ont eu lieu à l’époque.
En 1864, la construction de l’ensemble fut achevée ; la mairie au centre de l’édifice, encadrée comme c’est alors l’habitude, par les deux écoles communales, les filles du côté de l’église, les garçons sur l’extérieur. Comme l’écrivent Jacques et Monique Lay, l’aspect architectural du bâtiment incite à une certaine tristesse : une façade monotone, des baies en plein cintre d’une banalité désarmante, surmontées pour les portes d’entrée d’écoles d’un fronton triangulaire comme on en voit dans les chapelles funéraires des cimetières anciens, un soubassement en fausses pierres, bref une œuvre sans imagination pour un village sans prétention.
Parvis de l’église et "l’arbre vert"
Cette photo a été prise avant 1892 ; on découvre avec surprise que l’église était alors ornée d’un clocher-pigeonnier, en bois. Celui-ci avait été construit en 1833 et avait remplacé un clocher qui était en pierre et de forme octogonale (on le sait par une gravure de 1750 de Liévin Cruyl). Ce clocher a dû tomber en ruines. Les critiques n’ont pas manqué. Le maire de Louveciennes d’alors, M. de Boureilles, a notamment jugé que « l’église est surmontée d’un clocher dont la forme et la construction sont en désaccord complet avec le style du monument : ce clocher inspire une répulsion unanime et chacun se dit qu’après avoir rendu à l’église son caractère artistique, il est impossible de lui conserver un aussi horrible accessoire dont l’état laisse d’ailleurs laisse beaucoup à désirer. » Il lance une souscription et espère « éprouver la jouissance de voir la construction actuelle qui déshonore le monument remplacé par un clocher avec flèche de pied de 20 mètres de hauteur dont l’ensemble et les détails seront en harmonie avec le style de l’édifice. » M. de Boureilles ne verra pas le couronnement de ses efforts et c’est son successeur, M. Dreux qui inaugurera en 1897 le nouveau clocher inspiré d’un des clochers de la collégiale de Poissy.
« L’arbre vert » qui apparaît sur la photo avait remplacé le peuplier, planté en 1848, en souvenir des journées révolutionnaires.
La place de l'église en août 1904
(Photo aimablement transmise par Jacqueline Godefroy)
Vue sur l'arrière du bâtiment de la mairie et de l'école.
L’ancienne mairie et les écoles. L’apparition du monument aux morts
Le monument aux morts de la Grande Guerre a été inauguré le 16 octobre 1921. Le « poilu » qui y figure est malheureusement tronqué, la souscription faite pour son édification ayant été trop chiche pour une statue plus imposante. Très contesté, le pauvre « poilu » quittera la place de l’église, remplacé par le monument actuel, inauguré le dimanche 25 juin 1950, et sculpté par une certaine Mme Fabricanti de Saint-Germain-en-Laye.Ce complexe « administrativo-éducatif » durera jusqu’en 1945 bien que depuis 1932 les élèves de Louveciennes aient pris le chemin de l’école Doumer et les administrés celui de la mairie actuelle ouverte au public en 1939.
L’ancienne mairie-école a été démolie après 1946 mais comme le déplorait M. Guillaume, maire, devant son conseil le 22 avril 1948, la place avait encore à cette date « l’aspect d’un chantier de démolition qui déshonore le centre du pays ».
La pharmacie de la place de l'église
La pharmacie de la place de l’église, entre la maison de Giraudier « le treillageur » et l’épicerie Goethiers où, devant la vitrine, pendent de longs chapelets d’éponges. Sur la gauche, l’extrémité de l’école des garçons, partie du bâtiment mairie-école.
Et pour conclure, une suite de photos plus récentes
Vue aérienne
Vue du clocher – 1972 – en direction de la Poste
Vue du clocher (2) – 1972 - en direction de la mairie actuelle
Place de l’église (1), sous la neige
Place de l’église (2)
Merci beaucoup pour ces documents passionnants. Une suggestion: faire le même exercice pour la Place des Combattants, puisque ce sera le chantier suivant.
Rédigé par : Pascal | 01 mai 2010 à 18:59
Nous aurons bien entendu l’occasion de parler de l’aménagement de la place des Combattants dès que le projet détaillé de la municipalité sera connu.
En faire un « espace de convivialité » sera certes difficile car l’environnement est, de certains côtés, ingrat, avec un bâtiment de la poste qui ressemble à un maison d’arrêt, avec un bâtiment artisanal peu esthétique... S’agissant de la Poste, tout le monde ne partage pas notre point de vue au nom d’une conception extensive d’un patrimoine à protéger (cf notre article illustré du 3 septembre 2007 « La poste s’est rénovée »). Quant au bâtiment artisanal son remplacement par un immeuble d’habitation (R+1) aurait eu du sens, en son temps.
La rédaction
Rédigé par : La rédaction | 30 mai 2010 à 16:24
Mais pourquoi les travaux de la place de l'église n'ont-ils toujours pas commencé?
Rédigé par : Antoine | 28 juillet 2010 à 22:07
Oui, toujours pas de travaux en ce début août ?
Rédigé par : Raphaël | 03 août 2010 à 22:29
Ils sont annoncés mi-août sur le site de la mairie avec une durée de 4 mois. Soit une livraison pour Noël...
Rédigé par : Antoine | 05 août 2010 à 18:12
Heu, j'ai jamais vu un projet commencer mi-août ! Donc au mieux début septembre pour la rentrée, histoire de facilité l'accès aux écoles.
Puis ça ne sera pas fini avant l'hiver, alors ça prendra 2 mois de plus minimum, vu qu'il difficile de faire du terrassement et de couler du béton quand il gèle... Tout un poème ...
Rédigé par : Raphaël | 07 août 2010 à 15:19
Cela fait maintenant quelques semaines que le chantier de rénovation de la place de l(église a démarré et il faut reconnaître que cela se présente très bien.
Cela devrait être magnifique!
Rédigé par : Antoine | 25 novembre 2010 à 17:48
BRIGITTE BARDOT EST ELLE ALLE A L ECOLE DOUMER?
Rédigé par : JLM | 08 mars 2013 à 15:30
Non, Brigitte Bardot n’a jamais fréquenté l’école primaire Doumer de Louveciennes.
Les parents de BB habitaient Paris et leur fille, Brigitte, a fait sa scolarité dans cette ville, et notamment au Cours Hattemer, prestigieuse école privée, fréquentée par les enfants de la grande bourgeoisie.
Les séjours de la famille Bardot à Louveciennes se déroulaient le week end ou pendant des vacances.
Pour plus de détails voir notre article "Louveciennes dans l'histoire contemporaine (3) : Brigitte Bardot"
http://louveciennestribune.typepad.com/media/2010/06/louveciennes-dans-lhistoire-contemporaine-3-brigitte-bardot.html
Rédigé par : La rédaction | 08 mars 2013 à 16:48