Les relations avec le général de Gaulle
De retour d’exil, le comte de Paris* s’installa à Louveciennes où il séjourna de 1953 à 1972.
Nous avons vu dans l’article précédent les efforts du prétendant au trône de France pour acquérir une visibilité politique notamment en organisant dans son manoir du « Cœur Volant » des réceptions où se côtoyaient hommes politiques, industriels, banquiers, journalistes, artistes…
L’arrivée du général de Gaulle en 1958, l’instauration de la Vème République et plus encore l’introduction en 1962 de l’élection du Président de la République au suffrage universel augmentèrent les espoirs d’Henri d’Orléans dans sa quête historique. Ceci d’autant plus que le Général avait du respect pour cette longue lignée qui « avait fait la France » et n’avait pas découragé le comte de Paris dans ses ambitions.
Prologue : une rencontre avortée à Alger
Inutile de raconter ici la geste du général de Gaulle depuis le 18 juin 1940 et ses efforts pour rallier autour de « la France combattante » les Français n’acceptant pas la défaite et la collaboration. Elle est connue.
Le comte de Paris pour sa part au moment de l’entrée en guerre s’engagea dans la Légion étrangère. Une fois démobilisé, il fit comme d’autres un tour à Vichy ; il rencontra Philippe Pétain en août 1942 (« Alors, jeune homme, vous voulez ma place » lui dit le Maréchal), Pierre Laval lui proposa au cours d’un dîner le ministère du ravitaillement, ce qu’il refusa. « Encore heureux qu’il n’ait pas donné suite » dira plus tard le général de Gaulle.
Mais fin 1942, la situation se retourna.
Les Américains débarquèrent en novembre au Maroc et en Algérie contrôlés par Vichy. Roosevelt, pathologiquement anti-de Gaulle chercha à s’appuyer sur les représentants du gouvernement de Vichy et notamment sur l’amiral Darlan venu opportunément sur place à Alger. Darlan en qualité de haut-commissaire de la France en Afrique, avait maintenu le régime de Vichy, sous protectorat américain, Il se fit assassiner par un jeune homme, Fernand Bonnier de la Chapelle, à qui on prêta des sentiments monarchistes ; on le soupçonna d’être le bras armé d’un complot ourdi par un résistant royaliste, Henri d’Astier de la Vigerie au profit du comte de Paris. D’autres y voyaient la main des gaullistes. L’exécution rapide et sans procès de Bonnier de la Chapelle par les autorités d’Alger afin d’éviter des révélations conduisit à épaissir le mystère (1).
La mort de Darlan empêcha Roosevelt de continuer à jouer la carte de Vichy d’autant plus que les Allemands entrèrent en zone non occupée et que la marine française, viscéralement antibritannique, se saborda piteusement à Toulon.
Roosevelt misa alors sur le général Giraud pour écarter définitivement de Gaulle mais cette tentative échoua car Giraud se révéla comme un personnage d’une grande médiocrité que ses partisans finiront par abandonner, tel « un artichaut mangé feuille à feuille » par son grand rival, le général de Gaulle qui gagna la partie.
Le comte de Paris fit vraisemblablement à ce moment-là une erreur historique car au lieu de rallier la « France libre », il rejoignit sa famille dans la propriété de Larache au Maroc pour y mener une existence confortable. De Gaulle devait dire à son confident, Alain Peyrefitte « Il aurait pu relever le drapeau et venir à mes côtés ; il n’y avait pas d’encombrement. Il représentait une part de la France qui eût été bien utile à la France libre. » (2)
Il ne réapparut politiquement qu’en 1953, à son arrivée à Louveciennes, de retour d’exil. En 1958, à l’arrivée du général de Gaulle, le comte de Paris lui apporta son soutien. S’en suivirent des échanges de lettres, des entretiens, des missions notamment celle confiée au comte de Paris, au Proche-Orient auprès des dirigeants arabes, en mai juin 1961.
• Afin d’éviter toute méprise, il convient de préciser que nous consacrons cet article (et le précédent) à feu le comte de Paris et non à son fils, Henri, né en 1933, nouveau prétendant également « comte de Paris » « duc de France"
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