Pierre Lequiller vient de retrouver assez facilement son siège de conseiller général même s’il à dû passer par un deuxième tour, contrairement à 2004. Le degré élevé d’abstention et le recul d’ensemble de la majorité présidentielle ont retardé sa victoire.
Dans ce canton (Marly-le-Roi, Louveciennes, Port-Marly), Pierre Lequiller a obtenu au second tour, (dimanche 27 mars) , 62,66 % des voix contre 37,34 % à son adversaire socialiste Sandrine Dubos. A Louveciennes, il a obtenu 72,75 % des voix.
Jean-Claude Merle (Front de gauche) : 6,10 % (2,09 %)
Sandrine Dubos (Parti socialiste) : 15,20 % (10,52 %)
Christian Castellanet (Europe Ecologie, Les verts) : 14,09 % (11,88 %)
Pierre Lequiller (UMP-Nouveau centre) : 45,72 % (51,75 %)
Véronique Goupy-Servant (Divers droite libérale et humaniste) : 6,54 % (12,10 %)
André Répetto (Front national) : 12,35 % (11,67%)
Blancs et nuls : 0,55 % (0,46 %)
Quelques constats, quelques enseignements
1. L’abstention a battu des records, également dans le canton (58,7 % au premier tour, 59,6 % au second tour). C’est près de 9 points de plus qu’aux Régionales de mars 2010 qui n’étaient déjà pas très courues. Avec les Présidentielles de 2012 et les Législatives dans la foulée, on reviendra à des taux de participation plus conformes à l’appétence des Français pour la politique.
2. La position de l’UMP s’est effritée si on l’a compare aux élections régionales de mars 2010 où malgré la présence de 12 listes, celle de Valérie Pécresse faisait 48,64 %. Pierre Lequiller conserve toutefois au niveau de la circonscription une belle marge de sécurité dans l’optique des batailles futures.
3. Trois candidats de gauche étaient en présence. Sandrine Dubos (PS) l’a emporté de peu au premier tour devant Christian Castellanet le candidat d’Europe écologie (un point les sépare) ; elle a ainsi pu représenter l’ensemble de la gauche au second tour. Pascal Leprêtre, conseiller municipal d’opposition à Louveciennes, était son suppléant ; son apport n’a pas été décisif à Louveciennes où le PS est devancé par les Verts.
Les états de service de Christian Castellanet montrent que nous avons là une personnalité appartenant au canal historique de l’écologie politique ; il était de toutes les batailles de ce courant : soutien à René Dumont, antinucléaire de la première heure ; ses engagements personnels étaient sur la même ligne : mise en place de projets d’irrigation dans les pays du Sahel, expatriation en Inde, au Mali, en Amazonie, sans parler d’un doctorat en écologie obtenu aux Etats-Unis.
Jean-Claude Merle représentant le Front de gauche (Mélenchon + Pcf) dépasse les 6 % mais obtient un score insignifiant sur Louveciennes.
4. Le candidat du Front national, porté par la vague « Marine Le Pen » fait une percée dans la circonscription qui n’est pas comme on peut le constater hermétique au vote extrême ; vote protestataire, vote de mauvaise humeur, vote populiste, les explications abondent et on verra dans les prochains mois si ce vote à des chances de s’enraciner.
5. Un conseiller municipal de Louveciennes appartenant à la majorité, Jean-Dominique Masseron, était le suppléant de Véronique Goupy-Servant au nom d’une formation appelée pour la circonstance « Divers droite humaniste et libérale » : le score obtenu sur la circonscription est particulièrement faible (6,54 %) même s’il est le double à Louveciennes ; cette candidature avait reçu le soutien du maire de Louveciennes et de certains élus du groupe majoritaire, pas de tous, ainsi que de l’association Louveciennes-Energie.
6. Dans l’offre politique on aura remarqué l’absence d’un représentant du Modem et du trio trotskiste habituel.
7. Le canton n’a aucune réalité juridique. Il ne s’agit pas d’une entité ayant des compétences. Le canton constitue une simple circonscription électorale permettant de désigner au scrutin uninominal un conseiller général qui avec ses collègues va gérer le département des Yvelines (le budget 2010 des Yvelines était de 1,467 milliard dont la moitié consacrée à l’action sociale). On peut certes faire l’inventaire des subventions semées sur un canton, cela fait toujours plaisir à ceux qui les reçoivent, mais comme on ignore (bien qu’on le devine) la manière dont ces subventions sont financées, cette manière de procéder fait peu de cas de la rationalité de la dépense publique.
8. Les conseillers généraux qui viennent d’être élus le seront pour une période raccourcie de trois ans (six ans précédemment) car en 2014 ils seront en principe remplacés par des conseillers territoriaux prévus par la loi du 16 décembre 2010. A moins que les socialistes arrivant au pouvoir en 2012 n’abrogent cette loi comme ils se sont promis de le faire.
Quoiqu’il en soi, il faudra s’attaquer sérieusement au « millefeuille administratif » (communes, communautés de communes, syndicats, départements, Régions, Etat, Europe). Répondre au « qui fait quoi » est proprement impossible à décrypter par un citoyen de bonne volonté. Et il n’y a pas que cela. Cette multiplication des entités entraîne une bureaucratie dont les effets sont négatifs pour l’économie de notre pays. On comprend mal que les Français épris de rationalité s’accommodent d’un tel empilement de structures. L’Histoire nous enseigne cependant que les hommes politiques ont beaucoup de mal à réformer des institutions dont ils sont les acteurs (qu’on songe à la fin pitoyable de la IVème République).
FK