Entretien avec Caroline de Bailliencourt
Maire-adjoint à la Culture et à la Communication
A un moment où l’essentiel des débats louveciennois tournent autour des questions d’urbanisme, de circulation, il nous a semblé intéressant de jeter notre regard du côté de la politique culturelle menée par la municipalité. Cette politique active, défendue depuis plusieurs années par Caroline de Bailliencourt, s’exerce dans trois directions : organisation de manifestations (théâtres, concerts, expositions, conférences…), soutien aux associations artistiques et culturelles par la mise à disposition de salles et pour certaines d’entre elles de subventions financières, développement de la bibliothèque. Par ailleurs, il convient de ne pas oublier ce qui est fait pour la jeunesse (secteur dont s'occupe Yves de Tonquedec) à travers la Maison des jeunes et de la culture (Maison Julien Caïn) et la Maison des enfants.
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Quelle peut-être l’originalité de la politique culturelle d’une ville comme Louveciennes, avec ses 7 400 habitants, faisant partie de la Région parisienne où l’offre est particulièrement riche et variée ?
CdB - La proximité de Paris génère en effet des difficultés, de nombreuses personnes préférant s’y rendre. C’est également un public exigeant, parfois un peu frileux. Je prendrai des exemples. Nous avons programmé il y a deux ans deux belles pièces de théâtre Victor Hugo, mon amour et Le Tour du monde en 80 jours qui démarraient à Paris et n’étaient pas encore connues. Les comédiens sont venus les présenter à Louveciennes, un soir de relâche parisienne, or nous avons eu beaucoup de mal à remplir la salle. Et pourtant par la suite ces pièces ont eu un succès fou à Paris. Nous avons également connu un demi-échec (ou un demi-succès, c’est selon) avec l’Hamlet présenté par une jeune compagnie, Les Sans Cou. C’était injuste car la représentation était pleine d’inventivité, d’énergie, d’allégresse….A l’inverse, la pièce Les 39 marches, inspirée du film célèbre d’Alfred Hitchcock et dont le presse avait parlé en bien, vient de connaître à Louveciennes un franc succès, lors de la réservation, presque toutes les places étaient vendues dans les 48 heures.
CdB - Nous nous efforçons de programmer deux spectacles par an (nous ne parlons pas ici des pièces proposées par les associations). Je ne propose jamais un spectacle sans l’avoir vu. Je soumets mes propositions, élaborées en concertation avec Dominique Dériot, à la Commission culturelle composée d’élus qui donne son avis. Je me demande d’ailleurs s’il ne conviendrait pas de créer une commission extra-municipale pour avoir plus d’avis, plus de suggestions….
Le 4 mars dernier nous avons proposé sous une forme originale un spectacle de poésies (un « Bar des Poètes ») avec Romain Pompidou, acteur très sympathique, le petit-fils de Georges Pompidou (dont l’amour pour la poésie était connu, il était l’auteur d’une « Anthologie de la poésie française », une référence). L’entrée était gratuite et nous avons essayé d’en faire une soirée très conviviale, avec une disposition de la salle originale et une occasion d’écouter de la belle poésie avec un verre de vin à la main.
Sur le plan musical, nous souhaitons renforcer notre action puisque nous avons pas mal de mélomanes à Louveciennes. Nous privilégions les concerts du dimanche en fin d’après midi ce qui permet aux personnes âgées de s’y rendre.
Comment assurez-vous la promotion des manifestations ?
CdB - Nous informons la population de Louveciennes en éditant deux fois par an une brochure Sortir à Louveciennes (programmes de janvier à juin, puis de juillet à décembre) et surtout mensuellement par l’intermédiaire de la feuille orange Louveciennes-Information qui marche incroyablement bien. Il y a également l’affichage des spectacles sur les panneaux prévus à cet usage. Et bien entendu le site internet de la Mairie, très visité, qui informe très largement sur les manifestations culturelles de Louveciennes. Mairie de Louveciennes
Est-ce que Louveciennes dispose de suffisamment de lieux propices aux manifestations culturelles ?
CdB - Nous avons avec la salle Camille Saint-Saëns, une salle polyvalente de 340 places qui est modulable (on peut la transformer en demi-salle) ; elle permet d’accueillir du théâtre, des concerts, des conférences…. Si des personnes se sont plaintes de l’acoustique, j’observe que les musiciens du Quatuor Ludwig qui nous ont donné récemment un merveilleux concert, ont apprécié la qualité de la salle (ils savent de quoi ils parlent, ce sont des professionnels) ; ils ont également été touchés par la chaleur du public.
Nous disposons également de la salle Renoir et de celles de la maison de l’Etang qui peuvent recevoir des expositions.
On peut également citer l’église Saint-Martin où le Chœur de Louveciennes vient d’interpréter La messe de minuit de Marc-Antoine Charpentier, sans oublier la salle des Arches, endroit adorable mais dont la capacité est limitée pour des raisons de sécurité. On pourrait faire de ce lieu quelque chose de magnifique mais cela pose un sérieux problème financier.
Une partie de l’activité culturelle se fait à travers de nombreuses associations. Pouvez-vous nous dire comment se traduit le soutien de la ville ?
CdB - Les associations sont en effet nombreuses et très dynamiques. On citera les deux troupes théâtrales, les Tréteaux de Louveciennes et les Cœurs volants. l’Académie Gabriel Fauré, le Choeur de Louveciennes, le Comité de jumelage, le Cercle de généalogie, la philatélie sans oublier Louveciennes-Accueil qui chapeaute les ateliers dont certains sont très créatifs comme celui de la Gravure, de la Poterie ou de la Peinture.
Nous jouons avec les associations le jeu de la transparence : dans le cadre de convention, nous mettons à leur disposition gratuitement des locaux de façon permanente, comme pour l’Académie Gabriel Fauré ou les ateliers de Louveciennes-Accueil ou de façon temporaire, à une cadence de plus ou moins fréquente suivant leurs besoins. Certaines associations reçoivent des subventions de la municipalité, d’autres n’en demandent pas car ils n’éprouvent pas le besoin.
Nous avons beaucoup de chances d’avoir de nombreux artistes à Louveciennes et dont on peut voir les œuvres lors des expositions, ainsi nous avons, ces dernières années, organisé des expositions de Francine Gariel, Hermine Laurent Sain, Eva Klôtgen, Marine Allard, pour nommer quelques uns. Il y a aussi des expositions chaque année qui présentent plusieurs artistes de Louveciennes et d’ailleurs. Fin mars, nous aurons le plaisir d’avoir une très belle exposition d’Olivier de Mazières. Tous les deux ans nous organisons le week-end des ateliers ouverts des artistes de notre Communauté des communes et en octobre dernier nous avons eu 13 artistes de Louveciennes qui nous ont ouvert leur porte.
Parlons plus précisément de l’Académie Gabriel Fauré ?
Son fonctionnement et ses résultats constituent un grand sujet de satisfaction. L’Académie, présidée avec un formidable enthousiasme par Jérôme Laurent, a pour vocation d’enseigner et de favoriser la pratique de la musique, la danse, le théâtre, la peinture et le chant. Elle compte plus de 400 adhérents ce qui représente environ 600 élèves. Les cours sont assurés par 26 professeurs. Parmi les disciplines proposées, la danse (120 danseuses), le théâtre (40 comédiens), la musique (78 élèves suivent les cours de piano) sont les plus fréquentées.
Faustine Moulard est une excellente directrice qui est vraiment à l’écoute des enfants.
Nous accordons à l’Académie une subvention de 135 000 €. Elle est également soutenue par le Conseil général des Yvelines
Les 21 et 22 mai prochain, l’Académie Gabriel Fauré créera, autour du thème de l’impressionnisme, un grand spectacle « Les Arches au Soleil Levant » sur un texte de Valérie de la Rochefoucauld, dans une mise en scène d’Anne Vassalo, des chorégraphies de Lucile Diou et de Christophe Déféra sous la direction artistique de Faustine Moulard.
La bibliothèque municipale est installée dans de très beaux locaux. Mais qu’en est-il de la fréquentation, de la sensibilisation des jeunes à la lecture ?
Près de 1 800 personnes sont inscrites à notre bibliothèque municipale, dont un certain nombre de non-Louveciennois parce qu’elle est très appréciée. Pour les adultes nous avons un éventail de 6 600 titres qui englobe la littérature française et étrangère. Il y a un important secteur pour la jeunesse, de la petite enfance à l’adolescence. La direction de la bibliothèque est assurée par Isabelle Courtat, depuis 2009, elle a notamment grandement développé le secteur de la BD. Elle est assistée par trois, personnes.
Nous essaierons de relancer les Cafés littéraires - lieu de dialogue entre un auteur et son public - qui avaient connu un très grand succès du temps de Nicole Volle ; elle faisait là un travail extraordinaire ; souvenons des interventions d’Alain Baraton, jardinier en chef du château de Versailles, de Sébastien Balibar, physicien mondialement reconnu, venu nous parler de son livre « La pomme et l'atome », et de bien d’autres.
La Fête des fleurs ne comporte pratiquement pas de dimension culturelle sauf à considérer que tout est culturel (même un défilé de chars). Le regrettez-vous ? Comment y remédier ?
CdB - La Fête des fleurs connaît chaque année un grand succès. L’idée de réunir la population est excellente. C’est une belle occasion pour les Louveciennois de se retrouver avec bonheur, au retour des vacances de l’été, dans une ambiance joyeuse et conviviale. Il est vrai que la Fête a maintenant un aspect un peu plus commercial mais il faut observer que certains spectacles sont offerts dans ce cadre (spectacle de magie par exemple). Cette année (septembre 2011) la Fête des Fleurs aura pour thème « Les Impressionnistes » et nous travaillons actuellement sur des événements autour de ce thème pour ce week-end festif.
La Fête des fleurs est placée sous la responsabilité de Bruno Vollaire, maire-adjoint.
Quel est l’avenir du Musée-Promenade de Marly-le-Roi-Louveciennes ?
CdB - Le Musée-Promenade a été créé en grande partie grâce à l’association le Vieux Marly qui a fait don des premières œuvres du musée. Le but était d’être le gardien de la mémoire du Château de Marly, détruit au début du 19ème siècle, et de son parc, des lieux magiques tant aimés de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Petit à petit, le Musée a pu étoffer ses collections, proposer de très belles expositions, certaines avec un grand succès – je pense notamment à l’exposition sur Madame Dubarry, Peindre le Ciel de Turner à Monet en 1995 (fait exceptionnel, une exposition bénéficiaire) et aussi l’Enfant Chéri, et les Maitres de l’Eau. Il y a quelques années il y avait des espoirs pour faire un agrandissement du bâtiment du musée afin d’accueillir les deux Globes de Coronelli qui avaient été conçus pour fêter la naissance de Louis XIV et qui étaient placées dans un Pavillon du Château de Marly. Ces projets s’avéraient impossibles à réaliser aussi bien à cause de l’énorme coût financier que par des difficultés « politiques » entre les administrations de l’Etat. Actuellement le Musée connait une période de réflexion quant à son avenir, le conservateur, Christine Kayser, s’applique à trouver des projets pour attirez les visiteurs. Le service pédagogique du musée est de plus en plus apprécié, aussi bien pour les visites scolaires que pour les ateliers proposés au jeune public, surtout pendant les vacances scolaires. Grâce, en partie, à l’aide des associations le Vieux Marly et les Amis du Musée- Promenade, le musée continue à augmenter modestement ses collections et de proposer de petites « expositions-dossiers », comme l’actuel Madame Dubarry en muse.
La Domaine du Château de Versailles est, depuis juin 2009, responsable de la gestion du parc de Marly et de ce fait, le Musée-Promenade a des contacts réguliers avec Versailles pour des questions pratiques. Je ne peux qu’espérer que l’avenir proche verra une collaboration renforcée entre l’Etablissement public de Versailles et le musée.
Le Musée-Promenade est géré par un Conseil syndical des deux villes de Louveciennes et Marly-le-Roi, avec quatre membres de chaque ville et une présidence tournante tous les trois ans. Actuellement la présidence revient à Louveciennes et j’ai l’honneur et le plaisir d’occuper ce poste. Les maires, André Vanhollebeke et Jean-Yves Perrot, estiment que le musée à un rôle important à jouer pour entretenir l’histoire de nos deux villes, conviction que je partage totalement.
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Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter les sites internet
Musée-Promenade Marly Louveciennes
Blog littéraire de Nicole Volle
Je trouve les spectacles proposés par la mairie excellents. J'ai beaucoup ri aux 39 marches
Rédigé par : Béatrice | 27 mars 2011 à 10:24
Je persiste à penser que l'acoustique de notre grand salle est moyenne, les acteurs sont difficilement audibles audela du 15e rang
La programmation est intressante
La troupe louveciennoise les Tréteaux est sympathique mais peu d'acteurs de talent Le dialogue des carmélites était digne du théatre de patronage des curés d'antan
Rédigé par : Amoureux du théâtre | 28 mars 2011 à 10:46
quelle cruche cette madame de baillencourt !
Rédigé par : énervé | 12 avril 2011 à 14:27
Le commentaire précédent est déplaisant.
Il ne sera pas censuré car cela ne correspond pas à notre règle de conduite (sauf pour ce qui relève de la pure diffamation ou d'invitations à connotations sexuelles affirmées notamment dans le cas de dérapages pédophiles). Nous souhaitons les commentaires. L'interactivité constitue une des caractéristiques les plus intéressantes d'un blog.
La critique est normale et nous l'acceptons. Elle peut concerner les articles, le ou les rédacteurs de "La Tribune de Louveciennes" ou des prises de position de nos élus. De temps à autres, des noms d'oiseaux (ou autres) affleurent dans les textes, les débats peuvent être vifs. Nous n'allons pas nous effaroucher pour si peu. Nous acceptons le vrai débat qui oppose des opinions différentes, des interprétations divergentes mais à condition qu'on argumente.
M. le commentateur, vous auriez pu contester la politique culturelle de la Municipalité dans son ensemble ou sur tel ou tel point, cela aurait été instructif mais avec votre sentence nous nous situons au degré zéro du débat.
La rédaction/FK
Rédigé par : La rédaction | 12 avril 2011 à 15:26
Très belle exposition de T de Mazières. Nos encouragements à Caroline de Bailliencourt qui propose des spectacles, des expositions...très variées et toujours intéressantes. Il faut continuer et tant pis pour les pissefroids, de tels individus existent quoiqu'on fasse !
Rédigé par : Béa et ses amies | 18 avril 2011 à 08:54
Je trouve que la commune fait beaucoup de belles choses. J'aime ses expositions, ses salons, ses spectacles. C'est très varié et il y a du monde. C'est la preuve que ça plait.
J'attends beaucoup de la prochaine exposition fleurs et jardins du 15 mai, l'anné dernière c'était un enchantement.
Rédigé par : Florence | 24 avril 2011 à 11:20
Totalement réussie cette très belle exposition Fleurs et jardins du 15 mai dernier. Denombreux exposants et une grande affluence. Ce genre de manifestation est tout à fait dans l'esprit de Louveciennes
Rédigé par : Florence | 21 mai 2011 à 18:41
L‘académie Gabriel Fauré vient de donner trois représentations de son beau spectacle « Les arches au soleil levant » autour du thème de l’impressionnisme*. Spectacle total qui a permis une revue d’effectifs, des élèves de musique, du ballet, de la comédie,….
Derrière ce spectacle, on sent qu’il y a beaucoup de travail, de nombreuses répétitions.
C’était dans l’ensemble réussi. Mentions particulières aux jeunes pianistes dans des interprétations d’Offenbach, de Debussy, de Satie et de Ravel. Belles prestations des danseuses aux talents variés (french cancan, bal musette, modern jazz...).
Seul bémol, le texte n’a pas été à la hauteur : écriture souvent maladroite, confusion dans l’enchaînement des scènes.
L’enthousiasme des interprètes, une mise en scène habile, la qualité des costumes ont fait que la partie a été largement gagnée.
* Salle Saint-Saens, samedi 21 mai et dimanche 22 mai 2011
Rédigé par : Marie L | 22 mai 2011 à 21:48
Le maire a pris la curieuse initiative d'organiser la fête de la musique le samedi 18 juin et non le 21 juin comme partout en France !!!
Résultat : la fête a connu peu de succès
Organiser la fête de la musique 3 jours avant la date officielle ne rime à rien.
Rédigé par : Pierre | 27 juin 2011 à 11:01
Au cours de la séance du conseil municipal du 16 juin, Jean-Philippe Schweitzer (Osons) est intervenu pour déplorer que la municipalité ait renoncé à programmer la saison prochaine, comme il l’avait suggéré, la pièce « Diplomatie » qui se donne actuellement à Paris avec grand succès avec des comédiens comme André Dussolier et Nils Arestrup. Ceci de préférence à un spectacle moins connu comme « La Framboise frivole ».
Il reconnaît que le coût d’achat de ce spectacle de l’ordre de 35 000 € est plus élevé que les 15 000 € /25 000 € habituellement payés mais ce serait positif pour la notoriété de Louveciennes.
Stéphane Pihier et Pascal Hervier (majorité municipale) lui font remarquer que la taille de la salle (350 places) rend un tel spectacle coûteux.
Le débat s’est arrêté là et on peut le regretter. Sur un plan financier, il est certain qu’avec des prix des places même plus élevés que d’habitude (disons 15 € en moyenne) le coût net d’un spectacle comme « Diplomatie » reviendrait à 30 000 € (plus de 85 € par spectateur). La question reste posée : quelle politique culturelle pour Louveciennes ?
FK
Rédigé par : La rédaction | 24 juillet 2011 à 16:02