Le conseil municipal de Louveciennes favorable à « Seine et Forêts »
Le conseil municipal, lors de sa séance du 16 juin 2011, avait à se prononcer sur la proposition du Préfet des Yvelines de rattacher Louveciennes à la future communauté « Seine et Forêts » (autour de Saint-Germain), proposition qui revient à supprimer la Communauté actuelle des « Coteaux de Seine » et de voir les communes voisines, de La Celle Saint-Cloud et de Bougival, migrer vers la communauté d’agglomérations de « Versailles Grand Parc » (cf nos deux articles précédents sur le sujet).
Le maire de Louveciennes, André Vanhollebeke, a souhaité que chaque conseiller, à l’occasion d’un tour de table, puisse « faire part de sa perception du problème et dire s’il accepte ou refuse le schéma du préfet » ; il indique qu’il se ralliera à l’avis de la majorité.
Les avis des conseillers municipaux ont été très partagés, dépassant le clivage habituel majorité/opposition.
Certains ont simplement indiqué leur préférence sans les motiver, d’autres ont argumenté, souvent en fonction d’un point de vue particulier (économique, social, bassin de vie,….). Pascal Leprêtre et Jean-Marie Piduch (PS) ont, conformément à leur habitude préparé un texte bien charpenté dont nous avons déjà donné, dans un précédent article, de larges extraits, texte au terme duquel ils se prononcent en faveur de « Seine et Forêts » tout en affirmant que « l’éclatement de la Communauté des Coteaux de Seine ne se justifie aucunement. » Certains conseillers ou conseillères qui n’avaient rien apportés au débat ont cependant trouvé cette intervention trop longue, souhaitant qu’on l’abrège parce qu’il se faisait tard….
Zoom sur les points de vue
Pour sa part, le rédacteur de ces lignes a trouvé le débat intéressant ; il a permis en même temps de révéler l’étendue de la réflexion des conseillers sur un sujet qui, s’il ne passionne pas les foules, doit néanmoins concerner les élus.
Parmi les élus, il y a ceux qui indiquent clairement leur préférence mais sans les motiver. Ainsi Joël Cavarero, maire-adjoint : « J’ai consulté avec attention le schéma proposé, la carte du préfet me convient parfaitement. »
Il y a le clan des « affectifs » qui penchent pour Versailles (ainsi Eric Neumann, Osons, « je n’ai pas de compétences politiques et économiques, je préfèrerais rester du côté de Versailles ») ou pour Saint-Germain (ainsi Christine Lerat « Moi c’est Saint-Germain parce que je me sens un peu loin du côté Versailles» ) mais sans que ces conseillers nous fassent véritablement partager leur dilection.
Il y a celui qui s’en sort avec une pirouette, Jean-Philippe Schweitzer, Osons, il n’en est jamais avare. Remarquant que Versailles et Saint-Germain sont dirigés par des énarques, il énonce, certes avec ironie, un jugement de valeur « Enarques, les deux me vont, ce sont des camarades, le corporatisme est ma valeur » et sommé de choisir, « permettez-moi de me compter plutôt du côté de François de Mazières…» (maire de Versailles). Pour les rares Louveciennois qui l’ignorent, précisons que Jean-Philippe Schweitzer est sorti de l’ENA (promotion Fernand Braudel, 1987).
Les arguments des partisans de « Versailles Grand Parc »
Pour Stéphane Pihier, maire-adjoint, « le mieux aurait été de rester dans la Communauté des Coteaux de Seine. La décision à prendre n’est pas évidente. Dans les deux cas on est au bout de la chaîne. Il y a des avantages et des inconvénients. Sur le plan financier, on a une communauté qui existe (« Versailles Grand Parc »), une qui est en devenir (« Seine et Forêts ») dont on ne sait pas où cela nous amènera en termes de projets et de fiscalité. J’ai tendance à raisonner en terme de bassin de vie, j’ai tendance à préférer Versailles. » André Vanhollebeke, intervient pour insister sur le fait qu’on ne nous demande pas de maintenir notre Communauté de communes puisque La Celle Saint-Cloud ne veut plus en faire partie.
Pour Bruno Vollaire, maire-adjoint, « la proposition du préfet n’est pas bonne car notre jeune communauté (avec La Celle Saint-Cloud et Bougival) avait sa place en tant que telle. Nous avons commencé en coopération de moyens. La meilleure solution est de la garder. » Il s’interroge sur les objectifs de ces regroupements qui ne lui paraissent pas aller dans le sens de l’intérêt général, il y voit beaucoup plus un moyen de l’Etat de transférer ses charges.
Philippe Chrétien, conseiller municipal chargé des affaires économiques, souligne que « la question qui nous est posée c’est de dire si nous donnons un avis favorable. Moi je ne peux pas. La communauté actuelle ne présentait que des avantages pour Louveciennes (sans charges supplémentaires). S’il s’agit de choisir entre Versailles et Saint-Germain, « les plus et les moins s’équilibrent ». Il fait observer que « Versailles est le chef lieu du département, le siège de la chambre de commerce et d’industrie, l’établissement public qui gère le château de Versailles gère également le parc de Marly. La proposition qui nous est faite isole complètement le site de Villevert, les projets ne viendront pas de Saint-Germain. » Et de conclure : « Je vote négativement à la question qui nous est posée. »
Daniel Deriot, maire-adjoint, a « du mal à penser qu’on arrive à mettre sur pied des projets cohérents avec Conflans, Poissy et Achères… qui ont des intérêts complètement différents. On sera plus à l’aise dans le bassin de vie de Versailles. »
Les arguments des partisans de « Seine et Forêts »
Yves de Tonquedec, conseiller chargé de la jeunesse, «penche plutôt vers le bassin de vie de Saint Germain. Deux raisons, la première complètement subjective, Saint-Germain est plus rock and roll, la seconde, c’est que « Versailles Grand Parc » est déjà parti, tout est à jouer du côté de Saint Germain. »
Pascal Hervier constate que du côté de la communauté Versailles, « il y a des poids lourds, en termes budgétaires, on va se retrouver sur un strapontin.» Et du point de vue du développement économique « leurs projets sont déjà lancés, du côté de la plaine des Matelots. »
Pierre-François Viard, Osons, estime que « la communauté des Coteaux de Seine a vécu avec quelques actions culturelles ou d’assainissement. A Versailles, les arguments culturels, économiques (si on songe à Villevert qui est ouvert sur la plaine de Versailles). Mais Saint-Germain l’emporte, c’est notre arrondissement, notre canton, notre bassin de vie. A Versailles tout est déjà scellé, à Saint-Germain, tout est ouvert, tout est à construire, on peut y faire notre place. »
Philippe Delarue introduit des idées complémentaires : « Marly nous ressemble plus que Versailles, c’est le même type d’habitat, notre police y est rattachée, avec Versailles on sera coupé en deux par l’autoroute A13 qui est une véritable barrière. » Il avance également un argument d’ordre technologique : « notre nœud de raccordement du haut-débit arrive par Saint-Germain. »
Marianne Merlino, maire adjoint chargé des affaires sociales, pense que « nous avons des affinités naturelles avec les villes aux alentours de Saint-Germain », par ailleurs « on entre dans une communauté en création» et sur un plan social « toutes les instances dont nous dépendons sont à Saint Germain. »
Trois maires-adjoints, Caroline de Bailliencourt, Anne-Laure Pozzo-Deschanel et Dominique Demai se rallient à la proposition du préfet, « les choix sont contraints », mais l’argument d’une nouvelle communauté où tout est à construire fait pencher la balance. C’est également l’argument principal avancé par Jean-Dominique Masseron.
Vœux contrariés
Dans la foulée du vote favorable à « Seine et Forêts », Pascal Leprêtre propose que le conseil adopte, sous forme de vœux, le texte suivant :« Le conseil municipal de Louveciennes, compte tenu des liens étroits existants avec Bougival et La Celle Saint-Cloud, notamment au travers de la communauté des Coteaux de Seine, souhaite le rattachement des trois communes à l’intercommunalité Seine et Forêts. »
Le maire, André Vanhollebeke, pense que ce n’est pas du ressort du conseil, « on dépasserait nos propres prérogatives». De nombreux conseillers (et pas seulement ceux de l’opposition socialiste) se déclarent favorables à un vote sur ce vœux qui recueille, semble-t-il, une majorité de supports ; alors que la procédure de comptage est en cours, diverses interventions sèment le trouble, Jean-Philippe Schweitzer estime qu’ « on ne peut pas ester pour autrui » (sous entendu La Celle Saint-Cloud et Bougival), Dominique Demai lance « la communauté des Coteaux de Seine n’existe plus ! » Le maire reprend alors l’initiative. Le vœux ne faisant pas partie de l’ordre du jour, il ne peut faire l’objet d’une délibération. Le maire est suivi sur ce point par 15 conseillers. Le vœux passe à la trappe.
FK
Les noms des conseillers de l’opposition sont suivis de leur étiquette politique ; les maires-adjoint et les autres conseillers appartiennent à la majorité municipale (22 sièges sur 29).