Jean-Paul Palewski fut maire de Louveciennes entre 1944 et 1947 mais également un homme politique particulièrement actif dans les années qui ont suivi jusqu’à sa mort le 10 décembre 1976. Il avait soixante dix huit ans.
Nous laisserons à son fils Stanislas Palewski le soin de nous présenter son parcours biographique et les liens que sa famille a tissés avec Louveciennes.
Dans un second article, à partir de larges extraits des Mémoires - non publiés - de Jean-Paul Palewski , nous plongerons dans la période troublée de la Libération au cours de laquelle il prit en main les destinées de notre commune d’abord comme Président du Comité local de Libération puis comme maire.
Un troisième article portera sur ses engagements politiques au plan régional et national, d’abord au sein du Mouvement populaire pour la République (MRP) puis à partir de 1947 dans le mouvement gaulliste.
Qui était Jean-Paul Palewski ?
Jean-Paul Palewski et son frère Gaston sont les enfants d’un émigré juif polonais qui s’est établi en France à la fin du 19ème siècle. Arrivé très jeune de Pologne, il retrouve à Paris un vieil oncle maternel très érudit philologue et philosophe renommé qui lui permit, bien modestement, semble-t-il, de faire des études brillantes malgré le manque cruel d’argent (il ne mangeait pas tous les jours à sa faim) racontait mon père. Il sortit de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures puis après quelques années passées dans diverses entreprises il fonda avec un ami une société basée sur des brevets d’invention qu’il avait déposés concernant les vernis recouvrant les toiles des aéroplanes de cette époque. Mon grand-père ne cessa d’inculquer à ses enfants l’amour de leur patrie d’adoption bien qu’ils soient nés français. C’est ainsi que mon père qui n’était pas un grand matheux, fit cependant l’Ecole Bréguet pour faire plaisir à son père mais cela ne comblait pas son désir tourné plutôt vers la littérature. Cependant en 1916 il passa le concours de Saint-Cyr car l’engagement au service de la patrie lui sembla nécessaire.
Quand il revint de cette glorieuse expérience il se posa beaucoup de questions sur son devenir. Allait-il rester en France ou bien s’établir en Pologne ? Il choisit de rester en France car c’est ici que ses parents avaient fondé les bases de leurs vies et qu’il se sentait le plus en harmonie avec l’éducation qu’il avait reçue. Allait-il rester dans l’armée ? Quand il revint, sa troisième ficelle n’était considérée que comme provisoire. Alors il eut fallu attendre entre 10 et 15 ans avant de la retrouver ; perspective peu encourageante après les responsabilités assumées en Pologne…
Il se lança alors dans des études de droit passa son doctorat puis poursuivit par le droit international à La Haye. Parallèlement, il fréquenta l’abbé Brémond et poursuivit une recherche spirituelle personnelle qui le conduisit à se convertir au catholicisme dès 1923. Il s’inscrivit au barreau et y resta jusqu’en 1973 après cinquante années de présence au Palais comme avocat d’Assise puis comme avocat de propriété industrielle après la guerre de 40.
Pourquoi Louveciennes ?
Ses parents voulaient recréer sur le sol de France « les éléments d'une famille brutalement dispersée » et consolider leurs nouvelles racines françaises. C’est pourquoi ils recherchèrent un lieu qui pourrait accueillir l’ensemble de leur famille et matérialiser ainsi leur nouvelle appartenance à cette France qui leur avait ouvert ses bras. Par des relations de ma grand-mère très engagée elle-même dans le développement des premières crèches durant la guerre de 1914-1918, elle rencontra la maréchale Joffre qui venait de faire construire à Louveciennes une résidence « La Châtaigneraie » qui comportait aussi la Ferme des Deux Portes, ensemble important de bâtiments.
La ferme des Deux-Portes en 1914
Les Joffre ne souhaitaient pas conserver cette partie, aussi ont-ils été d’accord pour céder la Ferme à mon grand-père qui la transforma et l’aménagea avec beaucoup de goût. Les habitants de Louveciennes qui connurent cette ferme avant 14 où ils venaient chercher du lait et des œufs, furent tellement ébahis de sa transformation par mon grand-père qu’ils le surnommèrent « le magicien ». C’est ainsi que cette propriété est entrée dans notre famille en 1927 et qu’elle y demeure aujourd’hui après quelques transformations, sans en altérer le caractère initial voulu par mon grand-père. C’est ainsi que mes parents s’y établirent après leur mariage en 1931.
La ferme des Deux-Portes en 1935
Mon père y vécut des jours heureux s’adonnant à la promenade dans les environs et en plus de son métier d’avocat, fit de nombreuses recherches sur les personnages illustres qui habitèrent ces lieux. Son amour de la littérature l’entraîna à écrire sur des sujets variés tels que : « L’histoire des chefs d’entreprise » ou « Le rôle des chefs d’entreprise dans la Grande industrie », « Ce qu’il faut connaître de l’Âme polonaise », « Vies polonaises », « Stanislas-Auguste Poniatowski », « Le Maréchal Lyautey », « Lazare Hoche », « Henri Brémond », « Nicolas Copernic », « Louveciennes à travers les Alpes Galantes de l’Île de France ».
La ferme des Deux-Portes actuellement (1)
La ferme des Deux-Portes actuellement (2)
La guerre et la Libération
Mon père reprit du service en 1940 au 117ème régiment d’Infanterie à Laval puis dans l’armée polonaise constituée en France. Il fut interné en Suisse après la débâcle sur le front de l’Est. Quand il put revenir en France il reprit tant bien que mal ses activités. Arrêté à Paris et interné aux Tourelles comme otage (à cause de son frère, passé en Angleterre avec le Général de Gaulle et de ce fait déclaré traître à la patrie). Transféré au Mont Dore il fut libéré par le maquis local avec lequel il partagea leurs actions pendant quelque temps. Impatient de participer à la Libération de Paris il rejoignit clandestinement la capitale dès qu’il le put. Adjoint au commandant FFI du 7ème arrondissement il fut blessé durant les combats. Son engagement résistant lui valu le grade d’officier de la Légion d’honneur, la Croix de guerre 1939-1945 et la Médaille de la Résistance.
Membre du Conseil municipal de Louveciennes depuis un certain temps (1935), il fut appelé par une fraction de ce même conseil à prendre à la Libération, la responsabilité de la mairie. Cette période fut particulièrement douloureuse pour beaucoup car le climat de cette époque était particulièrement haineux.
Stanislas Palewski
>>>>>> A suivre : La Libération et le rétablissement difficile de l’autorité de l’Etat
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