L’existence de carrières sur le territoire de Louveciennes - et des communes avoisinantes de Bougival et du Port-Marly - est bien connue.
Les risques qu’ils font courir ont été recensés dans une excellente étude menée par le service des carrières dépendant de la Préfecture des Yvelines (1). Ce document devait être examiné par le conseil municipal le 15 décembre dernier mais pour des raisons matérielles ce point a été reporté à l’ordre du jour de la séance du 25 janvier 2012.
Entretemps, un événement est venu concrétiser le risque sur une zone clairement identifiée dans le rapport de l’Etat. En effet, selon la description très précise qu’en a faite Daniel Dériot, maire-adjoint chargé des Travaux (2), le jeudi 5 janvier 2012, au matin, un camion chargé de l’enlèvement des encombrements, en manoeuvrant, à l'angle de l’allée des Soudanes et de l’allée Sept-Peupliers, a vu sa roue arrière droite s'enfoncer dans le bitume, L’effondrement a produit un trou de près de 7 mètres de profondeur et 3,50 de diamètre, sans causer autre chose que des dégâts matériels. Le lieu a été immédiatement sécurisé. Les premiers constats ont révélé l’existence d’une canalisation d’eaux usées cassée, d’une canalisation de gaz en bordure du trottoir « ce qui nous inquiétait », et d’une ligne Edf. « Nous avons alerté tous les concessionnaires concernés et comme cela s’est produit sur une ancienne galerie, nous avons alerté le service des carrières qui s’est rendu sur place. Celui-ci a dit qu’il s’agissait d’un effondrement de type fontis ». Ce type de désordre se produit lorsque « le remblai est de mauvaise qualité, une poche d’air se forme alors, la voûte de la galerie se détériore et tombe ce qui fait une cheminée verticale vers la surface. »
Trois sondages ont été effectués par la société Sémofi - spécialisée dans la maîtrise d’œuvre de consolidation des carrières – et le service des carrières a pu réaliser une inspection par caméra qui a révélé l’existence d’un deuxième fontis en cours de formation au niveau du carrefour. « Nous nous sommes alors réjouis, malgré les embarras de circulation provoqué, d’avoir fermé le carrefour ». L’ensemble de cette zone est situé au-dessus d’une ancienne carrière de calcaire (« carrière Bouteiller ») qui avait fait l’objet de remblaiements lors de la construction de deux immeubles des Clos. Mais la qualité de ces remblaiements n’est pas connue.
Des travaux à entreprendre
Dans sa présentation Daniel Dériot, a donné des indications sur la suite des évènements : « Il faut maintenant passer aux travaux : boucher le trou, injecter un béton spécial sur les parois, injecter du béton dans les parties supérieures, étayer la canalisation d’assainissement ainsi que celle du gaz qui heureusement est en acier et non en fonte. » Le deuxième fontis fera également l’objet d’injections de béton.
Les travaux ont commencé vendredi 27 janvier 2012 et dureront une quinzaine de jours. Il faudra également faire des sondages complémentaires à proximité des fontis déjà constatés ; il sera aussi recommandé aux propriétaires des deux immeubles à proximité de faire faire des sondages géotechniques même si on a l’assurance, à ce jour, que des pieux de béton ont été posés au moment de leur construction.
Des inquiétudes à dissiper
Pascal Hervier, conseiller municipal, s’est fait l’écho des inquiétudes exprimées par certains habitants, notamment des Clos, sur les risques encourus. Il demande qu’une information complète soit faite par la municipalité sur ces questions de façon à combattre les fausses rumeurs.
D’ores et déjà on peut retenir que les surfaces concernées par les carrières représentent de l’ordre de 8 % du territoire de la commune et écrire comme le font les journaux locaux (Courrier des Yvelines ou Les Dernières Nouvelles) que « le sous-sol louveciennois est un gruyère » relève d’un journalisme approximatif c’est-à-dire peu documenté. S’agissant des Clos, seuls deux immeubles sont concernés car situés dans une zone d’aléas faibles ou moyens qui mérite certes attention.
Il existe en revanche des risques de mouvements de terrains dans certaines parties de Louveciennes dus à la présence d’innombrables sources et à un ruissellement des eaux dont la maîtrise doit être assurée.
Les zones de risques
L’exploitation des carrières à Louveciennes est fort ancienne ; elle a commencé dès le XVIIème siècle par les carriers de Meudon qui prospectaient les rives de la Seine et exploitaient en même temps sur les communes voisines de Bougival et de Port-Marly des carrières de craie pour la production de chaux. Cette industrie s’est développée au XIXème siècle et n’a été officiellement arrêtée qu’en 1971.
Les exploitations de calcaire grossier sont bien moins vastes et commencent à Louveciennes au milieu du XIXème siècle. La plus grande dite « carrière Bouteiller » n'a été exploitée qu'une quarantaine d'années puis été reprise en champignonnière jusqu'en 1935.
Les auteurs du rapport de présentation du Plan de prévention des risques naturels (PPRN) prennent la précaution d’écrire que « la connaissance relative aux carrières souterraines n'est que partielle et repose, pour les parties qui ne sont plus visitables, sur la documentation établie par le carrier et retrouvée dans les archives départementales des Yvelines et de l'ancien Service des Mines. »
Les experts identifient quatre zones de carrière, trois correspondant à des carrières souterraines, une zone correspondant à une carrière qui avait été exploitée à ciel ouvert.
Le Plan de zonage réglementaire des carrières souterraines abandonnées de calcaire grossier et de craie (document provisoire – septembre 2011)
Pour agrandir l'image, cliquez dessus
1. LieuDit La Machine – Domaine des Granges du Barry – résidence des Lions (à Bougival)
cf Zone R1 et R2 sur le plan
L'exploitation a commencé antérieurement à 1840, elle a été abandonnée partiellement en 1956, la fermeture des entrées a été faites en 1971. Un effondrement généralisé d'un secteur a été recensé sur la commune en 1943. Des travaux partiels de remblaiement et de comblements ont été effectués dans les années 1960/1970. Une partie de galeries d'accès a fait l'objet d'un comblement afin de limiter les visites clandestines
2. Entre le chemin rural dit des Soudannes et l’allée des Prés Saint Denis en ce qui concerne Louveciennes,
cf Zone bleue du plan à la lisière de Bougival
Cette carrière est accessible par la commune de Bougival (37, route de Louveciennes). La superficie est relativement réduite (300 m2). Le coté louveciennois de la carrière n'est plus accessible puisqu'un remblaiement a eu lieu en 1970 sous cette partie.
3. Entre les rues de Montbuisson et de la Princesse et les allées de la Bomberge, de la Charbonnière et des Soudanes
cf Zone bleue, facilement identifiable sur la carte, le rectangle représentant l’immeuble de bureaux de la route de la Princesse
L’exploitation de calcaire grossier a été faite entre 1846 et 1884, de la champignonnière ont existées jusqu’en 1936 (« Carrière Bouteiller »). L’entrée de la carrière a fait l'objet d'un terrassement, et une autre partie a été remblayée à l’occasion de la construction de deux immeubles des Clos.
L’événement du 5 janvier 2012 s’est produit dans ce secteur (il a été précédé par une dizaine d’autres en 1973-1974 où l’on a pu constater de multiples ruptures de canalisations).
4. A proximité des terrains de tennis Du Barry
cf compris dans la Zone Rouge R2
Il s’agit d’une ancienne petite carrière exploitée à ciel ouvert à partir de laquelle quelques galeries de taille réduite ont été construites.
Et maintenant ?
Le projet de PPRN a été soumis aux conseillers municipaux qui ont donné unanimement un avis favorable le 25 janvier 2012; préalablement les propriétaires des zones à risque avaient été consultés ; ce document va maintenant faire l’objet d’une enquête publique entre le lundi 13 février et mercredi 21 mars 2012 (4) pour finalement être soumis à l’approbation du conseil municipal et devenir exécutoire. Il sera joint au PLU.
Nous aurons l’occasion de revenir après l’approbation définitive du PPRN sur les principales mesures envisagées : interdiction de construire dans les zones rouges (aux aléas très forts ou forts), nécessité de faire des études géothermiques dans les zones bleues (aux aléas moyens ou faibles)…..
FK
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(1) Préfecture des Yvelines - Direction départementale des territoires
« Plan de prévention des risques de mouvements de terrain liés aux anciennes carrières souterraines de calcaire grossier et de craie »
(2) Déclaration en conseil municipal du 25 janvier 2012
(3) Arrêté du 9 mars 1971 du préfet des Yvelines qui déclare l'abandon de la carrière par la société « Le Blanc Minéral ». Par la suite celle-ci sera réutilisée pour la culture du champignon.
(4) Monsieur Jean Lecointre (expert) a été désigné comme commissaire enquêteur titulaire et Monsieur Alain Henry Aubry comme commissaire enquêteur suppléant.
Le public pourra prendre connaissance du dossier à la mairie de Louveciennes aux jours et heures habituels d'ouverture au public et consigner ses observations sur le registre ouvert à cet effet ou les adresser directement par écrit au commissaire enquêteur à la mairie de Louveciennes.
Le commissaire enquêteur se tiendra à la disposition des personnes qui désireraient lui faire part directement de leurs observations aux dates et heures ci-après : Mardi 14 février de 16h à 19h, Mardi 6 mars de 16h à 19h, Samedi 10 mars de 9h à 12h, Samedi 17 mars de 9h à 12h, Mercredi 21 mars de 15h à 18h.
Des délais
Dans sa lettre adressée aux Louveciennois (mars 2012), le maire indique que « la cavité initiale découverte suite à l’affaissement de la voirie est aujourd’hui comblée mais les sondages périphériques ont révélé la présence de vides résiduels sous le carrefour qui nécessitent l’injection de béton pour assurer la solidité de l’ouvrage.
Le comblement des carrières sera assuré par l’injection de différents coulis au moyen de tubes positionnés dans 31 forages réalisés sur le site.
Compte tenu du temps de séchage des matériaux spécifiques utilisés dans le cadre de ce chantier, la durée prévisionnelle des travaux engagés le 13 février est de 13 semaines. »
Rédigé par : La rédaction | 22 mars 2012 à 18:43
Résultat de l’enquête publique
Monsieur Jean Lecointre vient d’émettre, à la suite de l’enquête publique, un avis favorable au Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) concernant les mouvements de terrains liés aux anciennes carrières souterraines abandonnées.
Dans son rapport, disponible sur le site internet de la Mairie, il rappelle « que d'une part seulement 8 % de la surface de la commune était sous- minée et que d'autre part, la très grande majorité des zones rouges qui avaient été identifiées étaient des surfaces naturelles ; c'est sans doute l'une des raisons du peu d'intérêt manifesté, si l'on en juge par le peu de personnes reçues pendant les permanences.
Peut-être faut-il en chercher une autre dans le fait que la révision récente du PLU a beaucoup mobilisé. Je pense surtout que chacun adhère à priori à la nécessité d'anticiper les risques et que dans le cas présent, le zonage retenu de même que le règlement afférant, est apparu comme fondé et raisonnable.
Les divers contacts et investigations que j'ai pu mener au cours de cette enquête, m'ont par ailleurs convaincu que, tant sur le fond que sur la forme, les obligations et procédures prévues par les textes en vigueur, avaient parfaitement été exécutées. »
Rédigé par : La rédaction | 16 juin 2012 à 20:30
Les travaux de comblement de la cavité découverte à la suite de l'affaissement de la voirie (intersection de la rue des 7 Peupliers et de l'allée des Soudanes) sont achevés et les contrôles se sont révélés positifs. La circulation vient d'être rétablie (vendredi 15/06/2012).
En revanche, un peu plus haut, dans l'allée des Soudanes des sondages ont révélé l'existence de cavités ; l'évaluation des travaux à réaliser est en cours.
Rédigé par : La rédaction | 16 juin 2012 à 20:36