Louise Elisabeth Vigée Lebrun (1755-1842), une vie d’artiste au féminin (5)
Après sa fuite, Louise Elisabeth Vigée Le Brun va entamer un périple à travers l’Europe qui durera treize années et qui va la conduire successivement en Italie (1789-1792), à Vienne (1792-1795), en Russie (1795-1801), puis en Prusse (2ème semestre 1801). De retour à Paris le 18 janvier 1802, elle ne va pas y rester longtemps. Dès avril 1803, elle part pour Londres et séjournera plus de deux ans en Angleterre puis fera de longs voyages en Suisse (1807-1808) et dans les Alpes savoyardes.
La découverte de l’Italie
Accompagnée de sa fille, Julie et de sa gouvernante, l’Italie sera la première étape de son grand périple. Partie « la bourse vide, une centaine de louis tout juste de quoi payer son voyage », Louise Elisabeth possède cependant ce qu’on appelle aujourd’hui un beau « carnet d’adresses ».
Mais l’Italie c’est d’abord pour l’artiste un continuel éblouissement devant ces magnifiques paysages romains et napolitains, ces palais, ces vestiges de l‘Antiquité, ces chefs-d’oeuvres omniprésents dont ceux de Canaletto, Le Titien, Le Caravage … et surtout ceux de son cher Raphaël.
L’Italie lui offre également de nombreuses rencontres. Avec des artistes français installés sur place comme son ami Guillaume Ménageot, directeur de l’Académie de France à Rome et ses élèves, comme Dominique Vivant Denon, des artistes étrangers comme le graveur Porporato qui sera le premier à l’accueillir à son arrivée à Turin ou Angelica Kaufmann, portraitiste suisse déjà célèbre.
Elle fréquente bien entendu les milieux de l’émigration réfugiés dans la Péninsule, son ami très cher, le comte de Vaudreuil, les Polignac, le cardinal de Bernis, le prince Camille de Rohan,
Elle est à l’aise en société et l’accueil est le plus souvent favorable dans les villes traversées où dans celles où elle s’établit pour de plus longs séjours comme à Rome ou à Naples. S’agissant des Italiens, leur comportement est variable, très réservé à Rome et à Venise. Heureusement, il y a les membres des colonies anglaise et russes, souvent beaucoup plus chaleureux.
Les Académies de Peinture honorent Madame Le Brun en la faisant membre (Académie de Parme, Académie San Luca de Rome,…). Elle reçoit des commandes nombreuses.
Elle s’installe à Rome fin novembre 1789 après avoir fait étape à Turin, Parme et Florence. Au printemps de 1790, elle part pour Naples afin de conquérir une nouvelle clientèle. Elle y fera trois séjours. La sœur ainée de Marie-Antoinette, Marie-Caroline, est l’épouse du roi de Naples, Ferdinand 1er. « La reine de Naples avait un grand caractère et beaucoup d’esprit. Elle seule portait tout le fardeau du gouvernement. Le roi ne voulait point régner : il restait presque toujours à Caserte, occupé de manufactures, dont les ouvrières, disait-on, lui composaient un sérail. » C’est avec beaucoup d’émotion qu’elle rencontre la reine de Naples qui va lui confier le soin de réaliser plusieurs portraits de ses enfants, ses trois filles à marier, le prince héritier et elle-même. « La reine de Naples, sans être aussi jolie que sa sœur cadette, la reine de France, me la rappelait beaucoup ; son visage était fatigué, mais, l’on pouvait encore juger qu’elle avait été belle ; et ses mains et ses bras surtout étaient la perfection pour la forme et pour le ton de la couleur des chairs. »
Pour illustrer le séjour à Naples, nous avons choisi un des portraits consacrés à Lady Hamilton, femme de l’ambassadeur d’Angleterre à Naples, beauté qui a défrayé la chronique de son temps par ses nombreuses relations amoureuses, notamment celle entretenue avec l’amiral Nelson, le futur vainqueur de Trafalgar, à qui elle a donné une fille.
Lady Hamilton en Sybille,
1791-1792
Huile sur toile
28,8" x 22,5"
Copie (buste)
Lady Hamilton en Sybille,
1791-1792
Huile sur toile
54 5/8" x 39 3/4"
Collection particulière
De nombreuses copies ont été réalisées (dont la précédente ;certaines ne sont pas de la main de l’artiste).
Cette toile est précieuse pour l’artiste qui l’emportera dans ses voyages ultérieurs. A chaque étape, elle sera reclouée sur son cadre et servira de faire-valoir à l’artiste. » C’est ainsi qu’elle sera notamment exposée avec succès à Vienne (sous l’égide du prince Kaunitz, ancien ministre de l’impératrice Marie-Thérèse)) et à Dresde à l’initiative de l’électeur de Saxe. Le tableau sera vendu beaucoup plus tard par Madame Le Brun, en 1819, au duc de Berry.
Elle avait réalisé, préalablement, un autre portrait de Lady Hamilton, en bacchante où la chevelure du modèle est particulièrement mise en valeur, « chevelure brune si épaisse, que dénouée, elle la recouvre toute entière ».
Parmi les nombreuses réalisations de l’artiste durant son séjour en Italie, nous avons également retenu un auto-portrait qu’elle a exécuté, à la demande du grand Duc de Toscane, pour la Galleria degli Uffizi de Florence.
Auto-portrait
1790
Peinture à l’huile
79.248 x 100.076 cm
Galleria degli Uffizi, Firenze
Une copie de ce tableau, datée et signée et réalisée en 1791 à Naples figure dans les collections du musée d’Ickworth Suffolk (East of England, National Trust).
Nous avons déjà reproduit dans de précédents articles des auto-portraits, leur nombre est important, celui des Uffizi est un des plus célèbres.
Tentative avortée de retour en France
Le 14 avril 1792, elle quitte Rome en espérant retourner à Paris, en faisant un crochet par Venise qu’elle tient absolument à voir. Elle passera successivement par Spoleto, Foligno, Florence, Sienne, Parme, Mantoue, Vérone, Turin. Mais de nombreux obstacles se dressent devant ce projet de retour. Elle figure en effet sur la liste des émigrés et à ce titre a perdu ses droits de citoyen français. Son mari resté à Paris essaiera en vain de la faire barrer de cette liste en prétextant que le voyage en Italie avait été projeté depuis longtemps et était motivé par le désir de l’artiste de connaître la Patrie des Arts. Mais 1792 est également une année marquée par le durcissement de la Révolution (prise des Tuileries le 10 août, arrestation du roi, massacres de septembre,…). Dans ce contexte, Louise Elisabeth décide sagement de poursuivre jusqu’en Autriche, à Vienne plus précisément. Louis Jean Baptiste Rivière, frère aîné de sa belle-sœur, lui même peintre, l’a rejointe ; il sera son compagnon de voyage les neuf années suivantes.
« Heureuse à Vienne »
« J’étais heureuse à Vienne autant qu’il est possible de l’être loin des siens et de son pays. » (Souvenirs).
Elle arrive à Vienne à la fin de l’été 1792, muni de nombreuses lettres d’introduction.
« Peu de jours après
mon arrivée à Vienne, je fis connaissance avec le baron et la baronne de
Strogonov qui me prièrent tous deux de faire leurs portraits. La baronne se
faisait aimer par sa douceur et par son extrême bienveillance ; quant à son
mari, il possédait un charme supérieur pour animer la société ; il faisait les
délices de Vienne en donnant des soupers, des spectacles et des fêtes, où
chacun se pressait de se faire inviter. » (Souvenirs)
Le caractère enjoué des Viennois, l’intense vie musicale, le vin blanc dans les guinguettes, les promenades au Prater, le caractère cosmopolite de la population, des Hongrois, des Polonais sans parler de la colonie russe, l’enchantent.
Les commandes affluent, fort lucratives, mais elles sont le plus souvent le fait d’une clientèle étrangère. La Cour de Vienne est étonnamment fermée à Madame Le Brun. Joseph II, frère de Marie-Antoinette, est mort en 1790. Son frère, Léopold II, qui lui a succédé, est loin d’être francophile et se montre d’ailleurs des plus tièdes pour venir en aide à sa sœur, Marie-Antoinette, en grand danger. La Cour se méfie des Français, soupçonnés de véhiculer des idées pernicieuses ou d’ourdir des complots jacobins.
Durant ce séjour de 30 mois, Louise Elisabeth réalisera plus de 54 portraits à l’huile et au pastel. Nous avons retenu celui de Flore Kagenek, alors âgée de treize ans, fille de l’ambassadeur d’Espagne, et cousine des princes Metternich.
Portrait de Flore Kagenek
1792
Fondation Bemberg, Toulouse
En 1793, de tristes nouvelles proviennent de France avec l’exécution de Louis XVI, en janvier, et de Marie-Antoinette, en octobre
Travail intense et mondanités en Russie
« Je ne pensais (…) nullement à quitter l’Autriche, lorsque l’ambassadeur de Russie et plusieurs de ses compatriotes me pressèrent vivement d’aller à Saint-Pétersbourg où l’on m’assurait que l’impératrice me verrait arriver avec un extrême plaisir. » (Souvenirs)
Elle arrive à Saint-Pétersbourg fin juin 1795. Elle loue un appartement près du Palais d’hiver. Dès le surlendemain de son arrivée, elle est présentée solennellement par Catherine II : « L’aspect de cette femme si célèbre me faisait une telle impression, qu’il m’était impossible de songer à autre chose qu’à la contempler. Le génie paraissait siéger sur son front large et très élevé. Elle me dit aussitôt avec un son de voix plein de douceur, un peu gras pourtant : Je suis charmée, Madame, de vous recevoir ici ; votre réputation vous avait devancée. J’aime beaucoup les arts, et surtout la peinture. Je ne suis pas connaisseur, mais amateur. » (Souvenirs)
La suite s’est révélée beaucoup moins agréable. On lui confie le soin de réaliser un tableau représentant les deux petites-filles de l’impératrice, Alexandra et Elena Pavlovna. Ce tableau déplaît à Catherine II comme elle l’écrit dans sa correspondance au baron Grimm (citée par Geneviève Haroche-Bouzinac) : « Les partisans de mad. Le Brun élèvent cela aux nues, mais à mon avis, c’est bien mauvais, parce qu’il n’y a dans ce tableau-portrait ni ressemblance, ni goût, ni noblesse, et qu’il faut avoir le sens bouché pour manquer ainsi son sujet, en ayant surtout un pareil devant les yeux : il fallait copier Dame nature et non pas inventer des attitudes de singes. »
En dépit de ce faux-pas, son intégration dans la société aristocratique russe est rapide et les commandes nombreuses. Elle travaille d’arrache pied le jour (aidé par Rivière qui assure les nombreuses répliques) et participe aux mondanités les soirs ou les dimanches.
Elle est invitée à se rendre dans les « meilleures maisons » : « Tous les soirs j’allais dans le monde ; je me plaisais dans ces réunions journalières, où je retrouvais toute l’urbanité, toute la grâce d’un cercle français ; car, pour me servir de l’expression de la princesse Dolgorouki, il semble que le bon goût ait sauté à pieds joints de Paris à Saint-Pétersbourg. »
« J’avais remarqué qu’à Saint-Pétersbourg la haute société ne formait, pour ainsi dire, qu’une famille, tous les nobles étaient cousins les uns des autres ; à Moscou, où la population est beaucoup plus nombreuse, la société devient presque un public. Par exemple, il peut tenir 6 000 personnes dans la salle de bal où se réunissent les premières familles. Une foule de seigneurs, possédant des fortunes colossales, se plaisent à tenir table ouverte, au point qu’un étranger connu, ou bien recommandé, n’a jamais besoin d’avoir recours au restaurateur. Il trouve partout un dîner, un souper, il n’a que l’embarras du choix. »
Trois portraits pour illustrer le séjour russe.
Nous retiendrons un des deux portraits qu’elle a consacré à Stanislas-Auguste Poniatowski, ancien amant de Catherine II, devenu roi de Pologne. Il vit à l’époque à Saint Pétersbourg, dépossédé de la couronne, en « simple particulier ». « Il s’était fait une société agréable, composée en grande partie de Français, auxquels il joignait quelques autres étrangers qu’il avait distingués. Il eut l’extrême bonté de me rechercher, de m’inviter à ses réunions intimes, et il m’appelait sa bonne amie ». « Son beau visage exprimait la douceur et la bienveillance. Le son de sa voix était pénétrant et sa marche avait infiniment de dignité sans aucune affectation. Il causait avec un charme tout particulier, possédant à un haut degré l’amour et la connaissance des lettres. Je manquais rarement les petits soupers du roi de Pologne." Cet ami succombe en 1798 à une attaque d’apoplexie à Saint-Pétersbourg. Les amis de la Pologne seront moins indulgents pour le personnage car cette période est marquée par le dépeçage du pays au profit de la Russie, de la Prusse et de l’Autriche.
Portrait de Stanislas-Auguste Poniatowski,
1797
Huile sur toile
78x98 cm
Musée national des châteaux de Versailles et des Trianons
Le second de cette sélection sera celui de Varvara, fille naturelle de la comtesse Stroganova, qui vivait séparée de son mari. L’artiste a réalisé ce tableau en échange de l’hospitalité offerte à Moscou par la comtesse.
Varvara Ivanovna Ladomirskaïa,
1800
Peinture à l’huile
25 x 21 3/4"
Colombus Museum of Arts
Enfin parmi les innombrables auto-portraits on ne résistera pas à reproduire celui réalisésé en Russie. Louise-Elisabeth a alors 45 années.
Auto-portrait
1800
Huile sur toile
78,5 x 68 cm
Musée de l’Académie des Arts, Saint-Petersbourg
Parmi les évènements notables intervenus lors de son séjour, on relèvera la mort de l’impératrice, Catherine II en novembre 1796, la succession chaotique assurée par son fils Paul 1er qui s’achèvera par son assassinat.
Sur un plan personnel, sa fille, Julie, maintenant adulte, au caractère très affirmé, se détache de sa mère, ce qui ne va pas sans déchirements. « Ses grands yeux bleus où se peignait tant d’esprit, son nez un peu retroussé, sa jolie bouche, de très belles dents, une fraîcheur éclatante, tout formait un des plus jolies visages qu’on puisse voir. » (Souvenirs). Julie s’est éprise d’un secrétaire du comte Tchernichev, Gaetano Nigris, que Louise Elisabeth trouve antipathique et sans le sous. Malgré la longue résistance de sa mère, Julie va finir par se marier, le 31 août 1799, à l’âge de 20 ans, avec Nigris.
Le 16 juin 1800 Madame Le Brun est reçue à la prestigieuse Académie de peinture de Saint Petersbourg.
Sur le chemin du retour
Un jour de juin 1801, Louise Elisabeth quitte la Russie pour Paris, toujours accompagnée par le fidèle Rivière. Deux berlines lourdement chargés de bagages, de tableaux prennent la route . Elle fera une halte de six mois à Berlin. A peine arrivée sur les terres prussiennes après un voyage éprouvant, une lettre lui parvient à l’auberge où elle est déjà installée. La reine Louise de Prusse, alors à Postdam, lui fait savoir qu’elle y serait bienvenue. Comme toujours, sa réputation la précède. Elle réalisera un très beau pastel représentant la jolie reine de Prusse « dans son naturel. »
Louise Augusta von Mecklenburg-Strelitz, reine de Prusse
1801
Pastel
Schloss Charlottenburg, Berlin
Elle débarque à Paris le 18 janvier 1802 où en dépit du divorce, prononcé en son absence en 1794, du temps de la Terreur, elle est accueillie par son ex-mari, et la famille. Jean-Baptiste Le Brun organisera en son honneur une soirée de concert auquel il a convié le Tout Paris.
Intermède anglais
Ayant peu de sympathies pour le nouveau régime (le consulat de Bonaparte) le moment lui semble propice pour un séjour en Angleterre, rendu possible par la signature du traité d’Amiens entre les deux pays. Le séjour sera lucratif, elle peint de nombreux portraits dont ceux du prince de Galles et de lord Byron. Elle fait également l’objet d’une véritable campagne de dénigrement de confrères anglais jaloux de ses succès et des tarifs élevés qu’elle pratique.
Elle revient à Paris en juillet 1805 mais aura finalement peu de relations avec le régime. Elle recevra une seule commande officielle, le portrait de Caroline Murat, sœur de Napoléon, elle gardera un souvenir exécrable des séances de pose avec son modèle « J’ai peint de véritables princesses qui ne m’ont jamais tourmentées et ne m’ont pas fait attendre » dira-t-elle
Les Alpes sont à la mode
En 1807 et 1808, elle fera deux voyages en Suisse. Les Alpes sont à la mode, en ce temps là. Elle incline vers la peinture de paysages mais peu de tableaux de cette époque nous sont parvenus.
Vue du lac de Chelles au Mont Blanc,
entre 1807 et 1809
Minneapolis of Arts (MIA)
Références :
1. Élisabeth Louise Vigée Le Brun, Souvenirs 1755-1842 (Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux), texte établi, présenté et annoté par Geneviève Haroche-Bouzinac, Paris, Honoré Champion Éditeur, Paris, 2008, 852 pp.
2. Geneviève Haroche-Bouzinac, Louise Élisabeth Vigée Le Brun, histoire d’un regard, éditions Flammarion, collection « Grandes Biographies », 688 pp., 27 €.
Prochain article : La maison de campagne de Louveciennes
Articles déjà parus :
- Une vie d’artiste au féminin (compte-rendu de la biographie de Geneviève Haroche-Bouzinac).
http://louveciennestribune.typepad.com/media/2012/05/une-vie-dartiste-au-féminin.html
- La reconnaissance d’un talent
http://louveciennestribune.typepad.com/media/2012/07/la-reconnaissance-dun-talent.html
- La portraitiste de la reine
http://louveciennestribune.typepad.com/media/2012/08/la-portraitiste-de-la-reine.html
- Trois portraits de Madame du Barry
http://louveciennestribune.typepad.com/media/2012/08/trois-portraits-de-madame-du-barry.html
- La fuite
http://louveciennestribune.typepad.com/media/2012/08/la-fuite.html
Heureuse coincidence. je viens de voir hier soir sur France 2 Secrets d'histoire une émission consacrée à Marie Caroline, la soeur de Marie Antoinette et reine de Naples
C'était une passionnante lecon d'histoire avec Marie Caroline d'abord en reine inspirée des Lumières imprégnée de progrès (place des femmes, développement économique, mécène....) puis après la révolution qui l'a chassée de Naples un retour triomphant et une répression sans merci de ses ennemis
merci à la télévision de nous offrir ces beaux moments. Belle compensation à l'heure où l'histoire est massacrée dans l'éducation nationale par une bande de crétins.
Rédigé par : raymond | 29 août 2012 à 13:12