Louise Elisabeth Vigée Lebrun (1755-1842), une vie
d’artiste au féminin (7)
De 1810, jusqu’à sa
mort, Louise Elisabeth Vigée Lebrun se
partage entre son appartement parisien et sa maison de campagne de Louveciennes
où elle passe huit mois de l’année. « Je
partais pour Louveciennes avant les premières feuilles (…) Là, ma vie
s’écoulait le plus doucement du monde. Je peignais, je m’occupais de mon
jardin, je faisais de longues promenades solitaires, et les dimanches je
recevais mes amis. » (Souvenirs)
… Louveciennes était à un peu plus de deux heures de calèche de Paris.
Dans son voisinage,
réside au château des Voisins, Madeleine Pourrat dont le salon, avant la
Révolution, était très couru. Fanny, sa fille aînée, a été l'égérie d'André
Chénier. Depuis la disparition de Fanny, Madame Pourrat élève ses
petits-enfants avec l'aide de sa seconde fille, Jenny. Celle-ci devenue
comtesse Hocquart de Turtot, est évoquée dans les Souvenirs : « madame Hocquart est une de ces femmes
distinguées avec lesquelles on aimerait à passer sa vie. Son esprit, sa gaieté
naturelle me l’avaient toujours fait rechercher, et c’était une bonne fortune
que de loger près d’elle. Parmi plusieurs talents qu’elle possédait, elle en
avait un si remarquable pour jouer la comédie, que, dans certains rôles, on
pouvait la comparer, sans aucune flatterie, à mademoiselle Contat. Il en
résultait qu’il y avait assez souvent spectacle au château et la foule venait
de Paris pour applaudir madame Hocquart. »
A Paris, Louise Elisabeth,
avant d’installer, en 1829, ses meubles et ses tableaux à l'hôtel Le Coq situé au numéro 75 rue Saint
Lazare, aura occupé plusieurs appartements, au 15, de la rue Neuve-des-Mathurins, puis rue
d’Anjou et au 9 rue Neuve-de-Capucines. Bien que moins intense qu’au temps de
sa jeunesse, où son salon de la rue de Cléry accueillait artistes, écrivains,
elle a une vie sociale affirmée : soirées du samedi, salon littéraire, et
même au temps du Mardi-gras, bals costumés.
Une production artistique déclinante
Après son retour de
Suisse, Louise Elisabeth peint essentiellement pour elle-même et ses amis. Elle
accepte encore quelques commandes mais peu de tableaux surnagent de cette
époque. On dit que sa nouvelle passion est de peindre des paysages mais on n’en
garde peu de traces. Est-ce parce que les tableaux ont été perdus ? Ou
est-ce parce qu’ils n’ont pas été identifiés et dorment chez des
particuliers ?
De cette période, on
signalera l’existence de deux tableaux dans le plus pur style sulpicien.
« L’apothéose de la reine » », peint sous l’Empire, pour son
usage et qu’elle nomme « Mon rêve ». Marie-Antoinette, tout de blanc
vêtu, porte la palme de martyr. Le tableau sera offert à Céleste de
Chateaubriand pour l’institution charitable qu’elle a fondé rue d’Enfer.
Rentre également dans cette
catégorie, la toile consacrée à « Sainte Geneviève gardant ses moutons
dans la plaine de Nanterre » et offerte à l’église de Louveciennes à
l’occasion de la fête des Rameaux de 1822. « J’aimais tant Louveciennes,
que voulant y laisser un souvenir de moi, je peignis, pour son église, une
sainte Geneviève » (sainte Geneviève a le visage de Julie). Ce tableau est
actuellement en possession du Musée Promenade Marly-le-Roi-Louveciennes.
On retiendra plus
sérieusement les deux portraits de la
duchesse de Berry, dans l'un, elle est
habillée d'une robe de velours rouge, et dans l'autre, d'une robe de velours
bleu. La réplique rouge sera exposée au Salon de 1824 mais sans rencontrer
un grand succès, les œuvres de Delacroix et d’Ingres suscitant beaucoup plus
d’enthousiasmes.

La duchesse de Berry en robe de velours bleu
Huile sur toile
1824
91 x71 cm
Collection particulière
« Malheureusement le charme et la
grâce naturelle du modèle ne suffisent pas à rattraper l’ouvrage d’une artiste
vieillissante, et ce portrait quelque peu endommagé par un fâcheux repeint. »
(Jérôme Cazeaux, La Tribune de l’Art).
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