Dans le cadre de l’ASL Randonnées (*), Frédérique Mouchenotte-Ghysel et Marc Antoine ont fait visiter à une trentaine de membres de cette association quelques passages couverts parisiens, par un après-midi glacial du mois de mars ; la traversée de ces lieux chargés d’histoire a permis de réchauffer les corps et les esprits.
Nous avons le plaisir d’offrir à nos lecteurs cet article en écho à cette escapade parisienne.
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Suivez-nous à travers les passages d'un Paris insoupçonné, intime, pittoresque et suranné à la fois ...
Du Palais-Royal aux Grands Boulevards, nous allons découvrir quelques passages couverts parisiens qui apparurent dans les années 1820-1840. 150 passages furent ouverts, il en subsiste aujourd’hui à peine une vingtaine !...
Dans un Paris alors sans égouts ni trottoirs, les voitures à cheval, la cohue, la poussière et, par temps de pluie, la boue, sont autant de tracas pour les piétons malmenés. Le soir les rues ne sont pas éclairées car l’éclairage public au gaz existera pour la première fois dans le passage des Panoramas. L’écrivain Céline vécut avec sa mère dans le passage Choiseul ; il écrira :
« Moi, j’ai été élevé au passage Choiseul dans le gaz de 250 becs d’éclairage. Du gaz et des claques, voilà ce que c’était, de mon temps, l’éducation. J’oubliais : du gaz, des claques et des nouilles. Parce que ma mère était dentellière, que les dentelles, ça prend les odeurs et que les nouilles n’ont aucune odeur. »
A la Révolution, de nombreux biens de l'aristocratie et du clergé sont vendus : la bourgeoisie industrielle s’en empare afin de créer des projets immobiliers lucratifs ; les passages servent alors de liaison et de raccourci entre ces différentes parcelles ; souvent situés à proximité de Messageries, ils sont utilisés par les voyageurs en partance qui patientent à l’abri des intempéries ; ils servent également de promenoirs pour les nombreux théâtres voisins ; ils permettent aux Parisiennes de pouvoir flâner en toute sécurité dans des lieux éclairés au gaz public, bordés de luxueuses devantures !
Le Palais-Royal, autrefois fief des Ducs d’Orléans, fut le lieu où il fallait être et être vu aux 18e et 19e siècles. Il fut le centre de la vie sociale, économique, politique, culturelle, mondaine ou demi-mondaine, brillante et parfois scandaleuse.
Tout naturellement, le modèle des galeries y naît : ce sont des Galeries de Bois où les élégantes se pressent mais ces galeries se dégradent et sont détruites ; c'est là que se trouve aujourd’hui - curieusement - le théâtre « éphémère » de la Comédie Française.
(Galerie du Palais-Royal – Photo Marc Antoine)
Tout naturellement, le réseau des passages couverts est parti du Palais-Royal et se prolonge jusqu'aux Grands Boulevards ; nous avons ainsi parcouru la Galerie Véro-Dodat - fondée par deux charcutiers, où se trouve la boutique du célèbre chausseur Louboutin -, la Galerie Colbert - et sa brasserie des années 1900, le Grand Colbert, très réputé - la Galerie Vivienne - peut-être la plus élégante car très bien restaurée, où le couturier Jean-Paul Gauthier s'est installé -, le Passage des Panoramas - très populaire, fort animé grâce aux bistrots, restaurants et salons de thé -, le Passage Jouffroy – où se trouve le musée Grévin - et le Passage Verdeau, tous intéressants à découvrir, car ils présentent un intérêt patrimonial évident.
Nous pouvons y admirer une architecture classique et novatrice, les verrières, leurs nouveaux moyens d’élévation, en particulier l’architecture métallique qui autorise des hauteurs et des dimensions hardies, des galeries plus ou moins vastes en fonction des impératifs immobiliers, des décors faits de bois, de fer, de miroirs qui suscitent un cadre tout en reflets et en transparence, des sols recouverts de mosaïques, souvent réalisés par des artistes italiens, où l’on retrouve parfois les noms des boutiquiers sur le sol.
Il nous reste encore à « explorer » des passages moins connus mais tout aussi pittoresques et qui se situent notamment de l’autre côté des grands boulevards ; ce sera peut-être le thème d’une de nos prochaines sorties, organisée par l’ASL Randonnées, pourquoi pas ?
Frédérique Mouchenotte-Ghysel & Marc Antoine
(Galerie des Proues –
Vestige du Palais Cardinal – Photo Marc Antoine)
(Galerie Vivienne – Photo Marc Antoine)
(Passage Jouffroy – Un bibliophile – Photo Marc Antoine)
(Passage Jouffroy – Verrière et horloge – Photo Marc Antoine)
(Galerie Vero-Dodat – Photo ER)
(*) Un focus sur l’ASL Randonnées
L’ASL Randonnées est une section de l’Association sportive de Louveciennes (ASL). Elle compte une soixantaine de membres. Son président est Bernard Tournier.
L’ASL Randonnées organise tous les mercredis une ballade sur les sentiers de l’Ouest parisien (en alternance, la journée avec repas/la demi-journée) ainsi qu’une randonnée le vendredi matin une fois par mois.
L’ASL Randonnées organise également des visites culturelles une fois par trimestre, telles que le Marais ou les passages couverts parisiens ; la prochaine visite aura lieu en mai : Promenade dans le Paris d’Hector Guimard.
Pour plus de renseignements, vous pouvez prendre contact avec :
Secrétaire général : Denise Amrouche,
Téléphone : 01 39 69 87 64
Président : Bernard Tournier
Téléphone : 01 39 69 46 76
Vice-Président : Jean-Claude Lejay
Téléphone : 01 39 69 64 35
Courriel : aslrandonnee@gmail.com
*** Clin d’œil de la rédaction de La Tribune des Louveciennes à ses amis randonneurs….la reproduction d’une paire de chaussure de luxe découverte dans un magasin de la galerie Véro-Dodat… Evitez toutefois de les chausser pour les ballades sur les sentiers de l’Ile-de-France (Photo ER).
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