Stationner aujourd’hui et demain à Louveciennes
(Parc de stationnement de la gare – janvier 2014)
Circuler et stationner sont des fonctions indissociablement liées mais également antagonistes. Une automobile est à l’arrêt, en moyenne, pendant 95 % de sa durée de vie (1). C’est dire l’importance de la question du stationnement qui se trouve être un sujet sensible voire conflictuel pour les riverains, les commerçants ... mais également les élus qui l’abordent, on les comprend, avec des pincettes.
1. Comment s’exprime la demande de stationnement ?
La demande de stationnement est variée, on peut distinguer : le stationnement résidentiel, le stationnement dit de « rabattement » à la gare, le stationnement lié au travail, aux commerces, aux loisirs… (1)
Le stationnement résidentiel
72% de l’ensemble des ménages louveciennois avaient au moins un emplacement réservé au stationnement (Source RP Insee 2006).
Le résident cherche à stationner au plus près de son domicile et pendant des durées longues (la nuit, le week-end, la journée lorsqu’il ne se rend pas au travail en voiture).
Sans disposer de chiffres précis sur « le gap » existant entre l’offre et le besoin de stationnement résidentiel, on peut constater qu’il existe un déficit qui se manifeste dans le tissu ancien (cœur du village, maisons individuelles ne disposant pas de garages) et dans certaines résidences. La situation la plus aigue se présente à la résidence duParc du Château (un appartement sur deux n’a pas de parking ou de garage…..) ; de plus ceux qui existent ne sont pas occupés rationnellement. Ceci se traduit par une occupation des places de stationnement gratuites du domaine public (parking de la mairie, parking Leclerc, le long de la rue de la Croix-Rouge…). D’autres grandes résidences sont également affectées par un manque de places de stationnement, situation qui ne fera que s’aggraver dans le futur.
L’offre de stationnement gratuite sur la voirie engendre des « effets d’aubaine » : dans les résidences, on délaisse les places de stationnement privées car il faut payer un loyer ; dans le cas de l’habitat individuel (les maisons), le garage est parfois converti en pièce d’habitation supplémentaire.
Là aussi force est de constater qu’en semaine les parkings de la gare sont saturés, situation qui se répercute dans les rues avoisinantes. Certains Louveciennois se plaignent que des « étrangers » à la commune viennent s’y garer et souhaiteraient que les places nous soient réservées. Sans nous prononcer sur « cette préférence locale », il convient de souligner que le grand parking de la gare fait l’objet d’une servitude (convention avec la Sncf) qui empêche de satisfaire cette revendication.
Dans le PLU, un des objectifs est de « renforcer l’accessibilité de la gare de Louveciennes » ce qui se décline ainsi : « Rendre la gare plus accessible aux cyclistes et aux piétons par une amélioration de l’offre en stationnement public (2 roues) et un développement des réseaux doux permettant d’y accéder. »
En dénombrant le nombre de vélos garés les jours de la semaine à la gare, on s’aperçoit que ce mode alternatif ne peut répondre au problème de la saturation des parkings de voitures. (2)
Les autres demandes de stationnement
A Louveciennes, des situations tendues peuvent également s’observer à certaines heures et à certains endroits bien identifiés comme devant certains bâtiments et équipements publics (la mairie, le gymnase,…), devant les écoles, dans les zones commerciales (coeur du village, centre commercial des Clos). Les besoins en stationnement se situent entre quelques minutes et une à deux heures.
Ces situations peuvent être à l'origine de dysfonctionnements : gêne de la circulation générale, stationnement sur les espaces réservés aux piétons, sur les aires de livraisons...
Le stationnement à Louveciennes lié au travail et aux loisirs ne semble en revanche pas poser de gros problèmes.
2. Faut-il instaurer le stationnement payant ?
Cette question n’a pour le moment pas été franchement abordée. Dans le PLU on parle d’ « optimiser le stationnement existant par une politique de stationnement dynamique » notamment à proximité de la gare, du centre ville et des commerces. Quant aux moyens pour y parvenir, ils sont relativement « soft » : meilleure utilisation des places existantes (par un roulement plus important), respect des limitations de durée en zone bleue, décalage des entrées dans les écoles, création de nouvelles places de stationnement (le où n’est pas précisé).
L’offre publique se présente sous forme de stationnement le long de la voirie et dans une dizaine de parkings dont les principaux sont ceux de la gare, de la mairie, Leclerc, rue Georges Blandon.
Comment régler la question du déficit entre offre et demande de stationnement ? En économie, définie d’une manière traditionnelle comme la science des ressources rares, il existe différentes manière de la résoudre : par les prix (c’est-à-dire faire payer le stationnement) et par la réglementation (interdictions, zone bleue,….). Le « laissez faire » ne saurait évidemment être une bonne politique.
Le principe actuel est celui de la gratuité du stationnement sur les emplacements publics. Une réglementation s’applique dans quelques zones précises : le stationnement en zone bleue est limité à une durée maximum de 20 minutes autour de la place de l’Eglise et rue du Professeur Tuffier et à 1h30 au parking et aux abords du centre commercial des Clos, à la place de la gare.
Dans une ville où la gratuité est la règle, l’instauration du stationnement payant n’est évidemment pas une décision facile à prendre par les élus. Son principe et son niveau de tarification relèvent d’une décision du conseil municipal. La justification de la mesure réside dans le fait qu’il s’agit d’un mode de régulation de la mobilité urbaine s’inscrivant dans un plan d’’ensemble (les interactions sont nombreuses). C’est également dans ce sens qu’il faut interpréter la récente dépénalisation des amendes de stationnement dont les montants relèveront dorénavant des communes. Au terme amende est substitué celui de « forfait post-stationnement ». L’idée sous-jacente c’est que le stationnement devienne un contrat d’occupation entre la ville et l’usager, se traduisant par le paiement d’une redevance d’occupation pour le stationnement.
Sur cette question délicate du stationnement payant, certains peuvent estimer qu’il est urgent d’attendre, la situation actuelle à Louveciennes, quoique instable et insatisfaisante, peut encore être prolongée de quelques mois, voire de quelques années.
3. Est-il réaliste de construire des parkings publics ?
Le stationnement public le long de la voirie communale ou sur des places n’est pas extensible ; la question de la construction de parking public souterrain s’est posée. A Louveciennes, cette solution n’est pas très réaliste.
La mairie avait envisagé de créer un parking en souterrain, place de l’hôtel de ville., mais le bilan financier s’est révélé dissuasif et ne pouvait dans ces conditions intéresser un quelconque concessionnaire.
Les coûts de réalisation d’un parking en sous-sol peuvent varier selon le dimensionnement de l’ouvrage, la nature du sol, la présence de réseaux ; dans une première approche, le coût d’une place peut être estimée entre 30 000 à 40 000 € ht la place (3) ; à titre de comparaison, la place de parkings en surface peut être estimée à 3 000 € ht.
Les coûts d’exploitation dépendent de nombreux facteurs : type de l’ouvrage, configuration, nombre de places, nature et nombre des équipements, durée d’amortissement, heures de présence du personnel, services rendus aux clients, exploitations mutualisées sur plusieurs ouvrages... ; on estime qu’il faut compter de l’ordre de 500/1000 € de coûts de fonctionnement par an et par place.
Quant à construire de nouveaux parkings publics en surface, dans la zone actuellement urbanisée, la grande majorité des riverains s’y oppose, avec raison (comme on a pu le voir à l’occasion de la controverse sur l’aménagement de la place des Combattants, avec la défense très énergique du Comité Joffre). Il n’en est pas de même, bien entendu, pour les nouvelles opérations d’urbanisme (comme aux Plains Champs où est prévu un parc public de 91 places pour « les besoins des futurs habitants et usagers du quartier » ; c’est l’opération qui va « payer » ces places de stationnement). (4)
En guise de conclusion (provisoire)
Il est souhaitable de définir une politique de stationnement d’une manière globale mais avant cela il faut poser un diagnostic à partir de données précises sur l’offre et la demande de stationnement à Louveciennes.
FK
Dans un prochain article, nous aborderons la question des déplacements du Louveciennois dans le périmètre du Grand Paris.
(1) Selon Frédéric Héran, « chacun sait qu’une voiture passe, en moyenne, 95 % de son temps à l’arrêt. Mais il lui faut, en outre, deux à trois places de stationnement : en général une au domicile et une autre au travail, des places qui ne servent le plus souvent qu’à une seule voiture dans la journée, et d’autres places encore ailleurs – au centre commercial, aux lieux de loisir, devant les services –... mais qui servent successivement à plusieurs usagers »
(2) Vendredi 17 janvier 2014 – 5 vélos accrochés au parking de la gare (journée sans pluie)
(3) La Fédération des Villes moyennes - Le stationnement, enjeu de mobilité urbaine – février 2013
(4) Le prix de ces parkings a été fixé à 2 300 000 € ht (3) et son financement assuré à 100 % par les investisseurs-constructeurs, la TVA étant à la charge de la commune. La valeur unitaire d'un parking est ainsi de l’ordre de 25 275 €. Ce prix n’est pas nécessairement celui des coûts réels car il s’inscrit dans le cadre d’une opération globale.
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