L’association des amis du musée-promenade de Louveciennes et Marly le Roi a organisé le 28 mai 2014 une visite-conférence de la bibliothèque de Versailles ou plus précisément de la galerie des Affaires Etrangères, partie de l’Hôtel de la Guerre construit sous Louis XV pour abriter les bureaux et les archives de ce ministère. Pierre Issard et Jean Ritter, qui ont pris beaucoup de plaisir à cette visite, nous font ici une relation fort documentée.
Le bâtiment a été édifié grâce à Jean-Baptiste Berthier dont le parcours fût extraordinaire. Jugez-en : né à Tonnerre en 1721, fils d’un artisan charron, il entre comme domestique au service d’un châtelain qui remarque sa vivacité d’esprit et lui fait donner une éducation comparable à celle de ses enfants.
Ensuite Jean-Baptiste sera employé comme copiste dans les bureaux de Versailles, puis suivra le Maréchal de Saxe dans ses campagnes militaires, lequel constatant la valeur des plans et dessins de Berthier le fait entrer au ministère de la Guerre en qualité de géomètre. Il sera ultérieurement le directeur des ingénieurs géographes.
Ayant été le témoin d’un incendie provoqué par une étincelle que l’on mettra deux jours à éteindre, Berthier s’informe et réfléchit aux moyens de rendre les bâtiments administratifs invulnérables. Ce qui, entre autres avantages, permettra d‘éviter de faire trois copies de tout document archivé, ce qui était l’usage pour éviter qu’il ne disparaisse en cas d’incendie. Pour cela, il imagine un type de bâtiment sans éléments en bois, et avec des doubles cloisons. Il arrive à convaincre son ministre de l’intérêt de ses suggestions et lorsqu’il est décidé de construire l’Hôtel de la Guerre sur une partie du potager royal, en face du Château, dans l’actuelle rue de l’Indépendance américaine (ex rue de l’Intendance) puis celle de l’Hôtel de la Marine et des Affaires Etrangères mitoyen, il se voit chargé d’en superviser la construction.
Devant le Roi Louis XV, il sera amené à faire la démonstration que les locaux peuvent résister à un début d’incendie ce qui lui vaudra d’être promu intendant des hôtel de la Guerre et de la Marine ce qu’il restera jusqu’à la Révolution.
En fait trois ministères seront réunis : la Guerre, la Marine et les Affaires Etrangères, ce qui en fera un modèle d’organisation administrative et lui vaudra entre autres la visite de Joseph II, empereur d’Autriche.
Galerie des Affaires étrangères, salle de France, Versailles
A la Révolution, Jean-Batiste Berthier s’établira à Paris où il s’éteindra le 21 mai1804, au domicile de l’un de ses 11 enfants, Louis-Alexandre, ministre de la Guerre, promu Maréchal de France quelques jours auparavant.
Elle recèle 800 000 documents dont livres et partitions de musique du temps de Louis XV, photographies du début de ce média et 300 incunables du XVème siècle.
A la Révolution, on avait le projet jamais réalisé de créer une école centrale à Versailles. Les écoles centrales sont les embryons de nos lycées et elles furent effectivement créées dans de nombreux départements. Elles ne survécurent pas au Premier Empire. Elle aurait dû se tenir dans une aile du château (aile méridionale). Dans cette perspective on réunit les bibliothèques de la Reine Marie-Antoinette, de Mme du Barry et d’autres dans plusieurs pièces de cette aile.
Ces livres furent à la fin du 19 ème siècle déménagés dans les rayons restés vides depuis la Révolution. Le bâtiment, après bien des péripéties administratives passera à la Mairie de Versailles qui finit par racheter le bâtiment.
Elle a depuis hérité de nombreuses bibliothèques. l’une des plus importantes est celle de l’industriel Lebaudy. A propos de la bibliothèque de Lesseps léguée à Versailles, il est intéressant de noter que Barthélemy de Lesseps était le fils d’un ambassadeur de Louis XVI auprès de la cour de Russie. Il parlait le russe et avait été choisi pour cette raison pour faire partie de l’expédition La Pérouse. Au passage près des côtes du Kamchatka, La Pérouse l’avait chargé de regagner la France en traversant la Sibérie porteur de courriers et de caisses de documents. Ils parvinrent à la Cour alors que l’expédition elle-même fut drossée par la tempête sur les récifs de Vanikoro dans les îles Salomon où elle périt corps et biens.
La galerie visitée se trouve au premier étage. Elle est constituée de sept salles richement décorées, en enfilade et sans porte de séparation. Dans l’une d’elles est placée une grande maquette du vaisseau de guerre La Sirène, un trois mâts du XVIIème siècle.
Maquette de La Sirène
Chaque salle porte le nom d’une région du monde en rapport avec la France, celle du milieu étant précisément celle de la France. Elle comporte un tableau de Louis XV. Détails intéressants : sur les rayons des armoires bibliothèques, un espace de un centimètre est prévu dans le dos des livres pour la circulation d’air. En avant se trouve un grillage. Il était fermé par un rideau de taffetas (cramoisi pour les Affaires Étrangères, bleu pour la Marine, vert pour la Guerre).
Pierre Issard et Jean Ritter
A savoir
Ouverte au public lors des journées du patrimoine, des expositions ou des manifestations particulières de la bibliothèque, la galerie peut se visiter en s'adressant à l’Office du Tourisme 2 bis, avenue de Paris - Tél : (33)1 39 24 88 88.
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