La Communauté Emmaüs de Bougival, installée sur l'Ile-de-la Loge, sur les terres du Port-Marly, fête cette année son soixantième anniversaire. A cette occasion, nous avons demandé à son Président, Daniel Houzé de l'Aulnoit, de mieux nous faire connaître le mode de fonctionnement de la Communauté et ses diverses actions notamment de solidarité. Jean Soulard - ami de longue date de la Communauté avec son épouse Maggy - assistait à l'entretien.
Photo Effigie Abbé Pierre
La Tribune de Louveciennes - Vous venez de fêter le 60ème anniversaire de la Communauté Emmaüs de Bougival. Pouvez-vous nous dire comment a démarré la Communauté installée sur l'Ile de la Loge ?
Daniel Houzé de l'Aulnoit - A l'origine de tout : un dénommé Henri Grouès, né le 5 août 1912 à Lyon, entré en 1931 chez les moines capucins, mobilisé en 1939, il participe à la Résistance sous le nom de l'Abbé Pierre. Il conservera ce nom d’Abbé Pierre.
À la Libération, il est élu député - apparenté au groupe MRP indépendant - de 1945 à 1951. À cette époque, il vit dans une grande maison abandonnée à Neuilly-Plaisance. C'est là qu'en 1949, il accueille Georges, celui qui deviendra le premier compagnon, un assassin libéré qui tente de se suicider après 20 ans de bagne ; il n'était pas attendu par sa femme : « Je n'ai rien à te donner » lui dit l’Abbé « mais puisque tu veux mourir tu n'as rien à perdre, alors aides-moi à aider les autres. » Ils ne se quitteront plus.
Les premiers compagnons pratiquent dès cette époque le métier de la récupération pour assurer leur subsistance et se font bâtisseurs. Puis, c'est le terrible hiver 1954 : il fait entre -15° et -20° ; une femme et son enfant meurent dans la rue ; c'est l'appel pathétique de l'Abbé Pierre auquel répond un élan de solidarité sans précédent dans toute la France. Les dons arrivent à l'hôtel Rochester ; puis, celui-ci étant plein à la gare d'Orsay. Pour vider la gare, des terrains sont loués puis achetés sur l'île de la Loge au Port-Marly/Bougival ; une trentaine de compagnons y logent. Et le 19 septembre 1954, la Communauté de Bougival est inaugurée par l'Abbé Pierre.
TL - Comment se présente actuellement la Communauté ?
DHA - A Bougival, plus de 80 chambres accueillent maintenant les compagnons, sans compter un bâtiment de 10 chambres pour les « anciens ». Les salles de vente, les lieux de vie commune ont été plusieurs fois agrandis, améliorés.
- C'est ainsi qu'en 2005, la Communauté crée une boutique à Nanterre pour accueillir une quinzaine de personnes sous contrat d’insertion ; ouverte 2 fois par semaine, cette boutique est également un lieu de convivialité et d'achat pour les habitants du quartier Pablo Picasso.
- En 2011, la Communauté achète un bâtiment de 4500 m² à Chatou pour augmenter ses capacités d'accueil - depuis quelques mois, nous pouvons y loger une quinzaine de personnes – elle y a déménagé ses ateliers de réparation trop à l'étroit à Bougival ; cela permet aussi de préparer et expédier une dizaine de conteneurs par an à destination de Communautés Emmaüs plus défavorisées en Afrique et en Amérique du Sud.
TL - Pouvez-vous nous décrire ce qu'on pourrait appeler « le modèle économique de la Communauté Emmaüs de Bougival » ?
DHA - « Le modèle économique » est parti d'une idée de base de l'Abbé Pierre ; vous savez qu'il était un ancien moine et les moines depuis plus d'un millénaire vivent dans leurs monastères en autarcie. Ils travaillaient dans les champs, à l'époque, et vivaient de leurs ressources.
L'Abbé Pierre n'a jamais voulu dépendre, pour son fonctionnement, de subventions. Nous vivons de ce que l’on nous donne et que nous revendons après avoir trié et réparé.
Les premiers compagnons, que l’on appelait les « chiffonniers d'Emmaüs » dans les années cinquante, allaient dans les poubelles avec un crochet ramasser des chiffons, des bouts de ferraille qu'ils revendaient à des marchands de tissus ou à des ferrailleurs. Cette époque là est maintenant révolue mais c'est toujours le même principe, on nous donne des choses plus ou moins en bon état. Les chiffonniers faisaient la « chine », maintenant, ils participent au « développement durable ». D’ailleurs, la Communauté est aussi un lieu de collecte des D3E.
Les dons viennent soit des particuliers, soit des entreprises.
- Pour les particuliers, il y a deux possibilités, soit ils nous apportent les objets (près de 200 viennent chaque jour ; l'après-midi, c'est non-stop), soit nous allons les chercher ; nous avons 5 camions qui font chacun de 3 à 5 rotations par jour, les premiers partent à 6h30/7h00, sont de retour à 9h30 pour repartir à 10h00 et revenir à midi. L'après-midi, ils repartent dès 13 heures…
- Les entreprises nous donnent leurs fins de séries, leurs fins de soldes. Un magasin qui a fait des soldes à -20, -40, -50, voire -70%. ne peut pas aller plus loin ; un moment il est obligé de s'en débarrasser, ce sont des vieux stocks qui trainent, qui prennent de la place, cela n'a plus aucune valeur pour lui. Pour s'en débarrasser, les entreprises ont deux possibilités :
- soit elles les vendent tant bien que mal à des soldeurs qui en général font un peu la fine bouche, vont trier et ne prendre que ce qui les intéresse, vont négocier … il restera aux entreprises des stocks qu'elles devront apporter à la déchetterie ;
- soit elles appellent Emmaüs Bougival qui prend tout ce qu'elles ont et qui leur fait une attestation fiscale leur permettant de déduire de leurs impôts 60% de la valeur dans la limite de 5/1000 de leur chiffre d'affaires. Beaucoup d'entreprises ne connaissent pas cette disposition fiscale qui tout compte fait est plus intéressante pour elles.
Certains jours nous risquions d'être submergés, c'est pourquoi nous avons acheté Chatou qui dispose d'une belle plate-forme de stockage. Nous appelons également les communautés aux alentours pour qu'elles viennent se servir.
Tous les objets sont donc amenés ou cherchés. Il faut bien sûr les trier et les valoriser. Le premier gros tri se fait ici à Bougival dès l’arrivée des dons : linges, mobiliers, jouets, livres,…
Une partie – en parfaite état - va directement dans nos salles de vente ; une partie va directement à la benne ; une partie (électroménager, vélos, luminaires,…,) est dirigée vers nos ateliers de réparation ; une autre partie – à vente saisonnière - guirlandes de Noël par exemple ou à vente spéciales comme les cartes postales, timbres, monnaies, bijoux, montres, est triée et stockée jusqu’au jour de la vente, les plus beaux objets sont gardés pour notre très grande vente qui a lieu chaque année le 1er week-end d’octobre…
Disons un mot de la valorisation : on essaie de vendre les dons au meilleur de leur valeur, des objets un peu sales vont être nettoyés, les timbres qui arrivent en vrac sont triés, collés, les mobiliers seront réparés, nous avons des menuisiers qui cirent, qui réparent de petits manques, le petit électroménager réparé est testé plusieurs jours, tout ce qui peut faire l'objet d'une vente spéciale est mis de côté, par exemple les beaux vêtements « vintage », les robes de mariage pour lesquelles on a une équipe de bénévoles qui nettoie, lave, repasse.
On essaie au maximum de valoriser, on répare, on astique et on fait des ventes à thèmes (bijoux, timbres, mercerie, maroquinerie, informatique, linges brodés,…) pour attirer des clients.
Dans la valorisation des dons, on a fait énormément de progrès et d'efforts depuis 5 ans et surtout depuis que nous disposons de Chatou. On a même une salle dédiée pour ces ventes spéciales, l'installation peut se faire plus facilement jeudi et vendredi pour une vente samedi.
Les ventes se font à 90 % à Bougival, notre site principal et historique, notre boutique de Nanterre, depuis 7/8 ans, réalise le restant. Nous ne faisons que des ventes directes à nos clients sans aucune priorité, les prix sont les mêmes pour tout le monde, y compris les brocanteurs et les bénévoles.
Salle de vente Mobilier - Bougival (Vue partielle)
TL - Comment se traduit le modèle économique en termes financiers ?
DHA - Une première précision : la Communauté a le statut juridique d'une association, loi 1901. Elle est gérée par un conseil d’administration et par un bureau. Sa comptabilité est sous-traitée. Ses comptes annuels sont certifiés par un commissaire aux comptes.
Le chiffre d’affaires annuel est de l’ordre de 3 millions €.
Du côté des charges, elles sont de nature diverse : la Communauté verse un pécule aux compagnons et cotise pour eux à l’Urssaf. Elle participe à leurs besoins en formation et aides spécifiques.
Parmi les autres charges figurent les salaires et les charges sociales du personnel salarié, les frais de fonctionnement ( alimentation, eau, gaz, électricité, essence, téléphone, assurances…). Les camions et leur entretien, y compris les assurances, représentent un très gros poste de dépenses.
La mise aux normes et l’entretien de nos vieux bâtiments sont également très onéreux.
Enfin 10% de notre budget est consacré à la solidarité interne (pour nos compagnons ou salariés en contrat d’insertion) ou externe.
On peut souligner que la Communauté Emmaüs de Bougival est habilitée à recevoir des legs et des dons (en chèques…) qui peuvent bénéficier d'une déduction fiscale (actuellement 66%).
TL - Avez-vous des projets d'investissement ?
DHA - Nous avons chaque année pas mal de travaux d'entretien à réaliser ; nos bâtiments, qui datent des années 70, ont été faits très rapidement sans grande isolation, sans véritable confort ; c'est ainsi que chaque année on refait 5 à 6 chambres sur les 80 que nous avons : changer les fenêtres avec un double-vitrage, refaire l'électricité, les sanitaires, donner un coup de peinture. Il y a les mises aux normes toujours exigeantes et coûteuses. Ainsi à Chatou, la mise aux normes du monte-charge nous coûte 60 000 €. On ajoutera également le renouvellement de notre parc de camions et camionnettes (un nouveau camion, c’est 40 000 €).
Nous avons un gros projet d’isolation totale de nos bâtiments (l’isolation des toits par la laine de verre date d’il y a 40 ans, c’est maintenant totalement pourri) ; ce projet se fait sur la base d’un audit (qui nous a été offert). A vue de nez, il s’agit d’un budget de 300 000 à 500 000 €. Il faudra monter notre dossier, faire des devis, faire des demandes d’aides…
TL – Comment fonctionne la Communauté Emmaüs en tant que communauté humaine ?
DHA - La Communauté Emmaüs fonctionne sur quelques principes de base :
- Un accueil inconditionnel : les communautés accueillent indépendamment de l'âge, de la nationalité, de la religion, de la santé, du parcours personnel, familial ou professionnel..., bien sûr en fonction des places disponibles.
- Les personnes accueillies sont soit des compagnons de passage, pour ceux et celles qui veulent et sont capables de se réinsérer dans la société ; certains compagnons resteront quelques jours ou quelques années, le temps de se reconstruire ; soit des compagnons qui recherchent un nouveau lieu de vie et s'associent durablement au projet communautaire : ils y resteront 20, 30 ou 40 ans parfois jusqu'à leur mort. Nous avons actuellement une dizaine de retraités qui, ne sachant où aller, préfèrent terminer leur vie au sein de la Communauté et des compagnons. Les caveaux de notre Communauté au Port-Marly ont déjà accueilli plus de 70 compagnons.
- Une communauté doit apporter une écoute et un accompagnement permettant l'épanouissement et le respect, lutte contre l'alcool, la drogue ou encore au travers de différentes formations : donner un métier (chauffeur, dans le bâtiment ou la restauration par exemple).
- Les communautés doivent s'autofinancer et ne dépendre d'aucun organisme public pour leur fonctionnement.
- Les communautés vivent de leur travail et démontrent ainsi que le travail est un puissant moyen de structuration et de reconnaissance pour chacun.
- Les activités sont, bien sûr, adaptées aux capacités de chacun : cuisine, livraison, ramassage des dons, ateliers de réparation et de restauration, tri et vente, ménage,…
Photo Salle à manger - Bougival
TL - Quels sont les autres personnes qui interviennent à côté des compagnons ?
DHA - Les locaux de Bougival et de Chatou permettent d'accueillir plus de 100 compagnons et compagnes.
A leur côté nous trouvons les bénévoles qu'on appelle « les amis » : ils apportent du temps, de l'expérience, du savoir-faire ; ils doivent témoigner que la rencontre est possible entre tous les hommes. Nous avons environ 80 amis. 15 à 20 autres sont en période probatoire car nous souhaitons des engagements fermes. Nous sommes également à la recherche de bénévoles qui sont des spécialistes. Ainsi, nous recevions des appareils photos argentiques de grande marque sans savoir les vendre correctement, maintenant nous avons la chance d'avoir un bénévole qui s'en occupe et qui les valorise. Autre exemple : nous avons un stock important de guitares, une centaine, mais il nous manque malheureusement quelqu'un pour les réparer.
L'animation et l'encadrement au quotidien se fait avec une équipe de responsables nommés et formés par Emmaüs France et salariés de notre Communauté. La Communauté emploie également quelques autres salariés : 1 économe, 1 assistante sociale,…
Il convient enfin d'ajouter une vingtaine de personnes par an en contrat d'insertion sur le site de Nanterre, sans oublier une dizaine de stagiaires scolaires ou universitaires (assistante sociale par exemple) et 4 à 5 TIG (Travail d'intérêt général).
TL - La solidarité constitue un axe important de votre action. Comment se manifeste-t-elle ?
DHA - La vie communautaire doit développer la solidarité et le partage vers l'extérieur. À Bougival, 10 % de notre budget y est consacré :
- soit au travers d'Emmaüs France, d’Emmaüs Europe ou d’Emmaüs International à qui nous versons des cotisations de solidarité et qui se chargent de les redistribuer en fonction des besoins,
- soit directement à d'autres communautés Emmaüs.
Nous sommes très attentifs à favoriser un développement autonome des partenaires dans la durée plutôt que par l'assistanat. Ceci fait bien partie de notre principe de base : « Bien aider à aider ».
Quelques exemples. En Afrique et en Amérique du Sud, nous préférons envoyer des containers, dont nous finançons le transport, remplis de vêtements ou d'objets (frigidaire, électroménager, machines à coudre, machine-outil, TV, vélos, mobylettes, livres, etc.) à charge pour cette communauté de revendre cette marchandise. Quelle joie à l'arrivée du container de Bougival, la communauté locale a du travail pour plusieurs mois !
En Europe de l'Est, nous envoyons des semi-remorques conduits par nos compagnons qui se sentent ainsi très valorisés par leur travail ; des liens très forts sont aussi créés entre compagnons de différents pays.
Au Pérou, des compagnons et des salariés en insertion passent leurs vacances à construire une école avec la communauté locale : des ventes spéciales sont organisées ce qui nous permet de financer l'achat des matériaux nécessaires. Cela s'est fait en 2011 et 2013 et se fera en 2015.
En France, chaque semaine, des communautés viennent chercher de la marchandise, n'ayant pas la chance d'avoir un territoire comme le nôtre.
Autre exemple, nous finançons les Sos-Familles de Versailles Sartrouville, Nanterre qui ont été créés par notre Communauté pour conseiller et venir en aide aux familles très endettées au travers de prêts sans intérêt. Un budget de 60 000 € y est affecté chaque année.
Toutes ces actions de solidarité ne sont possibles que grâce au travail des compagnons dont j’admire le courage et la joie parce qu’ils savent qu’ils vont aider des communautés beaucoup plus pauvres. Les bénévoles sont très heureux de participer à ces actions avec eux. Il existe entre nous un chaud climat d’amitié bienfaisant pour chacun.
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INFORMATIONS UTILES
Communauté Emmaüs Bougival
7 Ile de la Loge,
78380 Bougival/Port-Marly
Tél : 01 39 69 12 41 |
Site internet : http://www.emmaus-bougival.com/ e-mail: aepb@emmaus-bougival.com Facebook : https://www.facebook.com/emmaus.bougival
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Boutique de Nanterre
124, avenue Pablo Picasso
92000 Nanterre
Téléphone 01 47 78 12 07
Ateliers de Chatou
25, avenue de l’Europe
78400 Chatou
Horaires des salles de vente
Bougival
Lundi : 14h00 – 17h30
Mardi : 14h00 – 17h30
Mercredi : 10h00 – 12h00 et 14h00 – 17h30
Jeudi : 14h00 – 17h30
Vendredi : 14h00 – 17h30
Samedi : non stop 10h00 – 17h30
Nanterre
Mercredi : non stop 10h00 – 17h00
Samedi : non stop 10h00 – 17h00
Dépose de dons :
Bougival : tous les jours de 7h00 à 20h00
Nanterre : tous les jours (sauf dimanche) de 9h00 à 17h00
Chatou : tous les jours (sauf dimanche) de 8h00 à 18h00
La Communauté de Bougival en grand danger
La communauté de Bougival, emblématique du mouvement Emmaüs, fondée par l’Abbé Pierre en 1954 va-t-elle devoir remettre à la rue les 120 compagnes et compagnons qu’elle héberge ?
Car telle est la question qui se pose à ce jour à cette association ; un projet dit de circulation douce va amputer les parkings qui font vivre cette association. Sans concertation aucune, par hasard, les responsables ont découvert que la mairie de Port-Marly se saisissait purement et simplement des parkings qui pourtant ont toujours appartenus à Emmaüs.
Implantée sur l’ile de la loge, l’idée d’une piste cyclable a germé dans la tête des élus. Loin d’être opposé a ce projet, Emmaüs Bougival aurait souhaité être informé de la mise en route de ce projet.
La mairie n’a pourtant pas souhaité les inviter à une réunion publique d’information qui a été organisée en deux jours et qui s’est tenue sans que jamais Emmaüs ne soit mis au courant.
Le déplacement des péniches devant la communauté, l’arasage des places de parking vont contraindre cette communauté à fermer.
Au-delà du coût d’un tel réaménagement, (qui suscite question sur la notion de priorité), force est de reconnaitre que dans les quartiers huppés du 78, cette communauté est ressentie comme un furoncle dans la très bucolique Ile de la loge.
Est-ce qu’un projet d’un tel coût, pour trois kilomètres de pistes cyclable, vaut la fermeture d’une organisation qui chaque jour fait preuve de solidarité envers les plus démunis ?
Qui va prendre en charge les compagnes et compagnons, qui va les remplacer dans le rôle recyclage et récupération où ils sont passé maitres, qui va financer les trois SOS familles dont deux sur le 78 qui évitent aux familles surendettées de sombrer, qui va soutenir les associations tant au local qu’à l’international ?
Certainement pas le Conseil régional et le Conseil général co-financeur de ce projet qui injecte dans cette opération plus de 3 millions d’euros sans compter les frais de déplacement des péniches pris en charge par l’argent public (qui n’apparaissent dans aucun budget).
Le budget manque de clarté, la réalisation prévue reste tout aussi flou. La seule certitude c’est bien qu’ Emmaus devrait céder ces terrains, entrainant sa fermeture. En effet, les communautés vivent sans aucunes subventions et les compagnons ne sont pas assujettis aux minima sociaux.
C’est sa fierté et c’est aussi cette liberté qui dénote dans l’espace public.
Visiblement, ni le Conseil général, ni le Conseil régional, les deux financeurs de cette opération ne se sont posé la question du devenir de cette communauté.
Les recours vont être déposés. Cela suffira-il ? Certainement pas. La mobilisation de tous est nécessaire et urgente.
Il faut qu’un arbitrage est lieu ; la particularité, l’antériorité, le rôle social et humain d’Emmaüs doivent absolument être opposés aux logiques de subventionnement et de gâchis de l’argent public en une période ou il est demandé à tous de faire des efforts d’économie budgétaires.
Daniel Houzé de l’Aulnoit
Président Emmaüs Le Port-Marly, Bougival, Nanterre, Chatou
Rédigé par : Daniel Houzé de l'Aulnoit | 21 octobre 2014 à 18:59
Concertation entre Emmaüs et la Mairie de Port Marly
Une réunion de concertation a eu lieu le 10 novembre 2014 ente le maire de Port Marly, Mme Gorgues, et un responsable d’Emmaüs, Jacquy Conderolle, en présence de Pierre Lequiller, député mais également VP du conseil général des Yvelines.
Emmaüs a déclaré n’avoir aucune objection au projet de passerelle et de parc paysagé ; en revanche, il y a des réticences devant un déplacement de péniches en face de la communauté.
A ce jour, il existe de gros problèmes de stationnement pour les visiteurs d'Emmaüs pour se garer. La piste « Circulation Douce » amplifiera ces difficultés. D’où la nécessité de trouver une solution de compensation pour la perte des places de parking. Il est nécessaire d’élaborer un diagnostic technique.
Il est convenu à la fin de la réunion, selon Emmaüs : « on désamorce le conflit, on apaise les tensions immédiatement, on renoue des liens respectueux et surtout on s'informe et se tient au courant. »
Emmaüs est viscéralement attaché à ce lieu, sur l'Ile de la Loge car il est porteur d'histoire et rattaché à l'image de son fondateur, l'Abbé Pierre en 54.
Madame Le Maire confirme qu'elle aussi est très attachée à la présence de la communauté sur son territoire et souhaite que toutes les ambigüités soient levées.
(Ces informations émanent d’Emmaüs ; elles sont développées sur le site Facebook d’Emmaüs).
Rédigé par : La rédaction | 13 novembre 2014 à 19:44