Revers militaires et victoire de la Marne
Avec le début de la guerre, nous abordons une période beaucoup plus connue de tous. L’ouvrage de Rémy Porte sur Joffre (1) continuera de nous servir de fil conducteur ; nous nous sommes également appuyés sur les séries d’articles publiés cet été dans le Figaro (2) et le Monde (3). Le documentaire signé par Daniel Costelle et Isabelle Clarke, « Apocalypse, la Première Guerre mondiale » avec son lot d’images saisissantes a permis à tous ceux qui l’ont vu d’approcher la dureté et l’absurdité de certains combats (4).
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. La phase de mobilisation et de concentration de l’armée française lancée la veille à 15h30 est réussie en quelques jours : le 5 août avant midi, le Grand Quartier Général, installé à Bars-sur-Aube est opérationnel, dans les quinze jours, l’armée de campagne (2 900 000 hommes) est en place. En revanche la phase proprement militaire (plan d’opérations) va se révéler être un échec cuisant. Elle prévoit de passer à l’offensive en Alsace et en Lorraine (idée chère aux politiques de récupérer au plus vite les provinces perdues) et d’attaquer frontalement le centre allemand.
L’armée française perd la bataille des frontières (5-23 août 1914)
L’offensive de l’armée française en Alsace et en Lorraine va se heurter à de solides défenses allemandes (batailles de Morhange, Dieuze et de Sarrebourg (19-22 août), si les troupes entrent à Mulhouse, la place ne pourra être tenue. L’offensive finira par s’embourber.
L’offensive allemande, conformément au Plan mis au point en 1905 par le général von Schlieffen, chef d’état major allemand à l’époque, passe par la Belgique dont l’armée malgré une défense héroïque est écrasée. Le corps expéditionnaire britannique et la Vème armée française de Lanzenac venues à leur rencontre sont impitoyablement repoussées.
Des pertes colossales
Du 8 au 24 août 1914, les troupes françaises essuient partout des défaites au prix de pertes colossales ; on dénombre 368 000 tués, blessés ou disparus, le plus fort taux de perte de toute la guerre sur une durée si courte.
A cet égard, il est nécessaire de parler de « Charleroi, Rossignol, Morhange : trois défaites cuisantes dont la France n'a jamais voulu se souvenir. Le 22 août 1914, sous un soleil de plomb, des dizaines de milliers de soldats tout juste mobilisés, épuisés par des jours de marche forcée dans leur pantalon rouge garance, vont brutalement connaître leur baptême du feu. Foudroyée par la puissance de feu de l'artillerie allemande, l'armée française vit alors les heures les plus sanglantes de son histoire : 27 000 soldats sont tués dans la seule journée du 22 août. » (Antoine Flandrin, « Le massacre du 22 août 1914 » (3))
Les officiers qui marchent devant leurs hommes pour les entraîner au combat paient un lourd tribut, ils sont proportionnellement plus nombreux à tomber. Ainsi, le 22 août, le 48ème régiment d'infanterie se retrouve à découvert sur un champ sous le tir des mitrailleuses allemandes. En quelques minutes, le régiment perd son colonel, un chef de bataillon, quatre capitaines et sept lieutenants.
Pour ne pas en rester aux seules considérations d’état-major et à la sécheresse des chiffres de pertes, on produira deux témoignages.
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