Les entretiens de La Tribune de Louveciennes : André Vanhollebeke
De manière à éclairer nos lecteurs, à l’approche des prochaines élections municipales du 1er février 2015, nous avons eu des entretiens avec les leaders des trois listes en présence. Le but n’était pas de revenir en détail sur leurs programmes respectifs ; lors des élections de mars, nous avions largement abordé les principaux dossiers (finances, Plu, logements sociaux, stationnement et circulation,…) ainsi que les réponses données par les principaux groupes à travers les réunions, les tracts et les interviews notamment ceux accordés à La Tribune de Louveciennes.
Il s’agit aujourd’hui de recueillir les appréciations des candidats sur les évolutions touchant les principaux dossiers.
André Vanhollebeke a été maire de Louveciennes de 2001 à mars 2014. Conseiller municipal, depuis 1989, il a été Maire-Adjoint chargé du scolaire, puis des travaux de 1995 à 2001. Il se représente, à la suite de l’annulation des élections de mars dernier, à la tête de la liste « Union pour Louveciennes ».
La Tribune de Louveciennes - L’audit financier dans sa partie prévisionnelle n’a fait que confirmer le fait que la commune allait se trouver devant une situation très difficile dans les années à venir conduisant à sabrer dans les dépenses et /ou à augmenter les impôts. Etes-vous d’accord avec cette analyse ?
André Vanhollebeke - Les éléments prévisionnels du cabinet Mazars qui a réalisé l’audit sont réalistes, effectivement l’Etat demande des efforts aux collectivités au même titre qu’aux particuliers. Ceci étant, avec la baisse des dotations de l’Etat voulue par le gouvernement, on va vers l’étranglement mais je ne sais pas jusqu’où il mettra le garrot. Il faut de toute façon anticiper, ne pas attendre d’être dans une situation de déficit.
La notion de rigueur de gestion et d’une recherche d’une réduction des charges est un objectif que toute collectivité doit se fixer. C’est avant tout un état d’esprit, une préoccupation quotidienne, elle doit être transmise et partagée par l’ensemble des collaborateurs de la mairie.
L’audit a reconnu que nous avions bien géré la commune et qu’il n’y a plus de grosses économies à faire. Au cours des six dernières années, les grands contrats avaient été négociés, les mises en concurrence des entreprises étaient systématiques, les prestataires de service avaient amélioré leurs offres.
Maintenant il faut lutter contre l’idée que les charges doivent toujours augmenter, de manière naturelle. Il y a des efforts à faire. Certes, les charges de personnel augmentent de l’ordre de 2% par an. Ce n’est d’ailleurs pas la commune mais l’Etat qui fixe les augmentations des personnels. Il faut cependant voir qu’en face de cela, il y a une amélioration considérable de la productivité notamment grâce à la révolution informatique dans les collectivités locales.
Un exemple pour illustrer les efforts que nous avions entrepris : les crèches coûtent chers car elles nécessitent d’avoir en nombre un personnel qualifié mais il s’agit là d’un service public indispensable lié au travail des mères de famille. Nous avions fait un effort de gestion en ne prévoyant pas l’affectation rigide du personnel à une crèche en particulier. En fonction des maladies, des absences, d’une surcharge temporaire, des vacances, une personne peut changer de crèche, en cas de besoin. Dans le domaine organisationnel, les collectivités locales ont des efforts à faire.
La marge d’autofinancement est faible, le cabinet Mazars n’a rien inventé. Il ne faut pas oublier que la situation de Louveciennes est difficile en raison du poids de la dette et là c’est un héritage. 1,4 M€ de frais financiers, c’est énorme, c’est équivalent aux recettes de l’impôt foncier.
Nous voulions rembourser 4 M€ dès 2014 grâce à la vente de l’ex-terrain de football des Plains Champs et nous allions poursuivre cet effort au cours des années suivantes. En remboursant 4 M€, la dette par habitant s’élève encore à 1000 € ce qui est excessif alors que la moyenne est de 600/700 € pour des villes comparables.
AV - Je ne suis plus l’interlocuteur du propriétaire Unibail-Rodamco et ne dispose que de peu d’informations sur le dossier. Nous étions en discussion avancée avec le propriétaire, nous comptions lancer la procédure de « déclaration de projet » qui après concertation devait permettre le dépôt par le propriétaire des permis de construire, et ceci avant la fin 2014. Le projet que nous avions exposé en mars 2014 est celui qui convient à la commune. Il y avait également une volonté de déboucher rapidement chez Unibail-Rodamco. Le projet paraît maintenant englué.
Dans les discussions, nous étions arrivés à un chiffre de 250 logements avec une nuance, nous avions prévu des logements corolaires, une centaine pour les gardiens et les autres personnels, 50 pour les pompiers et une résidence de services pour les personnes âgées. Ces logements correspondent pour l’essentiel à une activité sur le site, les personnes (et notamment les personnes âgées) ne vont pas prendre le train à 8 heures du matin en gare de Louveciennes.
J’ai cru comprendre que mon successeur travaillait plutôt sur une base de 350 à 400 logements avec des logements pour des familles ce qui nécessitera par conséquent d’avoir des équipements publics à financer et à rentabiliser et entrainera un flux de circulation plus important dans Louveciennes.
TL - Depuis le 1er janvier 2015, la Communauté « Saint-Germain, Seine et forêts » s’est transformée en communauté d’agglomération ce qui signifie principalement que les impôts sur les entreprises seront encaissés dorénavant à ce niveau. Quelles sont les conséquences pour Louveciennes en termes financiers mais également en termes de transferts de compétences ?
AV - Le passage de la communauté « Saint Germain, Seine et forêts » pose à Louveciennes deux séries de problèmes, que mon successeur n’a pas correctement anticipé.
Pour ce qui existe déjà, nous bénéficierons d’une rétrocession des impôts des entreprises installées sur notre territoire.
Par contre, pour les projets en cours, nous avons celui de Villevert qui est d’importance, mais rien ne garantit un retour financier correct. Le législateur a prévu que les communes pouvaient négocier librement entre elles un pacte fiscal et financier. Or celui-ci n’existe pas pour le moment. Je souhaitais qu’on arrête ce pacte avant le passage en communauté d’agglomération soit avant le 1er janvier 2015. J’avais l’intention de demander 2 M€, représentant les impôts futurs dégagés par l’activité de Villevert et ceci sur la base des permis construire délivrés (bureaux, surfaces commerciales).
Comment allons-nous dorénavant négocier ? Plus le temps passe, plus on est dans une mauvaise posture pour négocier. D’autant plus que l’an prochain la communauté « Saint-Germain, Seine et forêts » est appelée à fusionner avec la communauté de la « Boucle de la Seine » et Mesnil-le-Roi entre autres.
Deuxième série de problèmes. La communauté « Saint Germain, Seine et forêts » reprend certaines des compétences des communes. La notion de transfert de compétence, je la trouve saine. On transfère les recettes, on transfère les charges, et on ne s’en occupe plus au niveau communal. Contrairement à la Région et au Département qui doublonnent facilement (sur la culture, par exemple).
Je vous donne un exemple où nous avons raté une belle occasion. La communauté reprend la compétence transport et nous allons dans ce cadre lui transférer les charges de la navette actuelle circulant à Louveciennes. Or nous avons besoin d’une seconde navette desservant notamment le bas de Louveciennes Si on l’avait créée en 2014, on aurait pu la transférer au 1er janvier 2015 avec les charges correspondantes (de l’ordre de 60 000 €) ; maintenant si on l’a réalise, il faudra négocier avec les autres communes ce qui n’est pas facile, c’est du « donnant-donnant ». Dans le conseil communautaire, nous sommes trois représentants de Louveciennes sur un total de 40 membres.
TL - Le projet des Plains Champs - que votre équipe avait initié - a été modifié par vos successeurs dans le sens d’une « dé-densification » à la suite de ce qu’il faut appeler « un échec de la commercialisation ». Vous avez voté contre la modification du projet. Pour quelles raisons avez-vous adopté cette position alors qu’apparemment la commune touchera de la part des promoteurs la même recette ?
AV - S’il n’y avait pas eu de recours contre le permis de construire de la part de M. C., proche de l’équipe Viard, la vente aurait été faite et les chèques des promoteurs d’un montant de 8,4 M€ encaissés.
Les promoteurs ne seraient pas venu nous dire par la suite qu’ils ne voulaient plus financer le parking public en sous-sol de 90 places et la crèche (soit une dépense pour eux de 3 M€). De même le promoteur des commerces s’est retiré également en raison de l’existence du recours. Il souhaitait véritablement créer des commerces de proximité (supérette, boulangerie,…) pour les habitants proches mais également à l’intention des automobilistes circulant sur la route nationale. La diminution des surfaces commerciales de moitié va faire retomber l’attractivité du centre commercial sous le seuil critique.
On nous parle de « dé-densification » mais le nombre de logements est rigoureusement identique à celui du projet initial.
On nous parle d’éco-quartier mais le parking public en sous-sol est remplacé par un parking construit en surface à la place de la crèche et des espaces verts environnants.
On nous dit aussi qu’il y a eu un échec de la commercialisation mais celle-ci avance très bien à des prix identiques ou supérieurs à ce qui a été prévu (6000 € le m2).
Alors on ne comprend pas pourquoi les nouvelles exigences des promoteurs Vinci-Ogic ont été rapidement satisfaites. Pourquoi n’a-t-on pas refait les appels d’offres ? Je rappellerai qu’à l’origine nous avions 10 promoteurs intéressés. Si nous sommes élus, nous nous empresserons de reprendre la procédure selon les règles.
TL - La loi SRU qui impose 25 % de logements sociaux d’ici 2025 détermine d’une façon importante les choix en matière d’urbanisme. Le déficit en logements sociaux est loin d’être comblé et on ne voit pas clairement comment sortir de l’impasse. Quelles sont vos solutions ?
AV - J’avoue que je suis très inquiet. Louveciennes risque d’être carencée si elle ne remplit pas ses obligations en matière de logements sociaux au cours de la période 2014-2015-2016. A ma connaissance, seuls 25 logements sont inscrits au programme sur un total nécessaire de l’ordre de 90 logements sociaux. Ces 25 logements seront situés au bas de Prunay, le promoteur (Katz) vient d’obtenir de mon successeur le permis de construire, sur un terrain qu’on nous a reproché de bétonner dans le tract condamné sur l’urbanisme.
Pour notre part, nous avions un projet sur l’emplacement des anciens jardins familiaux (les terrains Gaudet), une cinquantaine de logements sociaux pour des jeunes et des personnes âgées.
En cas de carence, le Préfet bénéficiera d’un droit de préemption sur toutes les ventes de terrains et d’immeubles sur le territoire de Louveciennes et on risque de subir une amende record (500 000 €).
Pour rattraper les retards, il faudra ramer pour élaborer un projet et arriver au permis de construire car c’est à ce stade qu’on comptabilise les engagements en termes de logements sociaux. On rappellera que toutes les grandes opérations (Plains Champs, Tennis de la rue de Voisins) sont déjà comptabilisées sur la période précédente.
TL - A propos de dossier en panne, où en est-on avec le recours sur le permis de construire du programme immobilier prévu sur le terrain de tennis de la rue de Voisins ?
AV - Sur ce dossier, on est au stade de l’appel d’un jugement favorable à la commune, appel engagé par un copropriétaire du Parc du Château. Cet appel date de février 2014 et il ne s’est rien passé au cours de l’année 2014. Mon intention était d’écrire au Président du Tribunal administratif de Versailles et de faire valoir une disposition légale pour que le jugement passe en priorité car il y a un intérêt social. Rien n’a été fait par mon successeur. Si on avait agi, on aurait déjà pu récupérer 3,8 M€ suite à la vente du terrain.
(Propos recueillis par François Kremper)
Pour en savoir plus :
>>> Article du 1er mars 2014 > Municipales 2014 : entretien avec André Vanhollebeke
On pourra également consulter l’article du 15 avril 2014 de Philippe Chrétien (de la liste Union pour Louveciennes) consacré à Villevert >>>