Dans le cadre de cette rubrique, nous publions un article de Jean-Jacques Petit, un de nos fidèles lecteurs, qui nous fait découvrir ce coin préservé de Louveciennes et qui nous alerte en même temps sur les graves menaces qui pèsent sur ce terrain si le projet de Plan local d’urbanisme (PLU) révisé - actuellement soumis à l’enquête publique - se concrétise.
A l’abri des regards, dissimulés dans un écrin de bois et de verdure, les Vergers des Rougemonts coulent des jours paisibles
Les frères Gagné, avant eux la famille Augis, et bien d’autres paysans Louveciennois avant eux encore depuis des siècles, sont venus traiter, tailler, nettoyer cet hectare de terre fertile et ses 500 soldats de bois, têtus, dociles, infatigables, généreux avec leurs quelque 8 tonnes annuelles de belles poires Williams qui régalent tant de foyers de la région !
Mais bien plus encore que l’exaltation des papilles, on leur doit l’enchantement des yeux…
Pendant quelques jours d’avril seulement, au summum de leur floraison, les poiriers vous offrent un spectacle unique.
Mais venez donc ! Installez vous là-bas, tout en bas du verger…ici voilà… respirez un bon coup…là… et maintenant retournez vous vers le haut…
….Regardez…redécouvrez alors votre aqueduc à peine ocré par le soleil d’un après midi printanier, lové dans un écrin boisé, érigé tel un phare protecteur au dessus de l’écume nacrée de millions de pétales délicats portés par des milliers d’obscurs rameaux noueux et vous comprendrez qu’un Pissarro, enivré par l’émotion comme vous l’êtes, aurait pu aller jusqu’à céder son royaume pour un pinceau…
Hâtez vous donc, car l’urbaniste veut dévorer ce que l’impressionniste croquait.
SRU…PLU…ALUR…OAP… tous ces acronymes anonymes…œuvres de folie collective activées en chaîne par des individualités irresponsables…dents inconscientes mais acérées d’un urbanisme contre nature… auront déchiré en lambeaux et anéanti sous le béton ces offrandes du ciel que l’on croyait éternelles.
« Si quelqu’un a quelque raison que ce soit de s’opposer à ce massacre, qu’il parle maintenant, ou se taise à jamais » !
Jean-Jacques Petit