Pour des raisons bien différentes de l’Etat et du Département qui ont émis un avis défavorable à l’encontre du Plan local d’urbanisme révisé de Louveciennes, l’association Racine qui oeuvre dans le domaine de la protection de l’environnement prend à son tour nettement position contre ce projet.
De manière à donner aux lecteurs de La Tribune de Louveciennes un maximum d’informations sur un sujet crucial qui conditionne le futur des habitants de la commune, nous publions ici le texte que cette Association a diffusé début juillet.
De nombreux Louveciennois se sont déjà exprimés à l’occasion de l’enquête publique ; on rappellera que le commissaire-enquêteur s’est largement prononcé en faveur du projet de PLU révisé (1) présenté par le maire, Pierre-François Viard et par l’adjointe à l’urbanisme, Anne-Laure Pozzo-Deschanel. L’approbation définitive du PLU révisé devant intervenir en principe avant la fin de l’année, il est encore temps de vous exprimer ici en nous postant des commentaires.
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NON Louveciennes ne peut pas supporter les 1080 logements supplémentaires prévus par le projet de PLU révisé
(Plains Champs - Juin 2017 - Photo Racine)
Le projet de Plan local d’urbanisme (PLU) révisé a été adopté par le conseil municipal le 14 décembre 2016. Après avoir fait l’objet d’avis des personnes publiques associées (Etat, Région, Département, Marly-le-Roi,…) le projet a été soumis à l’enquête publique dont les conclusions seront connues en juillet. L’association RACINE tout en reconnaissant que le projet de PLU révisé comporte de nombreux aspects positifs a néanmoins jugé qu’il ouvre la voie à une densification excessive dommageable pour le cadre de vie auquel tiennent les Louveciennois.
Le projet prévoit la construction de 1.080 nouveaux logements, le parc de logements s’accroitra ainsi de 35 % d’ici 2030. La population passera d’environ 7.100 habitants en 2014 à 9.300 habitants en moins de 15 ans.
Ces logements se réaliseront notamment à travers des « Orientations d’Aménagement et de Programmation » (OAP). Sur les 1.080 logements prévus, 850 d’entre eux sont inscrits dans 6 OAP : Les Vallées (55 logements), Plains Champs (290 logements), Croix de Marly (70 logements), Coeur Volant (45 logements), Saint-Martin (15 logements), Villevert (350 logements). Le nombre de logements sociaux locatifs (LLS) prévu est de 600 ce qui devrait permettre de remplir l’objectif de 25 % de LLS exigé par la loi SRU/ALUR en 2025.
Selon une procédure discrète, sans véritable concertation, le PLU d’origine (2013) a fait l’objet d’une procédure simplifiée de révision en 2016 qui a abouti à déclasser un terrain non constructible en terrain constructible pour permettre la réalisation de 84 logements supplémentaires chemin de l’Aqueduc. RACINE a introduit des recours contre cette révision simplifiée du PLU et contre le permis de construire.
Un autre programme immobilier est à signaler. Les 55 logements locatifs dont 19 sociaux qui doivent bientôt sortir de terre sur les terrains de tennis de la rue de Voisins.
Le déficit actuel en logements sociaux est de l’ordre de 350. Dans la mesure où l’on prévoit de construire sur la période à venir des logements dans le secteur dit « libre », le déficit passera à 600 de façon à atteindre puis à maintenir le taux obligatoire de 25 %.
Le maire et sa majorité municipale justifient l’objectif de 1.080 logements par la nécessité de respecter la loi SRU/ALUR de 25 % de logements locatifs sociaux (LLS) et par des motifs financiers, la cession de terrains appartenant à la commune devant permettre de renflouer les finances.
La densification de Louveciennes aura un impact considérable sur les paysages, sur la circulation et le stationnement, sur les équipements publics et sur les finances de la commune, impacts qui sont soit ignorés, soit négligés.
Les paysages de Louveciennes seront irrémédiablement abimés. La densification excessive del’habitat du quartier du Coeur Volant entraînant la disparition d’espaces boisées (qualifiés de friches) et des vergers de Rougemont ainsi que les vues sur L’Aqueduc, classé au titre des monuments historiques. La construction de 15 logements sur trois niveaux avenue Saint-Martin saccagera un site immortalisé par Sisley et Pissarro.
Le projet de PLU révisé répond imparfaitement aux problèmes de circulation et de stationnement générés par l’urbanisation accélérée que connaît et connaîtra Louveciennes. Indépendamment des problèmes spécifiques liés aux futurs développements du site de Villevert, il existe un écart important entre les éléments du diagnostic et les solutions apportées. En effet, on pointe dans les documents du PLU « «l’étroitesse des voies de desserte intérieure, les obstacles et coupures urbaines, le trafic de transit qui conduisent à une densification importante de la circulation à certaines heures, des conditions de stationnement insatisfaisantes... » Les difficultés actuelles ne feront que s’amplifier avec l’arrivée de 2.000 habitants supplémentaires et de leurs voitures. Des milliers de déplacements journaliers sont à attendre. Les solutions proposées sont en revanche modestes. Elles découlent principalement de la notion suivante : « Faire des déplacements doux une réelle alternative à la voiture ». S’il s’agit d’une orientation qui recueille l’accord de RACINE, elle ne peut se faire que très progressivement. La topographie particulière de Louveciennes - avec ses fortes pentes - constitue un handicap à une généralisation des déplacements doux. Si la situation est déjà difficile aujourd’hui les opérations immobilières prévues par le PLU révisé rendront la situation explosive dans le futur, particulièrement celles prévues dans le quartier du Coeur Volant avec le projet de l’Aqueduc et celui de la pointe des Rougemonts. Deux routes étroites (chemin de l’aqueduc, chemin du Coeur volant) les desservent qui devront absorber un afflux de voiture.
Le Préfet, au nom de l’Etat, et le Président du Conseil départemental se sont déclarés défavorables au projet de PLU révisé en raison du nombre insuffisant de logements sur Villevert (ils veulent 600 au lieu de 350) et du taux de logements sociaux qu’ils veulent limiter à 35 % (au lieu de 60%). Selon ces propositions, le site de Villevert devrait accueillir de l’ordre de 1.500 habitants. RACINE se déclare totalement « défavorable » à ces positions irresponsables qui entraînent des conséquences irréparables pour les Louveciennois et leur environnement.
Nos PROPOSITIONS pour défendre le cadre de vie exceptionnel de Louveciennes :
Une autre politique de logements est possible. La loi ALUR/SRU qui impose aux communes de plus de 3.500 habitants de disposer à l’horizon de 2025 de 25% de logements sociaux sur leur territoire présente de nombreux défauts notamment par son caractère uniforme et par ses arrières pensées idéologiques. Il reste qu’il s’agit d’une loi et, les élus dans leurs décisions, doivent la respecter. La loi répond également à une exigence de solidarité.
Nous proposons qu’on renonce à de grandes opérations à l’architecture indigente qui conduisent à bétonner d’une manière excessive la commune. Elles sont d’ailleurs financièrement de plus en plus difficiles à monter. RACINE préconise une urbanisation douce avec de petites immeubles sociaux s’intégrant dans le tissu actuel. Des opérations de ce type ont déjà été réalisées avec succès dans la commune. Il manque actuellement 350 logements sociaux. On rappellera que le respect des obligations en matière de logements sociaux se fait dans le cadre de plans triennaux. Celui couvrant la période 2017/2019 porte sur 80 logements, chiffre tout à fait compatible avec de petites opérations
Louveciennes doit adopter le dispositif appelé AVAP (« Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine »). La notion d’AVAP est une des possibilités qui s’offre à Louveciennes de mieux prendre en compte le patrimoine historique de la ville et de son environnement. 600 AVAP existent actuellement dans toute la France. Une commune très proche comme Le Vésinet a adopté le dispositif. L’argument qui consiste à dire que cela retarde le processus de révision du PLU n’est pas recevable face aux forts avantages que la ville peut en retirer. L’AVAP (dispositif dorénavant englobé sous la notion de « Sites patrimoniaux remarquables » par la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine) serait pour Louveciennes l’occasion d’un véritable dialogue constructif avec ses habitants et les associations. Par ailleurs, l’AVAP permet d’opposer aux préfets activistes les cahiers des charges imposées par le Ministère de la Culture. RACINE a lancé une pétition pour la création d’une AVAP pour protéger l’environnement de l’Aqueduc et les magnifiques vergers des Rougemonts. Cette pétition a déjà recueilli plus de 300 signatures.
Repris du Bulletin n° 17 de Racine - Juin 2017
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(1) Cf article de La Tribune de Louveciennes « Quand un commissaire-enquêteur contredit l’Etat et le Département » > http://louveciennestribune.typepad.com/media/2017/07/quand-un-commissaire-enquêteur-contredit-letat-et-le-département.html
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L’association Racine est présidée par François Arlabosse. Son siège : Résidence Dauphine - Pavillon Joffre 78430 Louveciennes
Site internet : https://racinelouveciennes.wordpress.com
Compte Twitter : @AssoRacine
Courriel : association_racine@orange.fr
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