2ème partie de l’entretien avec le maire de Louveciennes, Pierre-François Viard, (2014-2020), qui se représente aux élections municipales à la tête de la liste « Avec Vous pour Louveciennes ».
La Tribune de Louveciennes_ En 2016 vous avez augmenté les impôts de 12 %. A cette époque, cela pouvait peut-être se justifier par un manque de visibilité sur les ressources et les charges futures, l’Etat diminuant ses dotations, des charges nouvelles imposées par la réglementation entrant en application, on était face à ce qu’on appelle l’effet de ciseau. Or la situation financière s’est améliorée depuis. Pourquoi ne pas avoir profité pour baisser les impôts ?
Pierre-François Viard_ Tout d’abord merci beaucoup de reconnaitre que la situation financière de la commune s’est largement améliorée. Rappelons que l’audit financier de début de mandat annonçait que nous serions mis sous tutelle dès 2017 si nous suivions la pente de gestion qui avait été conduite par nos prédécesseurs.
On peut effectivement être très fiers du travail de gestion accompli au cours de ce mandat. Néanmoins, il ne faut pas crier victoire et relâcher notre vigilance. La marge nette d’autofinancement, qui prend en compte le remboursement en capital de la dette, reste proche de zéro. C’est bien entendu insuffisant pour financer les investissements dont notre commune a besoin.
En 2016, nous n’avions pas le choix. Il fallait augmenter les impôts. Dans le même temps, nous réduisions également toutes les dépenses de fonctionnement et les subventions, afin de partager l’effort entre tous : habitants, administration et associations. En 2016, également, parallèlement à notre augmentation de 12 %, le Département augmentait sa part de 66 %. Au final, cela a pesé lourd sur les feuilles d’impôts des contribuables, pour moi le premier…
Avec moins 1,5 million de l’Etat en 6 ans, j’observe néanmoins que nous avons au total moins augmenté les impôts fonciers que notre prédécesseur sur chacun de ses mandats, en un temps où les ressources de l’Etat était pourtant incomparablement plus généreuses. De même, au sein de notre nouvelle intercommunalité, nous avons obtenu des éléments positifs sur la fiscalité pour les contribuables : baisse de la taxe des ordures ménagères et défiscalisation d’une partie des charges liées aux syndicats intercommunaux.
Aujourd’hui certains affirment qu’il est possible de baisser les impôts. En 2019, cela aurait été inconséquent. Tout d’abord la baisse des dotations continue : cette année, cela représente encore 100.000 €, … soit 2 points d’impôts. Et cela continuera…il ne faut pas se faire d’illusion.
En plus, les finances de l’interco ne sont pas au beau fixe. Le maire de Marly, en charge des finances à la Communauté d’agglomération, a été très clair dans son dernier discours : nous n’avons pas beaucoup de marge, la situation est fragile. En conséquence, on peut anticiper une diminution prochaine des attributions de compensation.
Nos opposants mettent également en avant notre trésorerie qui permettrait selon eux de dégager des marges de manœuvre. Il faut savoir de quoi on parle : elle intègre l’ensemble des provisions pour risques. Certaines de ces sommes, comme la Taxe locale d'équipement (TLE) de Villevert, sont dues. D’autres sont liées à des contentieux qui ne sont pas encore tranchés. Quand on retire ces provisions, qui sont nécessaires pour ne pas mettre la commune en fragilité, notre trésorerie ne représente plus que 2 mois de fonctionnement. Cela vous semble démesuré ?
TL_ Vos concurrents sont vent debout contre la deuxième maison médicale que vous comptez installer place de l’église, dans les locaux de l’ancien restaurant grec ; ils proposent tous de maintenir un commerce et pourquoi pas permettre l’ouverture d’un salon de thé ou d’une crêperie ou d’un lavomatic. Que pouvez-vous leur répondre ?
PVF_ La Maison Médicale est une de mes priorités, on ne peut pas continuer à avoir à Louveciennes des gens qui ne trouvent pas de médecin traitant.
Le processus a été long. Nous avons commencé par chercher un emplacement à mi-chemin entre l’église et les clos, on n’a pas trouvé. Finalement, nous avons retenu l’ancienne halte-garderie, située au-dessus de la pharmacie des Clos, à côté de la gare et sur des locaux en centre-ville pour un second pôle. En effet, le diagnostic de l’Agence régionale de santé (ARS) était clair : à Louveciennes, la typologie des habitants, le dénivelé et les besoins rendent 2 pôles nécessaires. Rappelons que 16 % des assurés louveciennois au régime général sont en affection de longue durée, contre 9 % en moyenne dans les Yvelines.
En centre-ville il n’y a pas 36 locaux possibles. On m’a beaucoup critiqué pour le choix des locaux de l’ancien restaurant grec. Parlons un peu du passé. Ces locaux ont été occupés successivement par un salon de coiffure, le restaurant Le Farfadet qui n’a pas marché, un Indien qui n’a pas marché, le restaurant grec qui n’a pas marché. Nous avons cherché longuement avec des professionnels un repreneur, …ça n’a pas marché. Du coup, quand on cherchait les 200 m2 nécessaires pour implanter le Pôle de Centre-ville, le local qui s’est imposé était celui-ci. Cette maison médicale va non seulement nous permettre de pallier les carences en médecins mais conduira également à dynamiser le centre-ville et sauvegarder la pharmacie à côté. On a proposé aux médecins locaux de s’installer dans ces nouvelles structures, des médecins nous ont accompagnés dans la démarche, d’autres médecins nous ont contactés.
L’ouverture dans les clos se fera fin 2020. Elle aura lieu en 2021 au centre-ville. Actuellement, nous sommes en train de choisir un Assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO).
Préférer un café, une crêperie ou un salon de thé à une maison médicale, cela m’afflige pour mes concurrents et m’inquiète pour l’avenir de notre village.
TL_Les problèmes de circulation ne font que s’aggraver notamment en raison de la densification de Louveciennes mais également celle des villes voisines. Le commissaire-enquêteur dans son rapport sur le PLU révisé avait souligné que de sérieux problèmes de circulation allaient se poser notamment avec l’arrivée de 2000 habitants supplémentaires. Vous avez fait faire une étude sur la circulation par un cabinet spécialisé. Pour le moment les mesures prises sont un sens obligatoire autour de la résidence du Parc du château, la création de « pistes cyclables » (marquage au sol), quelques places de stationnement supplémentaires, une interdiction de circulation rue du Maréchal Joffre à certaines heures. Estimez-vous que cela est à la mesure des problèmes posés ?
PFV_Nous avons fait réaliser une étude qui a abouti à des préconisations.
Je rappelle que jusqu’à présent personne n’était jamais intervenue sur la circulation alors que les problèmes commençaient déjà à se poser. On a commencé par le haut de l’allée des Soudanes pour la mettre en sens unique. Quand on modifie un plan de circulation, il faut que les gens s’habituent. Il ne faut pas forcément faire des choses violentes mais plutôt procéder par concertation et ajustements progressifs. On a fait un essai de sens unique autour de la résidence du Parc du château. Nous avons créé à l’occasion de nombreuses places de stationnement supplémentaires, essentiellement pour les riverains.Une évaluation finale sera faite avec les habitants dès la fin du chantier pour envisager la pertinence d’une remise partielle en double sens de cette boucle.
Nous avons développé les circulations douces. A partir du moment où une rue est en sens unique, les vélos peuvent l’emprunter en sens inverse. Il était donc aussi impératif de le signaler aux automobilistes qui l’ignorent encore souvent et de sécuriser les déplacements de cyclistes.
Il est évident qu’il va falloir obligatoirement continuer en concertation avec les riverains et les comités de quartier avec le respect d’une logique de cheminement. On travaille aussi énormément avec les riverains sur l’aménagement de la rue de la Princesse, route départementale. Que demandent-ils ? Une circulation moins rapide et plus sécurisée, notamment pour les enfants.
Pour limiter le trafic de transit (qui représente 49 % du trafic) on a déjà eu un impact en limitant l’utilisation de la rue Joffre à certaines heures.
Nous avons aussi lancé, à la demande des commerçants, une action pour faire respecter les zones bleues, les premières remontées de chiffres sont très encourageantes.
TL_ La sécurité est devenue un sujet de préoccupation des Louveciennois. Tous les concurrents aux Municipales mettent ce sujet en avant. Quels sont les moyens pour endiguer cette montée de la violence au plan local (cambriolages mais également car jackings, vols par ruse avec des faux policiers, arrachage d’objets, etc) ?
PVF_ Nous misons beaucoup sur la vidéo protection, les premières caméras se mettent en place en concertation avec la police nationale. 29 points vont être installés progressivement à des emplacements-clés : centre commercial des clos, la gare et son parking, le centre-ville, les carrefours importants, les entrées de ville, les parcs publics, … En plus un certain nombre de caméras mobiles seront installées en fonction du déplacement éventuel de la délinquance. On ajoute à cela, dans les entrées de ville des caméras à lecture de plaques d’immatriculation qui nous permettront de retrouver le cheminement des malfrats mais également d’éviter le transit des poids lourds.
Nous misons également beaucoup sur la police municipale. Nous avons une équipe 100% nouvelle, des équipements ont été achetés (radars mobiles, vélos…). Nous voulons une police qui s’insère mieux dans la ville avec un ilotage à vélos, des sorties nocturnes de façon aléatoire, la possibilité pour les riverains de confier leurs clés, de signaler leurs absences.
Nous avons armé notre police municipale. Comment demander à nos policiers d’intervenir en premier sur le terrain lors d’un cambriolage ou d’une agression s’ils n’ont pas les moyens de défendre les victimes et leur propre vie ? Je ne les enverrai pas au casse-pipe. Cela exige une formation très contrôlée mais désormais c’est cela une Police Municipale. Et c’est essentiel pour faire face aux nouveaux enjeux de sécurité. Je n’ai pas compris que l’opposition ne nous suive pas dans cette voie et ne vote pas avec nous sur un tel sujet.
Pour ce qui concerne le vol par ruse, nous informons la population (les personnes âgées par la voie du CCAS).
Louveciennes est l’objet de convoitises, il faut anticiper les évolutions de la délinquance.
Les groupements territoriaux avec la Police Nationale sont essentiels pour bien coordonner les forces de sécurité du territoire. Nous participons aux réunions une fois par mois sur des thèmes qui sont suivis d’actions concrètes de terrain.
TL_Nous vous remercions pour cet entretien.
(Entretien réalisé par François Kremper le 11 février 2020)