2ème partie de l’entretien avec Pascal Leprêtre qui se présente aux élections municipales à la tête de la liste «Louveciennes écologique citoyenne solidaire ». Jean-Marie Piduch, ancien conseiller municipal (2008-2014) et qui figure sur la liste, a participé à l’entretien.
La Tribune de Louveciennes_Quel est votre diagnostic sur la circulation et le stationnement à Louveciennes. Avez-vous des solutions pour améliorer une situation difficile qui ne cesse de se détériorer ?
Pascal Leprêtre_ On a un problème avec une circulation qui s'intensifie. Nous souhaitons revoir le plan de circulation d’une manière globale.
Le matin, le flux de voitures en provenance de la RN186 et la rue du Général Leclerc est conséquent. Pour prendre l'exemple de la rue de la Croix-Rouge, le flot de voiture aux heures de pointe est quasiment ininterrompu.
Le sens unique mis en place autour de la résidence du Parc du Château est une idée intéressante mais présente des limites.
On n’arrivera pas à supprimer le trafic de transit, c’est illusoire, on ne va pas mettre des sens interdits partout, fermer la rue du Maréchal Joffre, le chemin de Prunay. Dans ce type de mesure l’idée est de transférer les nuisances chez le voisin… ce n’est pas la solution.
Jean-Marie Piduch_Dans le plan de circulation du cabinet Abtoo, l’idée maîtresse est de faire passer par la rue de la Princesse une partie de la circulation de la RN186 vers Bougival (et en sens inverse). Des options dissuasives ont été suggérées dans l’étude comme celle qui consiste à interdire la place de l’Église aux voitures venant de la rue du Maréchal Joffre et les forcer à aller vers la rue de l’Étang, passer devant le château du Pont, pour arriver au carrefour rue Renoir à droite, rue de Montbuisson devant, avec là aussi la possibilité de mettre la rue de Montbuisson en sens interdit…
A priori la meilleure solution serait de faire passer le trafic de transit par l’avenue Saint-Martin et la rue de la Princesse (actuellement très stressante) et après il faut trouver les moyens de la mettre en œuvre.
PL_Nous proposons aussi de nous passer le plus souvent possible de la voiture avec des propositions alternatives, mais pour cela il faut une vraie volonté politique.
- Revoir le tracé de la ligne 6 qui n’est pas le plus pertinent, inciter les Louveciennois à prendre ce bus dont la fréquence a été améliorée mais qui fonctionne encore trop souvent à vide.
- Développer les circulations douces ; à la rentrée et à la sortie des écoles, il y un flux impressionnant de voitures. Nous proposons à nouveau notre solution de Pédibus qui serait organisé par la mairie et assurée par des parents et/ou des agents de la commune. Le Pédibus a pour objet d’amener à l’école les enfants à pied d’un quartier selon des itinéraires sécurisés, avec des arrêts matérialisés. On peut tout à fait mettre le système en place comme cela a été le cas dans des villes comme Rueil-Malmaison, Versailles, Chaville, Bailly…
- Favoriser la circulation piétonne ce qui passe par un investissement conséquent en faveur d’une amélioration des trottoirs de Louveciennes qui se dégradent d'année en année.
- Améliorer les conditions des autres circulations douces comme les vélos, les trottinettes même si nous ne sommes pas dans la situation parisienne. Il faut revoir en conséquence la voirie de Louveciennes en commençant par quelques axes stratégiques les plus adaptés à ces types de déplacements.
TL _ Vous êtes un partisan du vélo, en loisir ou au travail. Pensez-vous qu’il s’agit là à Louveciennes, ville aux fortes déclivités, d’une alternative intelligente à la voiture ?
PL_Effectivement, j’utilise un vélo électrique pour me rendre à mon travail à Versailles. Le parcours est encore dissuasif à certains endroits. En fait, entre Rocquencourt et Versailles c’est très bien, on est sur une piste cyclable tout au long et le passage au niveau du triangle de Rocquencourt est aménagé. Les problèmes se situent à Louveciennes. On voit même des cyclistes munis d’un sécateur couper des branchages à hauteur du Pacha Club ou ramasser des bouteilles qui traînent. Une piste roulante le long de la RN186 avec un revêtement souple au sol n’est pas d’un coût excessif. Et quant aux déclivités très fortes à Louveciennes, l’utilisation d’un vélo électrique est l’idéal. L’aménagement de quelques axes forts (la Nationale 186, la Départementale 113, quelques axes intra-muros) diminuerait la circulation automobile. La demande existe, et il faut l’encourager. C’est un sujet qui nous tient à cœur et que nous connaissons bien, plusieurs de mes colistiers utilisent exclusivement leurs vélos ou leur trottinette électrique pour se rendre à leur travail.
JMP_Pierre-François Viard se retranche derrière la Communauté d’agglomération qui, il est vrai, a sorti un plan vélo mais celui-ci n’entrera en application pour Louveciennes qu’en… 2022.
TL_ Quelle appréciation portez-vous sur l’état des finances de la commune ? Dans quels secteurs faudrait-il faire des efforts ? Avez-vous des idées d’investissement ?
PL_ Deux grandes priorités en matière d’investissement.
La première porte sur l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite mais cela va au-delà, cela concerne les personnes âgées, les mamans avec leurs poussettes,… Il y a un véritable problème d’entretien des trottoirs, il faut un meilleur éclairage de nos rues.
La seconde concerne les bâtiments scolaires vieillissants et qui posent des problèmes importants ; ainsi à l’école Leclerc, durant le dernier été, au moment des épisodes de canicule, les enfants avaient leur classe dans les couloirs ; en hiver, ils mangeaient dans des cantines qui affichaient 16°. C’est absolument inadmissible.
Une action énergique s’impose pour isoler, refaire les peintures, les sanitaires. Actuellement les réparations se font d’une manière ponctuelle suite à la pression efficace des parents et des enseignants. Il faut maintenant un projet d’investissement sur six ans pour rénover l’ensemble de nos écoles.
TL_Vous vous êtes opposé catégoriquement en conseil municipal à la création d’une seconde maison médicale, place de l’église, en remplacement de l’ancien restaurant grec. Cette opposition a pu surprendre. Elle se fonde sur quoi ?
PL_Je ne suis pas opposé à l’installation d’une maison médicale, il y a celle qui va être créée au centre commercial des Clos. Là si on veut dynamiser un minimum la place de l’église, il ne faut pas condamner le meilleur emplacement commercial. Certes le restaurant grec ne marchait pas mais on aurait pu faire de ces locaux un endroit attractif, en déplaçant le café de la mairie par exemple. Le bâtiment appartient à la société d’économie mixte de la ville.
Le maire répond qu’une maison médicale favorisera le dynamisme commercial place de l’église, mais où sont les commerces ? Ils se réduisent comme peau de chagrin !
L’idée d’une maison médicale est intéressante, maintenant faut-il en faire deux à Louveciennes ? Notre opposition porte donc sur la localisation de cette maison médicale.
On veut aussi que les médecins qui s’installent dans une maison médicale soient des généralistes du secteur 1, mais aussi les spécialistes qui manquent aujourd’hui à Louveciennes.
TL_ Vous vous êtes fortement impliqué dans le dossier de la restauration scolaire. Quel a été le sens de votre action ? Etes-vous satisfait des résultats obtenus ?
PL_ Nous nous sommes intéressés au sujet par l’intermédiaire d’une association « Cantine sans plastique France » qui a créé un collectif à Louveciennes et organisé un certain nombre de réunions. Ses membres ont interpellé les élus, je les ai rencontrés. En fait l’élément déterminant sur lequel on a tout de suite convergé est l’intention qu’avait le maire de supprimer la cuisine centrale pour les écoles de Louveciennes. Entre le collectif et nous, on était sur la même longueur d’onde. Nous estimons que c’est un gage de qualité d’avoir la restauration sur place plutôt que de faire appel à de grosses sociétés comme Sodexho, et sa filiale Sogeres, ou Elior. Le collectif était en totale adéquation avec nous non seulement sur la qualité des repas servis mais également sur le fait que l’utilisation du plastique dans la restauration industrielle (poches en plastique pour la cuisson, nourriture servie dans des barquettes en plastique,…) favorisait la diffusion de perturbateurs endocriniens dans la nourriture.
Le projet du maire supposait la suppression de 8 emplois de la cuisine centrale alors qu’il s’agit d’un service public assez exceptionnel à Louveciennes, dont nous pouvons être fiers.
On s’est opposé très fortement à ce projet, le maire, convaincu par nos arguments, y compris économiques, a fini par y renoncer. Le maire a désavoué la conseillère municipale qu’il avait chargée du projet et qui a fini par démissionner.
C’est une grande satisfaction d’avoir fait renoncer à une liaison froide portée par les grands groupes de la restauration collective.
Notre travail a ensuite continué sur le choix d’un prestataire pour la livraison des aliments et mon action en tant qu’élu d’opposition a là aussi été déterminante.
JMP_ La loi EGalim qui interdit dans la restauration scolaire au sens large l’utilisation du plastique d’ici 2025 est arrivée à point nommé pour favoriser l’évolution du cahier des charges municipal.
PL_Dans le cahier des charges beaucoup de nos propositions ont été acceptées par le maire notamment la non-utilisation du plastique, le circuit court, la proportion de bio.
Trois lots figuraient dans l’appel d’offres (écoles, crèches, portage à domicile). Nous ne souhaitions pas de grands groupes à l’aise lorsque les cahiers des charges sont complexes.
Le choix de l’entreprise Normapro pour le premier lot (celui des écoles) a été un motif de satisfaction qui va apporter certaines garanties comme des produits plus sains et la non-utilisation d’ustensiles en plastique. Dans la commission d’appel d’offres, ma voix a été déterminante. Le 2ème lot (crèches) reste entre les mains de la Sogeres avec utilisation de contenants en plastique. Le choix du lot concernant le portage à domicile est également insatisfaisant sur ce point.
Nous sommes cependant globalement sur la bonne voie.
Par ailleurs, notre liste a signé la charte municipale de l’association Cantine sans plastique France (à consulter sur cantinesansplastique.fr). Ce sujet de l’alimentation est très important à mes yeux, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai souhaité m’engager activement dans cette association au niveau national, je suis d’ailleurs le rédacteur de cette charte qui aujourd’hui a été signée par plus de 200 candidats en France.
TL_Nous vous remercions pour cet entretien.
(Entretien réalisé par François Kremper le 24 février 2020)