Les séries télévisées sont devenues en peu d’années un genre majeur dans la production audio-visuelle. Pouvant se déployer à travers de nombreux épisode eux-mêmes articulés autour de saisons, elles permettent aux auteurs (showrunners, réalisateurs, scénaristes,….) de raconter des histoires au long cours, multiplier les personnages, les situations, le scènes d’action.
Les auteurs des séries ont déjà produit de grandes oeuvres, ainsi les séries américaines The Sopranos, Breaking Bad, MadMen, The Americans, Game of Thrones, les séries anglaises The Crowns, Peaky Blinders, la série politique danoise Borgen, la série allemande Babylon Berlin, la série italienne Gomorra et bien entendu la série française Le Bureau des Légendes, ont acquis une notoriété internationale qui ne la cède en rien à la production proprement cinématographique.
Récemment le grand Martin Scorsese s’est converti à la série en réalisant The Irishman pour Netflix.
Les grandes plateformes (My Canal, OCS, Netflix….) ont cet avantage de permettre une vision de l’ensemble d’une série. Les épisodes se consomment dans l’entresoi, devant son téléviseur, son ordinateur, son smartphone. Leur côté addictif est indéniable ; lors de l’interminable confinement que nous venons de subir, elles nous ont offert de belles évasions.
Nous avons choisi de vous parler de la série The Wire (« A l’écoute » en français) qui nous fait plonger au coeur d’une grande ville américaine gangrenée par la drogue où les problèmes raciaux, revenus récemment au coeur de l’actualité, sont traités sans manichéisme. L’action se déroule à Baltimore dans l’Etat du Maryland, port sur l’Atlantique, à une soixantaine de km au Sud de Washington DC. Baltimore est une ville de 620.000 habitants avec une population majoritairement noire.
The Wire est une série d’une grande intensité dramatique tout en étant proche de situations réelles, on a pu parler d’un quasi-documentaire. Elle nous montre comment la criminalité conditionne la vie quotidienne des habitants de la ville au premier rang desquels bien sûr des policiers des divers échelons hiérarchiques, la justice avec ses procureurs, ses juges, ses avocats (souvent véreux), les dealers, les chefs et les petites mains, les usagers de drogues, les dockers épaulés par leur syndicat, les enseignants bien désarmés face à des élèves hostiles, les promoteurs immobiliers, les politiciens de tous poils utilisant tous les moyens pour conquérir ou conserver le pouvoir, les journalistes à la recherche effrénée du scoop, …. On touche du doigt la paupérisation d’une large partie de la population, le délabrement urbain, le déclin du monde ouvrier, la crise du système éducatif, ….
(The Wire - Saison 1 - Dealers)
Les auteurs
La série a été diffusée sur HBO du 2 juin 2002 au 9 mars 2008. 60 épisodes regroupés en 5 saisons. Chaque épisode dure de 50 à 60 minutes.
Le créateur de la série est David Simon, ancien journaliste du Baltimore Sun pour lequel il a travaillé près de douze ans. Il a ensuite écrit des livres qui ont servi de base à ds séries. Pour The Wire, il est crédité comme producteur exécutif et scénariste principal.
The Wire, est également largement basé sur une expérience de vingt ans de Ed Burns, ancien inspecteur de la brigade criminelle de Baltimore ; celui-ci s’est ensuite tourné vers l’enseignement puis est devenu co-auteur de livres avec David Simon et participant actif à The Wire.
La série a reçu un bel accueil critique, en revanche elle n’a pas connu un grand succès d’audience aux USA, en France d’ailleurs non plus.
Un thème principal par saison
La série forme un tout mais chaque saison possède sa propre thématique, sans pour autant abandonner celui du trafic de drogues qui reste omniprésent au fil des épisodes.
- La première saison se concentre sur les luttes entre la police et les gangs de drogue installés dans l'ouest de la ville.
- La deuxième saison se déplace sur le port, lieu de contrebande de marchandises (des containers se perdent) avec la complicité des membres du syndicat ; le port est la porte d’entrée de la drogue, mais également des clandestins, des filles pour alimenter le marché de la prostitution.
- La troisième saison s’intéresse aux luttes politiques pour conquérir ou conserver le pouvoir municipal.
- La quatrième confronte le système éducatif aux jeunes élèves des quartiers sensibles.
- La cinquième saison décortique le rôle pas toujours reluisant de la presse dans sa quête effrénée du scoop ce qui l’a conduit à succomber au « bidonnage ». David Simon règle ici des comptes personnels avec un milieu qu’il connaît très bien.
La série a indiscutablement un coté très sombre, très pessimiste. Toutes les tentatives pour changer l'ordre établi ou plutôt le désordre établi sont vouées à l’échec. La réalité est plus forte, réalité faite de violence, de corruption, de mensonges médiatiques… David Simon a voulu donner à travers cette œuvre « une représentation de la ville américaine, ses institutions et ses conséquences sur ses citoyens. Elle montre également que, policier, docker, dealer, politicien, juge ou avocat, vous faites irrémédiablement partie d'un tout où il vous faudra réclamer votre place, en tenant compte du milieu auquel vous appartenez. »
Parallèles avec la situation française
Le trafic de drogue et ses ravages se sont profondément enkystés dans certaines villes françaises. La situation française présente des similitudes avec le « modèle américain ». L’organisation du trafic lui même n’est pas fondamentalement différent.
Cette série peut et doit intéresser un public français. L’actualité quotidienne nous renvoie des faits alarmants : des émeutes urbaines, des règlements de comptes, le chômage et la délinquances, les gains pharamineux du trafic de drogue, le blanchiment d’argent, la mise en coupes réglées de quartiers entiers, les familles monoparentales et des enfants laissés à eux-mêmes, la politique du chiffre dans la police et dans l’éducation nationale, le politiquement correct dans les médias qui exerce une censure préalable sur tous faits gênants,…
En guise de conclusion
« Si ces cinq saisons ont pu apporter une modeste contribution, j’aimerais qu’elles aient aidé à changer le regard que nous posons sur les choses. Si tout le monde pouvait prendre conscience qu’il existe une Autre Amérique, si tout le monde pouvait voir ce qu’il se passe derrière les paravents de la politique, alors nous aurions atteint notre objectif. » (David Simon)
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The Wire peut être vu notamment sur My Canal ou Netflix.
L’actualité donne absolument raison à ce qui est écrit sur la situation française.
Ce lundi 20/7, Nice a été le théâtre d’une violente fusillade dans le quartier des Moulins, haut lieu de la drogue ; des coups de feu ont éclaté devant un supermarché, en plein jour, aux alentours de 9h30 alors que des mamans promenaient leurs enfants.« Ils étaient une vingtaine, tous cagoulés avec de grosses mitraillettes […]. Ça a tiré un peu partout. Heureusement les flics n’ont pas répliqué… Il y a pas une semaine sans qu’il se passe quelque chose » a dit un témoin sur BFM
Des faits de ce type se produisent pas seulement à Nice. C’est tellement violent que les médias n’arrivent plus à cacher le déferlement des attaques on a déjà oublié les Tchéchènes à Dijon, un fait violent chasse l’autre et on finit par s’habituer.
Rédigé par : Enervé | 22 juillet 2020 à 15:27
Ça donne envie mais passer 60 heures devant sa télé, je ne peux pas.
Il faut avoir le cerveau disponible. J'ai mon boulot, ma famille, les enfants
J'y pensera peut être cet hiver au prochain confinement et encore ça risque d'être trop déprimant
Rédigé par : GRS | 22 juillet 2020 à 16:24
Regarder c'est bien, mais agir pour remettre un peu d'ordre et d'autorité ce serait mieux. Dès maintenant, sans attendre 2022 ...
Rédigé par : Claude | 23 juillet 2020 à 15:05
A Nice c'était une fusillade A L'ARME DE GUERRE en pleine rue. Et Macron parle d' INCIVILITE. Toujours le déni. Il doit trop lire Le Monde ce journal de toutes les lâchetés.
Rédigé par : Enervé | 23 juillet 2020 à 21:47