Après des semaines de crise, le maire de Louveciennes, Pierre-François Viard, ne disposant plus d’une majorité au conseil municipal, s’est décidé à provoquer de nouvelles élections. Le processus retenu a été de faire démissionner les 13 élus restés fidèles ce qui allait entraîner la dissolution du conseil municipal en raison de la vacance de plus d’un tiers des sièges (1) ; le maire reste toutefois en place pour assurer « la gestion des affaires courantes de la commune ».
Les Louveciennois seront donc appelés aux urnes, plus précisément les 5 et 12 décembre prochain.
(La mairie de Louveciennes - Photo ER)
Comment en est-on arrivé là ?
Les lecteurs de La Tribune de Louveciennes connaissent bien toutes les péripéties qui ont conduit à cette issue. Nous en avons largement rendu compte notamment en relatant les affrontements entre le maire, ses fidèles et la coalition des opposants lors des conseils municipaux.
Sans en faire à nouveau une recension complète, on retiendra que, venant après le rejet du budget 2021 (finalement arrêté « a minima » par le Préfet), après le refus du compte administratif 2020 (finalement justifié par la Chambre régionale des comptes), le maire a jeté l’éponge après le vote négatif d’une majorité d’élus (15 sur 29) sur sa proposition d’un budget révisé nécessaire pour boucler financièrement la fin de l’année. Par cette décision modificative du budget, proposée lors de la séance du 28 septembre 2021, il s’agissait non seulement d’enregistrer une recette fiscale supplémentaire (1,120 M€) mais également des dépenses de restauration scolaire (0,257 M€), le coût de la reconstruction des bulles de tennis Du Barry (0,220 M€), des frais d’étude pour la réalisation d’une maison des associations (0,058 M€). Sans vouloir rejeter toutes ces dépenses, les oppositions y ont mis des conditions ; le maire n’a pas voulu négocier sachant pertinemment qu’une concession allait entraîner ipso facto d’autres demandes. On est arrivé à un point où il y avait une totale perte de confiance des uns envers les autres, la trêve estivale n’a pas apporté d’apaisements même si le soutien d’une majorité d’opposants a permis au maire d’enregistrer une victoire début juillet en faisant adopter son projet immobilier - controversé - de l’Aqueduc.
Cette crise était délétère pour tous, le maire et ses fidèles, les élus des oppositions mais également et surtout pour Louveciennes et ses habitants. Il fallait absolument sortir par le haut en adoptant la solution démocratique par excellence, le retour aux urnes.
Regards sur les positions respectives avant l’entrée en campagne
1. Le maire dans un tract diffusé le 1er octobre constate lucidement que « Louveciennes est dans l’impasse » ce qui est, pour lui, la conséquence de «la trahison de plusieurs de ses anciens colistiers qui ont rejoint l’opposition. »
Il attribue cette situation déplorable à la seule opposition : « après des mois passés à tenter de rassembler, à jouer le jeu de la transparence et de la concertation, en fournissant à l’opposition un niveau d’information et de détail jamais atteint sur tous les dossiers, le constat est sans appel, le conseil municipal n’est plus que le théâtre préféré de ceux qui sont là pour bloquer, calomnier ou s’attaquer aux personnes… Cela est indigne de Louveciennes, cela doit cesser. »
Le maire va tenter, en se présentant à nouveau aux suffrages des Louveciennois, de se relégitimer et obtenir une majorité large pour mettre en oeuvre son programme. Celui ne différera guère de celui qui a été proposé aux électeurs en mai/juin 2020.
Il lui restera à recomposer une liste (après toutes les défections) avec quelques nouveaux lieutenants crédibles donc expérimentés.
2. La position des dissidents de la majorité, regroupés sous la bannière de « Louveciennes Réunie », a évolué.
Dans un premier temps, »Louveciennes Réunie » se définissait comme « le groupe politique majoritaire de Louveciennes, fidèles à ses engagements de transparence pris devant les Louveciennois. » Il estimait tirer sa légitimité des élections de juin 2020. Pour ces élus «un triumvirat a phagocyté la gestion de la mairie ». Une fois le maire et le premier adjoint évincés (de même que la directrice de la communication), ils ont pensé que la majorité ayant gagné les élections se retrouverait (les dissidents et les ralliés à leur cause). Il ne resterait alors plus qu’à élire un nouveau maire et ses adjoints. Dans ces conditions, un recours devant les électeurs ne s’imposait pas.
Ce schéma supposait un ralliement d’un nombre conséquent de membres de l’équipe de Pierre-François Viard. Cette stratégie a échoué car le bloc des fidèles du maire, quoique réduit, s’est solidifié.
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