Pierre Ferret, nouveau venu sur la scène politique louveciennoise, a finalement pu constituer une liste (« Du bon sens pour Louveciennes ») afin de concourir aux élections du 5 et peut-être du 12 décembre 2021.
C’est un pari audacieux. Pierre Ferret s’est lancé dans l’aventure sans équipe structurée et avec un programme élaboré à la hâte, par conséquent très perfectible.
Il nous a paru normal, à La Tribune de Louveciennes, de le faire participer au débat, en lui posant, sans complaisance, un certains nombre de questions permettant de mieux cerner sa personnalité et ses propositions.
(Pierre Ferret)
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La Tribune de Louveciennes - Vous êtes Louveciennois de fraiche date, un peu plus de deux ans de présence. Vous vous lancez dans une bataille électorale, certains diront avec courage, d’autres parleraient d’inconscience. Vous vous êtes présenté comme un candidat « utile pour Louveciennes ». Quelles sont vos motivations profondes ?
Pierre Ferret - Pas d’inconscience mais beaucoup de courage, d’envie, de force et de convictions. Je souhaite réussir pour Louveciennes et les Louveciennois !
Après plusieurs déménagements en Ile-de-France, mon épouse et moi avons choisi de poser définitivement nos valises à Louveciennes. Nous sommes tombés amoureux de cette ville qui est une pierre précieuse qu’on a malheureusement oublié de polir et de faire briller. Quand on vit depuis longtemps dans une ville, on en oublie souvent les avantages et on voit moins bien les aspects qui doivent être retravaillés pour y rendre la vie encore plus agréable.
Ma décision est donc pleinement réfléchie. Je refuse d’attendre les bras croisés que l’absence de concertation politique dégrade durablement la qualité de vie des Louveciennois et celle de ma famille.
En résumé, mes motivations profondes sont très simples :
- premièrement, rendre meilleur le quotidien des Louveciennois en travaillant pour l’intérêt général. Travailler pour l’intérêt général, c’est ce qui m’a toujours animé tout au long de ma carrière dans le public (ambassade, mairies), le privé (aménagement numérique du territoire) et dans le bénévolat (équipier secouriste au sein de la Croix Rouge) ;
- deuxièmement, proposer un « vrai choix » aux Louveciennois. Les 2 listes avec un jeu de chaises musicales entre les mêmes personnes, ce n’est pas un vrai choix, ni une vraie alternative ;
- et enfin, en tant qu’ancien collaborateur de cabinet d’Edouard Philippe au Havre et secrétaire général de la majorité auprès des élus à Villejuif, je souhaite mettre au service des Louveciennois mon expérience dans la gestion des villes.
TL - Vous avez constitué une liste de 29 noms alors que vous ne disposiez ni d’un parti, ni d’une structure préexistante. Comment avez-vous procédé ? Quelles sont les compétences que vous avez réunies pour gérer une commune comme Louveciennes ?
PF - J’ai simplement fait ce que le maire et les oppositions n’ont jamais fait. C’est la base du métier d’homme politique : j’ai battu le pavé de chaque avenue, de chaque rue, de chaque ruelle, de chaque sentier. Ainsi j’ai pu aller à la rencontre des Louveciennois, de chaque administré, de chaque habitant de Louveciennes.
J’ai écouté, échangé avec celles et ceux qui étaient disponibles, intéressés et qui avaient envie de créer du lien qui n’existe plus à Louveciennes.
Aujourd’hui beaucoup de nos concitoyens Louveciennois sont malheureusement oubliés et laissés sur le bord de la route.
En 8 ans, aucun élu n’a fait du porte-à-porte pour simplement rencontrer les Louveciennois et recueillir leurs besoins.
Comme beaucoup de nos concitoyens, j'ai été élevé dans l'amour de la France. Mes études en droit confirment mon amour profond pour la démocratie et ses valeurs. Mon expérience professionnelle en tant que collaborateur de cabinet m’a permis de développer une capacité d’analyse des dossiers complexes et d’aiguiser mes qualités relationnelles et organisationnelles.
Mais au-delà de mes études et de mon expérience, mes capacités premières sont une écoute attentive, l’amour de mon prochain et le courage de dire la vérité.
TL - Votre programme initial montrait une certaine méconnaissance des dossiers. Ainsi avez-vous proposé un ensemble de choses déjà réalisées à Louveciennes comme la retransmission des conseils municipaux en ligne (mais cela existe depuis plus de 7 ans), la mise en place d’un conseil municipal des enfants (alors qu’un conseil municipal des jeunes fonctonnei), faire labelliser Louveciennes en tant que « Villes et Villages Fleuris » (alors que Louveciennes est déjà primé),.. Comment peut-on comprendre ces erreurs ?
PF - Le vrai problème, ce n’est pas de proposer des choses existantes, mais de manquer d’ambition et de cohérence dans l’action politique.
Nous sommes sur des élections anticipées. Même si j’avais déjà beaucoup d’idées en tête, monter un programme complet en 2 jours n’est pas une chose aisée.
Par ailleurs, si les actions proposées existent déjà, c’est qu’elles manquent peut-être d’ambition ou elles ne sont pas suffisamment mises en avant.
Dans tous les cas, c’est en forgeant qu’on devient forgeron et qu’on avance.
TL - Vous avez également dans votre catalogue fait des propositions qui ont pu étonner comme la création d’une police montée. Comment envisagez-vous son déploiement ?
PF - Et pourquoi pas ? Certes nous ne sommes pas habitués. Je comprends que cela puisse étonner. Eh bien, non, ce n’est pas une lubie.
La raison de cette proposition est simple. Malgré le sentiment général de bien-être et de sécurité, il se passe des choses à Louveciennes (vols, agressions, cambriolages, dégradations…). En 2021, sur Louveciennes, nous avons 2,82 vols pour 1000 habitants dans les lieux privés. C’est la plus forte moyenne au niveau national.
J’ai vu la police montée à Barbizon, ville avec 7 fois moins d’habitants et un budget bien plus réduit que celui de Louveciennes.
Tout d'abord le cheval a un côté sympathique et attirant envers la population. L’animal permet de recréer du lien entre nos forces de sécurité et les administrés ce qui manque cruellement. Mais les chevaux permettent aussi aux services de sécurité d’être facilement vus et d’être donc dissuasifs.
Par ailleurs, le cheval est écologique. De nos jours, c’est un point très important avec tout ce que l'on peut entendre sur l'environnement.
Enfin, il permet aussi d'avoir la possibilité de patrouiller dans des zones où les véhicules ne peuvent pas circuler comme le Bois de Louveciennes.
TL - Afin de revitaliser le commerce vous faites des propositions qui ont été maintes fois mises sur la table et qui se sont heurtées aux réalités (« Attirer des commerces de proximité (fromagers, poissonniers, restaurants et cafés) », « Mettre en place un grand marché digne de ce nom », « Accueillir un supermarché avec du choix et pratiquant des prix raisonnables »). Quelles sont les raisons qui vous font croire que vous allez mieux réussir ?
PF - Ma connaissance à la fois du secteur privé et du fonctionnement de l’administration publique est un réel atout. Dès les premiers jours de cette campagne, j’ai constaté un certain nombre de choses que les élus en place n’ont pas encore fait ou des choses qu’on aurait pu faire différemment pour attirer les commerces.
Pour y arriver, il faudra mobiliser de nombreux acteurs et jouer sur plusieurs leviers. Une solution isolée n’apportera pas de résultat. Il faut adopter une approche systémique en travaillant simultanément sur plusieurs aspects :
- réimaginer les parcours de shopping en créant des espaces propices à la balade ;
- repenser l’accessibilité du centre-ville en mettant en place des navettes électriques ;
- et enfin accompagner les nouveaux commerçants dans leurs projets.
Pour tout cela, il faut de la jeunesse, du renouveau et de la niaque si on veut que Louveciennes avance et progresse pour le bien de tous les Louveciennois.
TL - Comment jugez-vous la situation financière de la commune. Vous avez parlé de « reprendre le contrôle de notre budget en optimisant les dépenses ». N’est-ce pas un peu court ?
PF - Louveciennes souffre d’un sous-investissement depuis plusieurs années.
Là encore il faudra travailler sur plusieurs aspects simultanément si l’on souhaite obtenir un résultat. Nos actions s’articuleront autour de 3 axes :
- la maximisation des recettes qui consistera en recherche de nouveaux financements et en optimisation de notre stratégie d’achat ;
- la maîtrise de la masse salariale qui se concrétisera par la mutualisation de certains postes et par réorganisation des services ;
- et enfin la transformation des services publics, soit des mesures visant à développer l’administration numérique, l’offre de services en ligne et à optimiser les modes d’organisation.
Il faudra travailler sur l’ensemble de la chaine de gestion des recettes et des dépenses, en étudier chacun des maillons pour en diminuer les frais de gestion cachés.
Le mot clef sera de rationnaliser et d’optimiser en tirant des bénéfices de nouvelles technologies (capteur LORA pour les fluides, création d’électricité avec les photovoltaïques pour les besoins de la mairie), en mutualisant les dépenses et en allant chercher plus de subventions.
Cette approche multiaxe a déjà fait ses preuves dans d’autres communes. Ces actions nous permettront de maintenir la santé financière de notre ville et d’investir plus et plus durablement.
TL - Quelle est votre position sur les grands défis posés à Louveciennes ? L’aménagement de Villevert, le respect de la loi SRU, la maîtrise de la circulation et du stationnement ?
PF - Pour la loi SRU, il faut prendre son temps et éviter toute précipitation. Nous n’allons pas doubler nos habitants. C’est impossible et cela ne sera plus Louveciennes.
On ne peut pas faire n’importe quoi. Il faut préserver non seulement notre cadre de vie mais aussi le patrimoine naturel de Louveciennes qui fait partie du poumon vert autour de Paris.
Nous allons montrer à l’Etat que nous sommes volontaires en étudiant des projets de résidences pour des publics spécifiques tels que les personnes âgées et les jeunes travailleurs ou en exigeant un pourcentage de logements sociaux dans les projets immobiliers privés. Mais aucune décision ne sera prise sans concertation et accord de Louveciennois.
Villevert est une chance ! Maintenant il faut l’aménager intelligemment et en concertation avec les habitants et les riverains.
Le maire devra négocier la création d’un quartier avec tout ce qui est nécessaire : des magasins, des équipements municipaux comme une crèche, une école, des équipements sportifs.... Pourquoi pas un magasin digne de ce nom ?
Quant à la circulation, il faut étudier la possibilité de dérouter la circulation qui transite de l’A13 par Louveciennes (en changeant certains sens de circulation et en rajoutant des zones 30km pour que Google change ses itinéraires).
D’une manière générale, il faut plus de zones à 30km/h. Etudions aussi la piétonisation de certaines rues pour créer des lieux de promenade pour les piétons et les cyclistes.
Enfin concernant le stationnement, nous devrons étudier la possibilité pour certaines zones que le stationnement gratuit soit réservé uniquement aux Louveciennois.
TL - Vous avez été à l’écoute des habitants en multipliant le porte-à-porte, les réunions,… Qu’avez-vous retenu de leurs besoins ?
PF - Les besoins sont nombreux et très pertinents. En résumé, les Louveciennois ont :
- besoin d’être écoutés et compris ;
- besoin du changement car ils en ont marre des querelles ;
- besoin de plus d’animation, d’un café avec une terrasse en centre-ville et d’une fête emblématique ;
- besoin de calme car ils sont dérangés par les axes passants ;
- et enfin besoin de propreté et de sécurité.
Il y a donc du pain sur la planche.
(Interview recueillie sous forme écrite sur la base d’un questionnaire établi par François Kremper)