Le 150ème anniversaire de la première manifestation de l’impressionnisme vient de nous rappeler que ses peintres ont notamment célébré la beauté des paysages de Louveciennes. Ces prochains jours on s’apprête d’ailleurs à installer les reproductions des tableaux qui jalonnent avec bonheur « le chemin des impressionnistes ». Certes on ne reviendra pas à cette époque, une urbanisation, parfois excessive, est passée par là. Il appartient aux Louveciennois d’aujourd’hui, aux élus, de sauvegarder ce qui peut l’être.
François Menge (*) évoque ici, à travers une courte scène dialoguée, les raisons pour lesquelles la protection du patrimoine et des paysages de Louveciennes constitue une belle cause.
(Vue prise de la terrasse du pavillon de musique de Madame Du Barry - Photo ER)
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Le samedi, après la clôture de l’enquête publique, j’ai croisé, sur le chemin de Mi-côte, Paul et son groupe de randonneurs parisiens.
Ils faisaient une halte en admirant la vue sur la Seine et sur Paris sous le pavillon de musique de Madame du Barry.
J’emprunte souvent le même chemin que cet ancien professeur d’histoire et de géographie. Il partage ses connaissances avec une association de randonneurs. Il m’invite à me joindre à eux.
C’est un passionné de notre village. J’aime entendre leur dire :
- Louveciennes est un belvédère unique chargé d’art et d’histoire. Quand nous étions au bord de la Seine, nous étions à 24 mètres d’altitude. Quand nous allons atteindre le plateau de Marly et l’aqueduc de Marly, nous serons à 179 mètres. C’est plus haut que le mont Valérien ! Imaginez ! Sur la terrasse de l’aqueduc, nous pourrions voir tout Paris et l’Ile de France à 360 °.
Les thermos sont sortis, j’accepte un café.
Il reprend sa fonction de guide touristique pour leur raconter l’histoire de la machine, son fonctionnement, leur montre des reproductions de documents d’époque. La prochaine halte aura lieu dans peu de temps devant le château de Madame du Barry.
Je retiens une remarque de Paul .C’est l’histoire qui explique la géographie.
Devant notre église, il me dit qu’il lui semble entendre la musique de Gabriel Fauré.
Je leur parle alors de notre association créée en 1989 pour préserver le bois de Louveciennes et qui a permis, aussi, de sauver de la démolition des maisons du 17e et 18e siècle au coeur du village.
En longeant la mairie, j’évoque l’enquête publique et l’étrange silence qui a entouré sa communication aux Louveciennois.
- Actuellement, me dit Paul, le schéma directeur 2040 de l’Ile- de-France est lancé et j’y participe activement. La région a nommé des garants pour s’assurer du bon niveau d’information des citoyens et de la qualité de la communication sur l’enquête publique qui a commencé il y a quelques jours pour l’Ile-de-France. Louveciennes, le plateau de Marly et les coteaux de Seine sont des points de résilience essentiels pour la trame verte et bleu de l’Ile de France, des réservoirs de bio diversité, des corridors écologiques. Les premiers documents publiés sont très explicites. La carte des unités paysagères franciliennes fera partie des documents que je montrerai désormais aux randonneurs.
- J’avais vu, il y a quelques mois, un arrêté de déboisement sur une parcelle à l’Ouest de l’aqueduc que je pensais classée. Qu’en est-il ?
Je l’informe que ce projet est arrêté, pour le moment…
- Tant mieux ! Sur le plateau de Marly, les arbres ont commencé leur germination depuis des siècles.
Ces champions de la photosynthèse produisent notre oxygène et luttent, avec vigueur, depuis des années contre le réchauffement de la mince zone critique que nous habitons. Sur ces sites en hauteur leurs racines absorbent une partie des pluies et luttent contre le ruissellement et les glissements de terrain. Ils abritent une riche bio diversité de mammifères, d’oiseaux, de champignons et d’insectes. Quel bonheur de voir les écureuils roux y sauter de branches en branches ! Ce sont les arbres qui purifient l’air que nous respirons. Leur vitalité est un indicateur de notre santé. J’espère que de nombreux Louveciennois participeront à l’enquête publique en cours sur le schéma directeur de l’Ile-de-France. Une prise de conscience se développe. Les incendies des deux dernières années de la forêt de Rambouillet ont été un choc. Il y a donc tout lieu d’être optimiste et d’espérer.
Les dernières encycliques sont certainement lues à Louveciennes conclu cet enthousiaste passionné des arbres, en souriant.
Cette fois, avant de nous quitter, nous prenons rendez-vous car les prises de décisions sur l’avenir de Louveciennes et de notre Région se prennent maintenant.
- Mettons notre énergie au service des générations futures me dit Paul en s’éloignant.
François Menge
(*) François Menge fait partie du conseil d’administration de l’association Racine, mais il s’exprime ici à titre personnel.
(Vue prise de la terrasse du Pavillon de musique de Madame Du Barry - A gauche, on aperçoit les tours de La Défense, à droite, les hauteurs du Mont Valérien - Photo ER)