Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a présenté le 6 mars 2013, à l’université de Marne-la-Vallée, devant un aéropage de ministres, d’élus et de décideurs économiques, sa version du Grand Paris des transports confirmant pour l’essentiel le projet antérieur mais en lui apportant toutefois quelques inflexions qui ne seront pas sans conséquences. (1)
Dans le projet initial Sarkozy/Blanc, il s’agissait de faire émerger de puissants pôles de compétitivité (sciences et technologie sur le plateau de Saclay, santé à Villejuif, cinéma à Saint-Denis-Pleyel, aéronautique à Roissy-Gonesse, etc.) et de les relier entre eux, et avec le centre de Paris, grâce à un métro automatique performant (le réseau en double boucle). L’ambition était de redessiner radicalement la région parisienne et de la transformer en un pôle urbain dynamique à l’image de Londres, Shanghai, New York, Tokyo,…
Le Président socialiste de la Région, Jean-Paul Huchon, voulait qu’on mette l’accent sur l’amélioration du quotidien des Franciliens ; son projet Arc Express se présentait comme une rocade de métro en proche couronne permettant de « désaturer Paris » et faciliter les déplacements de banlieue en banlieue.
Après de longues discussions, un compromis entre l’Etat et la Région a abouti en janvier 2011au projet de Grand Paris Express (GPE) soit au total 200 kilomètres de métro automatique et 72 gares.
L’arrivée au pouvoir de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault a ouvert une période d’incertitudes d’autant plus que le dossier avait été confié à Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, ancienne patronne des Verts dans la région et très réservée sur le projet de métro automatique. A sa demande, Pascal Auzannet, ancien directeur du développement à la RATP, a déposé un rapport dans lequel il estimait que le financement du futur métro automatique allait coûter non plus 20 mais 30 milliards ; il proposait par conséquent d’étaler les travaux dans le temps, jusqu’en 2030. (2).
C’est cette séquence qui s’est terminée avec le discours du Premier Ministre clarifiant les intentions du gouvernement.
Changements de perspectives
Jean-Marc Ayrault a retravaillé l’accord Etat-Région de 2011 en y intégrant sa propre vision : « soulager rapidement les Franciliens dans leurs transports quotidiens »
Du temps de Nicolas Sarkozy, les personnages emblématiques étaient le chercheur, l’ingénieur, le chef d’entreprise. Le site par excellence était Saclay, son campus, ses instituts de recherche, son université qu’on voulait faire accéder au top 10 des grandes universités de la planète, et autour des entreprises innovantes, véritable Silicon Valley à la française ; dans cette optique, les liaisons rapides avec les autres pôles de compétitivité du Grand Paris et des aéroports apparaissaient comme une nécessité absolue.
Jean-Marc Ayrault, sur un mode très compassionnel, préfère mettre en évidence les habitants des banlieues touchées par les émeutes de 2005 ; c’est ainsi qu’il promet qu’ « en 2025, un habitant de Clichy-Montfermeil ou d’Aulnay-sous-Bois pourra rejoindre le centre de Paris en métro automatique avec une seule correspondance (…) »
C’est là un changement de perspective. A chacun ses tropismes ! (3) Cela se traduit par des inflexions qui ne sont pas simplement sémantiques.
Le « nouveau » projet ne concerne pas seulement le réseau Grand Paris Express (GPE) mais il englobe désormais le Plan de mobilisation des transports de la Région qui vise à mettre à niveau le réseau existant. Au passage pour se démarquer des idées de l’ancien Président de la République, on rebaptise le tout : « Le Nouveau Grand Paris » (« une coquetterie inutile », selon Le Monde).
La spécificité du GPE est également diluée puisqu’on numérote les lignes à venir dans la continuité du métropolitain parisien, inauguré en 1900 (lignes 14 à 18).
Le Sud des Yvelines négligé, les Louveciennois peu avantagés
D’une manière générale, le Sud des Yvelines est négligé, le développement du métro automatique se fera en priorité au Nord, à l’Est et au Sud de Paris, accompagnant le basculement économique en cours. On chercherait en vain une nouvelle gare dans les parages de Louveciennes (ceci était déjà vrai dans le projet initial).
Les points de jonction avec le GPE, en partant de Louveciennes par le Transilien seront la gare Saint-Lazare (à 30/35 minutes), la Défense (à 20/23 minutes), et après l’année 2025, si tout va bien, la station Saint-Cloud Transilien (à 13 minutes) ; selon toute vraisemblance, le cadencement actuel de notre Transilien ne sera pas amélioré (toutes les 10/15 minutes le matin, toutes les 30 minutes pendant la journée et le soir). Il y a certes quelques promesses liées à la Tangentielle Ouest (axe en devenir Achères-Saint-Cyr avec une jonction pour les Louveciennois à Saint-Nom-La Bretèche.) (4)
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