Le maire de Louveciennes, Pierre-François Viard, (2014-2020), se représente aux élections municipales à la tête de la liste « Avec Vous pour Louveciennes ». Nous l’avons interrogé sur les dossiers brûlants de la commune et notamment sur le PLU et la loi SRU, le sort de l’opération immobilière de l’Aqueduc, le dispositif « Site patrimonial remarquable », l’avenir de Villevert, l’état des finances et les impôts locaux, les deux maisons médicales, la circulation et le stationnement, la sécurité.
En raison de la longueur de l’entretien, nous avons été conduits à présenter le résultat sous la forme de deux articles.
(Pierre-François Viard, Photo ES)
La Tribune de Louveciennes _ Vous achevez actuellement votre premier mandat de maire de Louveciennes. C’est une fonction difficile à assumer. Les administrés sont exigeants et souvent impatients, l’État impose de nouvelles réglementations, de nouvelles normes et en même temps baisse les dotations. Que retenez-vous de cette première expérience ?
Pierre-François Viard _ Ce premier mandat a été une expérience particulièrement riche.
J’ai immédiatement été confronté à la dure réalité : la situation de la commune était bien pire que celle que j’imaginais, surtout au niveau financier. L’audit des comptes que nous avons fait réaliser par un cabinet indépendant a montré clairement la fragilité de notre situation et la nécessité de prendre des actions correctives immédiates. Il fallait aussi mettre un tas de choses dans les règles pour être en conformité avec les réglementations en vigueur et anticiper les évolutions à venir.
Les Louveciennois ont constaté que notre méthode était fondamentalement différente de qui existait par le passé et résolument tournée vers la concertation. Quand j’étais conseiller municipal d’opposition, il fallait envoyer nos questions à l’avance et par écrit. On avait droit à ces questions et on n’en sortait pas.
Une de nos premières décisions a été de changer ce mode de fonctionnement d’un autre temps :
- Nous avons ouvert le conseil municipal en retransmettant les séances en direct (et en différé)
- Nous avons libéré toutes les interventions des conseillers municipaux de la majorité et de l’opposition
- Nous avons ouvert aussi l’assemblée aux questions du public en fin de séance
Chacun peut ainsi s’exprimer librement.
Nous avons créé les comités de quartiers et mis en place tous les outils d’une vraie concertation avec les habitants. Il était essentiel pour nous de donner enfin la parole aux Louveciennois.
Ce qui m’a un peu surpris et même souvent agacé, c’est le temps qui sépare nécessairement le lancement d’un projet de sa concrétisation sur le terrain : il y a d’un côté la volonté politique, de l’autre la réalité administrative.
Je vais prendre deux cas concrets. La vidéo protection est un projet sur lequel nous travaillons depuis longtemps. Les autorisations administratives sont très longues à obtenir, le travail de montage des dossiers avec la Police Nationale prend du temps, ainsi que l’obtention des subventions. Pour la Maison médicale, la phase administrative a duré presque deux ans : montage des dossiers pour l’Agence régionale de Santé (ARS), audit préalable d’un cabinet mandaté par l’ARS, conventions avec les médecins, autorisations, etc….
Je suis quelqu’un de pragmatique qui veut que les choses avancent. L’essentiel est bien entendu d’atteindre l’objectif visé mais parfois j’aimerais que cela puisse aller plus vite car je connais le besoin des habitants. Sur la Maison Médicale en particulier, il n’était plus supportable que tous les Louveciennois n’aient pas accès à un médecin traitant de proximité.
Je me représente pour un deuxième et dernier mandat : Je m’y étais engagé. 6 ans c’est court pour permettre de conduire à leurs termes les projets essentiels qui ont été initiés (comme justement la Maison Médicale et la vidéoprotection mais aussi Villevert). 12 ans, c’est bien. 18 ans, c’est trop : personne n’est jamais propriétaire d’une ville. Il faut savoir laisser la place à de nouvelles énergies.
Ma passion pour cette ville est intacte. En 6 ans, elle s’est même renforcée. En plus, j’ai gagné en expérience, ce qui permet d’envisager les choses avec plus de perspective. Les Louveciennois sont très courtois, il est très agréable d’échanger avec eux, ce sont des gens qui réfléchissent, parfois un brin critique mais c’est ce qui nous fait avancer.
L’équipe que je conduis pour les prochaines élections a été renouvelée aux 2/3 : toutes les personnes partagent la même méthode centrée sur l’écoute, le dialogue et l’action de terrain. Si nous l’emportons, chacun aura sa mission, son projet à faire aboutir.
TL _ Lors de votre discours prononcé lors des vœux en 2019 vous aviez dit que « les lois d’urbanisme et en particulier la règle des 25 % de logements sociaux qui nous est imposée est inadaptée aux spécificités d’un territoire comme le nôtre.» Pourtant vous avez fait adopter un Plan local d’urbanisme (PLU) en décembre 2017 qui augmente considérablement le nombre de logements qui conduira à une densification accrue générant de nombreux problèmes. Comment gérer les contradictions ? Le PLU révisé voté en 2017 prévoit 1.070 logements supplémentaires dont 565 logements sociaux d’ici 2025, 620 logements sociaux d’ici 2030.
PFV_ La loi SRU modifiée Duflot s’impose à nous, les conséquences de ne pas l’appliquer pourraient avoir un effet catastrophique. On ne peut se mettre hors la loi même si on trouve cette loi brutale pour une petite commune comme la nôtre avec ses rues étroites. Même si son application est difficile compte tenu de nos faibles ressources foncières, on ne peut s’en affranchir. Je rappelle que Louveciennes a été en carence en 2013, situation qui nous avait rendus particulièrement vulnérables. Les risques sont de deux ordres :
- Devoir payer une énorme amende de 500.000/600.000 €, pour Louveciennes.
- Perdre nos droits d’urbanisme : l’Etat (en l’occurrence le Préfet) prend la main sur l’urbanisme.
Dans notre PLU, nous avons défini des possibilités de constructions et des emplacements conformes aux réserves foncières, qui ne dénaturent pas notre ville. Dans le cas de carence, on pourrait très bien voir l’Etat préempter au milieu d’un tissu pavillonnaire, pour y construire un ensemble massif.
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