Marie Lebec, 31 ans, est députée sortante LREM. Elle se représente dans la 4ème circonscription des Yvelines qui recouvre les communes de Chatou, Croissy-sur-Seine, Carrières-sur-Seine, Houilles, Le Port-Marly, Louveciennes et Marly-le-Roi. En 2017, elle avait été élue avec 61,39 % des suffrages face à Ghislain Fournier alors maire de Chatou (1).
Cette fois-ci elle va affronter au premier tour des Législatives, le 12 juin prochain, 8 candidats dont Charles Consigny (Les Républicains), Céline Bourdon (La France insoumise, Nupes), Sophie Lelandais (Rassemblement National), Bénédicte Rativet (Reconquête).
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La Tribune de Louveciennes - Au cours de votre mandat de députée, vous avez été très active. Pouvez-vous faire un bilan de votre action au niveau national mais également au niveau de la circonscription ?
Marie Lebec - Au niveau national, j’ai été membre de la commission des affaires économiques pendant trois ans puis deux ans à la commission des finances. J’ai choisi d’orienter mon mandat vers les affaires économiques. En faveur des entreprises, pendant 5 ans, je suis intervenue sur de nombreux textes comme la loi Pacte, les lois de finances, le plan de relance, les mesures d’accompagnement des entreprises pendant la crise sanitaire. Plus sur un volet innovation-compétitivité-investissement que sur un volet emploi-formation professionnelle.
J’ai fait aussi le choix de suivre les textes qui avaient une résonance particulière pour notre territoire comme la loi bioéthique, la question des retraites qui est un gros sujet,…
Au niveau de la circonscription, je dirai que je suis très attachée à la fonction de député qui n’est pas celle de maire, il faut respecter cette séparation. Bien sûr, quand un maire me sollicite sur une dossier spécifique j’ai toujours cherché à intervenir avec lui, main dans la main. Parfois cela marche très bien, d’autres fois cela avance moins vite.
Nous avons une circonscription où les gens participent à la vie politique d’une manière très active, on le voit notamment lors des élections. La contrepartie de cela, c’est de faire vivre le débat pendant toute la durée du mandat. Il faut organiser des temps d’échanges, de confrontation des points de vue, il y a d’autres moments où il faut faire venir des acteurs importants de la vie politique, on a eu Bruno Le Maire, Gérald Darmanin qui sont venus et nous ont parlé de leur action en tant que ministre. J’ai tenu 21 réunions publiques, participé à 18 déplacements ministériels dans le territoire, je pense avoir été très pro-active. Comment on valorise le territoire, comment on organise le débat, comment on rend aux gens leur intérêt pour la politique.
Enfin, en tant que parlementaire de proximité, j’ai visité et échangé avec les acteurs économiques, associatifs, en allant beaucoup dans les écoles, en expliquant à quoi sert un député, en quoi il est différent d’un maire, quelle est sa mission.
En temps d’élection on est dans un moment de vérité.
En cinq ans il était facile de me rencontrer soit sur les marchés, soit dans ma permanence parlementaire, soit en prenant rendez-vous….
TL - … On a également pu vous voir sur de nombreux plateaux de télévision défendre la politique d’Emmanuel Macron et de ses gouvernements.
Marie Lebec - J’ai effectivement beaucoup fait les médias, d’abord en étant en charge de la communication numérique moins institutionnelle pour augmenter la visibilité de LREM puis à partir de juin 2019 j’ai également eu des responsabilités en tant que porte-parole de LREM chargé de défendre la politique du gouvernement. C’est un bon exercice pour apprendre à simplifier sa pensée, être percutant, être clair. Je n’étais pas dans une logique de punchlines, de buzz, de clash, je souhaitais plutôt faire une réponse de qualité.
Quand on est député, on se spécialise sur certains thèmes, quand on est porte-parole, il faut pouvoir répondre sur tous les thèmes mais compte tenu de la richesse des textes qui passent à l’Assemblée nationale et de leur complexité, il est difficile d’être compétent sur tout. On me parle souvent « des éléments de langage » mais ils sont utiles car ils permettent de rappeler à tous ce qui fait l’essence d’un projet de loi. Par exemple, sur un projet de loi portant sur l’éducation, il ne faut pas que chacun dans le groupe ne reprenne que ce qui lui paraît important, il faut que tout le monde dise à peu près la même chose, les bénéfices de la loi, ce qu’elle va apporter aux enfants,… Lorsque l'on est interrogé sur un sujet, bien sûr nous avons tous une position, ce qui permet ensuite d'enrichir notre discours, de le personnaliser, mais aussi de valoriser ce qui existe dans nos territoires. C'est au fond ce qui rend la politique plus humaine.
Quand certains ont trouvé heureux de dire qu’Emmanuel Macron était le « président des riches », est-ce que c’est basé sur une quelconque réalité ? est-ce en cohérence avec sa politique, clairement pas mais ce n’était rien d’autre qu’un élément de langage mais ils l’ont martelé, martelé sur tous les plateaux de télé.
TL - Vous passez bien à la TV, à la radio mais pour les seniors vous parlez un peu trop vite…
Marie Lebec - C’est une réalité. J’essaie d’y travailler. J’avais été invitée sur RTL a une heure très grande écoute, à 7h30. A l’issue de l’interview, un des chroniqueurs m’a dit « Mademoiselle, vous êtes très intéressante, vous avez une voix particulière, mais vous parlez trop vite pour une radio du matin »….
(Marie Lebec - Réunion électorale du 24 mai 2022 - Photo ER)
TL - Vous ne vous êtes pas impliquée sur le plan local, notamment à Louveciennes dont le conseil municipal a connu des turbulences entraînant de nouvelles élections.
Marie Lebec - Pour le parti du Président de la République, il est important de s’impliquer sur un plan local. A Louveciennes, j’avais tenté de rapprocher en 2020 les deux listes, celle de Marie-Dominique Parisot et celle de LREM animée par Murielle Charles-Beretti. A mon grand désespoir, cela ne s’est pas fait à l’époque.
Aujourd’hui, après bien des rebondissements, on a retrouvé au conseil municipal de Louveciennes une forme de sérénité, avec moins d’attaques personnelles.
Dans la durée on va voir ce que cela va donner. Je suis sûre que Marie-Dominique Parisot mène bien son affaire, elle arrive à marier des gens qui n’étaient pas appelés à travailler initialement ensemble.
La difficulté pour un député, c’est que l’on est seul sur son territoire et c’est toujours une bataille pour être suffisamment présent. A l’inverse, pour un maire, au cours de sa campagne électorale, il lui faut fédérer autour d’un projet mais ensuite il faut faire vivre, faire avancer le groupe pendant 6 ans, des gens qui n’ont pas nécessairement tous les mêmes convictions, les mêmes disponibilités, qui viennent de quartiers différents.
TL - Les Républicains (LR) en désignant Charles Consigny vous opposent un candidat ayant une certaine notoriété médiatique (chroniqueur chez Ruquier et dans « Les Grandes Gueules » de RMC). Comment allez-vous relever ce défi ?
Marie Lebec - Dans la vie politique, la concurrence c’est toujours sain, cela permet de voir challenger ses convictions, son projet…
Je constate qu’aucun élu LR local n’a voulu se présenter face à moi. C’est un élément de satisfaction. En cinq ans on est arrivé à renforcer notre implantation, pas forcément au niveau local, mais clairement l’action du Président de la République est appréciée. C’est assez flagrant lorsqu’on prend l’exemple de Croissy-sur-Seine qui avait mis en 2017 François Fillon en tête ; en 2022 Emmanuel Macron l’a emporté avec 45 % au premier tour et 81 % au second.
Je prends acte de la candidature de Charles Consigny mais il n’est pas d’ici, n’a pas d’ancrage dans la circonscription, on se demande même s’il a conscience de ce que sont nos villes, comment va-t-il pouvoir répondre aux interrogations des habitants ?
Moi j’habite ici, je connais les habitants, leurs inquiétudes, leurs besoins…
Il est intéressant de constater que les candidats des trois partis qui arrivent en tête (LREM, France Insoumise, RN) sont les partis qui ont le plus faible ancrage local (dans les mairies, dans la Région). Il y a de plus en plus une séparation entre la vie locale et la vie nationale et on le voit dans les résultats des diverses élections.
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